Pour Bpifrance, "2019 va être une belle année"

Par Delphine Cuny  |   |  592  mots
Nicolas Dufourcq, le directeur général de la banque publique d'investissement depuis sa création fin 2012. (Crédits : Reuters)
La banque publique d’investissement, qui a enregistré un record de financement l’an dernier, n’anticipe pas de retournement économique cette année. Si elle a peu investi dans les grandes entreprises, elle reste vigilante en cas d’attaques activistes sur des fleurons français.

Se posant en « banque de l'impact » et en « catalyseur de la croissance des entreprises » françaises, Bpifrance a enregistré une activité record en termes de financement, en hausse de 9% en 2018 pour atteindre 19 milliards d'euros. Et ce malgré une baisse de 10% des aides et subventions à l'innovation, dans un contexte de diminution des dotations de l'État. La banque publique d'investissement dit avoir bénéficié d'une bonne fin d'année et se montre optimiste pour l'avenir.

« Nous pensons que 2019 va être une belle année. Certes le cycle n'est pas éternel, mais nous n'anticipons de retournement. Les moteurs de l'économie française sont toujours là et nous aurons cette année le moteur de la relance keynésienne qui va produire des effets sur la consommation [les mesures en réponse à la crise des "Gilets Jaunes, ndlr] », a déclaré Nicolas Dufourcq, le directeur général, ce jeudi 31 janvier, lors de la présentation du bilan d'activité annuel.

Il a souligné l'importance pour les fonds de capital-risque et capital-innovation français, dont certains redoutent ce retournement qui pourrait déstabiliser tout l'écosystème de la French Tech, de diversifier leurs sources de financements, alors qu'ils sont en moyenne financés à 80% par des investisseurs français. En 2018, Bpifrance a investi 962 millions d'euros dans 50 fonds partenaires (en repli de 7,5% après un record en 2017).

« Quand le retournement se produira, peut-être l'année prochaine ou la suivante, il faut absolument que les fonds de private-equity [capital-investissement] soient toujours financés. Bpifrance sera toujours là. Nous avons mené des road-shows aux États-Unis pour convaincre les fonds de pension américains et les fondations d'université, d'investir dans les fonds de capital-risque français, et pas seulement en Chine et en Israël » a insisté Nicolas Dufourcq.

Les Family Offices des grandes fortunes scandinaves, hollandaises ou allemandes sont d'autres cibles à convaincre.

La menace des activistes

La BPI a augmenté de 20% ses propres investissements en direct en capital-innovation, à 328 millions d'euros, du fait de l'augmentation de la taille des levées de fonds des startups françaises. Nicolas Dufourcq a relevé que la banque avait des participations dans plusieurs « futures licornes » (valorisées un milliard de dollars) comme la biotech DBV (déjà cotée), Doctolib ou OpenClassrooms. Il se targue d'un retour sur investissement de 1,6 fois, soit la moyenne de la place « alors que nous prenons plus de risques dans la structuration de notre portefeuille, mais nous sommes entrés très tôt au capital de licornes françaises. »

La filiale à 50% de la Caisse des Dépôts (l'Etat détient le reste du capital) est entrée au capital de plusieurs ETI comme Bénéteau, à la demande de la famille, ou Plastic Omnium Environnement, mais elle a très peu investi dans les grandes entreprises l'an dernier, en l'absence de situations spéciales nécessitant son intervention (comme le rachat de la participation de l'État dans le groupe PSA en 2017). Cela pourrait changer cette année, en cas d'attaque d'un actionnaire activiste, comme c'est le cas en ce moment du fonds Elliott sur Pernod Ricard.

« Nous avons 1,5 milliard de liquidités. Donc nous n'avons pas besoin à court terme de faire des cessions stratégiques. Il y a eu 209 attaques d'activistes dans le monde l'an dernier. Tous les fonds d'investissement regardent la croissance du nombre de tickets d'activistes dans le monde entier. Nous serons certainement amenés à regarder cela. Il y a beaucoup d'entreprises françaises qui sont potentiellement fragiles face à des fonds activistes » a indiqué le directeur général de Bpifrance.