Menace de Bruxelles sur le rachat de Goodrich par United Technologies

De possibles hausses de prix et le renforcement de la position dominante d'United Technologies Corporation inquiètent suffisamment la Commission européenne pour qu'elle se donne quelques mois d'enquête supplémentaires.
Usine de Chula Vista, California AFP

Bruxelles va-t-elle bloquer l'apparition d'un géant américain des équipements aéronautiques concurrent de ses champions Thales et Safran ? En tout cas, le gendarme européen de la concurrence se pose des questions sur les conséquences notamment en termes de prix du rapprochement entre United Technologies Corporation - maison mère du motoriste Pratt & Whitney et de l'hélicoptériste Sikorsky - et Goodrich. Lancée en septembre 2011, l'offre publique d'achat de Goodrich par UTC pour 16 milliards de dollars est de loin la plus importante opération de concentration récente sur un marché aéronautique en pleine consolidation.

L'autorité européenne, qui n'a reçu la notification de l'opération que début 2012, n'a pour l'instant pas tranché. Mais mardi, elle a annoncé se donner quatre mois pour « approfondir l'enquête ». Elle veut « voir si les craintes (qu'elle a ) sont justifiées et si les remèdes (qu'y apporteront les deux parties) sont suffisants pour les lever », a expliqué à "latribune.fr" un porte-parole de la Commission. Une « validation sans conditions » de l'opération est d'ores et déjà « peu probable ». Les deux options sont donc l'interdiction pure et simple ou une autorisation sous conditions, autrement dit la cession de certaines activités.

Position très dominante d'UTC dans certains marchés

Les recherches devraient se concentrer sur trois points, selon le communiqué de la Commission. D'abord la création d'une position très dominante pour UTC sur le marché des générateurs de climatisation où Goodrich était jusqu'à présent son principal concurrent. Ensuite, la disparation de la concurrence actuellement faite à Pratt & Whitney par Goodrich sur les commandes de moteurs et les injecteurs.

Elle « pourrait entraîner une hausse des prix des entrants pour les fabricants d'avions concurrençant Pratt & Whitney » tels que General Electric ou Rolls Royce, juge la Commission. Enfin, on s'inquiète en Europe de l'accès des concurrents, aux pièces de rechange d'UTC et Goodrich.

Bruxelles contraint UTC à revoir son calendrier

En un mot, Bruxelles craint la création d'un fournisseur de premier rang capable de capter les marges des avionneurs. Airbus, qui fait partie des industriels  indirectement intéressés à la fusion en tant qu'utilisateurs finaux des équipements, n'a pas du tout été impliqué, ni consulté jusqu'à présent.

La Commission se donne jusqu'au 9 août boucler le dossier, ce qui va obliger UTC, qui avait prévu de boucler l'opération mi-2012, à revoir son calendrier. En 2001, Bruxelles avait provoqué un clash transatlantique en s'opposant à la fusion entre General Electric et Honeywell. Depuis, aucune interdiction de cette ampleur n'a été prononcée.

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