La banque des startups de la French Tech, l'aiguillon des PME françaises dans leur digitalisation, ne pouvait passer à côté de sa propre transformation numérique et de la co-innovation qui caractérise l'écosystème qu'elle finance. Le directeur général de Bpifrance, Nicolas Dufourcq, avait d'ailleurs déclaré en mars dernier qu'il voulait que cette institution financière atypique soit « aussi une Fintech », terme qui désigne les startups de la finance : l'idée était de proposer tous ses services en ligne et « une expérience client à la hauteur de celle de tous les Amazon de la Terre. » Un vaste programme qui commence à prendre forme.
« Bpifrance est un pionner de l'Open Banking » a même avancé Arnaud Caudoux, le directeur général adjoint de la Banque publique d'investissement, lors d'un échange avec la presse ce jeudi 20 septembre. « La DSP2 est une opportunité unique pour nous. »
Ce concept de « banque ouverte » a été introduit par la deuxième Directive européenne des services de paiements (DSP2) qui remonte à 2013 mais est entrée en vigueur seulement en janvier 2018 : elle oblige les banques à ouvrir leurs systèmes d'informations à d'autres acteurs, les initiateurs de services de paiement (type Paypal) et les agrégateurs de comptes (comme Bankin' ou Linxo), et à leur fournir l'accès aux données de leurs clients de manière sécurisée, et avec l'accord de ces derniers., bien sûr
« Le modèle de banque ouverte est dans notre ADN. Bpifrance est une banque ouverte par construction, nous sommes une banque de place, nous co-investissons et nous co-finançons les entrepreneurs. Nous communiquions avec les acteurs de la place sur papier, puis sur extranet, nous le ferons de plus en plus avec des API [interfaces de programmation, ndlr] pour récupérer les données de comptes » a précisé le directeur général adjoint.
Un agrégateur et une plateforme de prêts aux TPE
Des projets concrets d'Open Banking sont en cours, avec des startups françaises : la BPI a travaillé avec l'agrégateur Bankin' et le spécialiste du big data Saagie afin de récupérer les informations sur les flux des comptes des clients (douze entrepreneurs « cobayes » se sont portés volontaires), dans le but d'améliorer sa connaissance des clients et de pouvoir développer de nouveaux services.
Autre chantier bien avancé : le lancement d'une plateforme de prêts aux TPE avec la startup leader du crédit à la consommation en ligne Younited Credit (dont la BPI est actionnaire), prévu d'ici décembre ou janvier.
« Avec l'Open Banking, nous allons pouvoir élargir notre champ d'action, notamment être plus actif sur le segment des TPE, qui se plaignent encore d'un difficile accès au financement. Nous voulons augmenter significativement le volume de prêts aux TPE » a expliqué Arnaud Caudoux.
Plutôt que de choisir une plateforme de prêt aux entreprises, comme Unilend ou Crédit.fr, la banque publique a préféré Younited, spécialiste du crédit aux particuliers, car « ce sont les seuls à traiter beaucoup de volumes, leur plateforme est très digitalisée, avec de bons outils de scoring, et ils savent travailler avec des partenaires comme la néobanque N26 » a fait valoir le DGA de la BPI. En cumulé, la Fintech française (lancée initialement sous le nom de Prêt d'Union) a financé plus de 900 millions d'euros de prêts à fin août. La plateforme TPE Digital sera totalement automatisée et les prêts seront cofinancés par les régions.
La BPI travaille sur une vingtaine de projets avec des startups sur la digitalisation de certaines procédures, comme la signature électronique de contrats, en partenariat avec Yousign, l'identification des clients (KYC), avec Ellisphere et Webhelp. La filiale de la Caisse des Dépôts va également lancer le 11 octobre un réseau social professionnel à la LinkedIn, co-conçu avec Jamespot, pour les clients entrepreneurs. Elle s'est aussi équipée d'un logiciel de relation client partagé entre six lignes de métiers, "Bpifrance Family".
« Nous sommes la seule banque à développer un CRM transverse unique multi-métiers, que l'on va enrichir de données externes pour avoir une vision panoramique du client » a indiqué Matthieu Heslouin, le Chief Digital Officer de Bpifrance.
Sa feuille de route est chargée, « tout Bpifrance en ligne », mais le budget modeste, 12 millions d'euros par an alloué à la transformation digitale (hors systèmes d'informations).
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