Rafale en Inde : les industriels visent un contrat signé... en 2015

Par Michel Cabirol  |   |  744  mots
Le Rafale pourrait atterrir en Inde qu'en 2015
Selon des sources concordantes, les industriels du Team Rafale comptent sur la signature d'un contrat en Inde en 2015. Il resterait entre 12 et 18 mois de travail et les élections législatives au printemps prochain vont ralentir les négociations.

Quand sera signé le contrat Rafale en Inde ? Aujourd'hui, les industriels du Team Rafale (Dassault Aviation, Thales et Safran) comptent désormais sur un contrat pour la fourniture de 126 Rafale à l'armée de l'air indienne en 2015, selon des sources concordantes. Voire fin 2014 mais avec beaucoup de scepticisme. "Il reste entre 12 et 18 mois de travail" pour signer un contrat en bonne et due forme, explique un bon connaisseur du dossier à "La Tribune". Et de rappeler que les contrats d'armement signés en Inde sont très, très lents à sortir à l'image du contrat de rénovation des Mirage 2000 indiens.

En outre, les élections législatives en Inde prévues au printemps 2014 vont paralyser le processus des négociations. Le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier expliquait d'ailleurs craindre que l'approche des élections législatives l'année prochaine en Inde et la mise en place d'un nouveau gouvernement issu des urnes retardent la prise de décision à New Delhi.

Un contrat hors norme

"Ce sera beaucoup trop juste pour 2014", constate également une source industrielle. Pour autant, personne ne remet en cause la signature de ce contrat négocié avec Dassault Aviation depuis janvier 2012… mais la lenteur légendaire de l'administration indienne et la masse incroyable de détails qui restent encore à négocier et à coucher sur un contrat hors norme conduisent les négociateurs français à devenir zen et à se mettre à l'heure indienne.

N'en déplaise au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. "Concernant le Rafale, je suis optimiste pour la signature avec l'Inde l'an prochain, où un budget a été inscrit", a-t-il déclaré mardi dans une interview aux "Echos". Un objectif qui paraît aujourd'hui un peu trop ambitieux. Car le gouvernement compte sur la signature d'un contrat avant juillet 2014 pour réduire les livraisons des Rafale à l'armée française à partir de 2016, l'export prenant le relais.

Les ambitions de HAL

Ce n'est pas la mort d'un négociateur en Inde, Arun Kumar Bal, "joint secretary" au ministère de la Défense chargé notamment des acquisitions pour l'armée de l'Air, qui va retarder cette négociation, estiment certains interlocuteurs, qui rappellent qu'il était arrivé il y a peu. Ce qui peut ralentir les négociations, ce sont plutôt les ambitions du principal partenaire indien de Dassault Aviation, Hindustan Aeronatics Ltd (HAL). "Ils veulent tout faire mais être responsables de rien", constate un connaisseur de ce dossier.

Ce qui n'est pas réellement nouveau, car, précise-t-il, "ils ont toujours été de redoutables négociateurs". Mais les discussions entre Dassault Aviation et HAL se poursuivent sur qui est responsable de quoi. Enfin, Dassault Aviation, qui veut faire les choses de façon extrêmement propres, souhaite coller au plus près de la proposition qui lui a permis de gagner le droit de négocier en exclusivité avec New Delhi. L'Inde avait demandé des offres basées sur le coût de possession des appareils. Soit sur la durée de vie des appareils.

Le Qatar avant l'Inde

Une chose est sure, Jean-Yves Le Drian ne peut pas compter sur un contrat Rafale en Inde pour réduire la cadence de livraison des appareils à l'armée de l'air à partir de 2016 (26 Rafale doivent être livré lors de la prochaine loi de programmation militaire, dont 11 en 2014 et en 2015). D'autant que le Rafale en Inde "s'inscrit dans une flotte aéronautique indienne qui dispose déjà d'équipements propres, ce qui nécessite des adaptations de l'avion", a précisé le délégué général pour l'armement (DGA), Laurent Collet-Billon, lors de son audition devant la commission des affaires étrangères et des forces armées du Sénat. Le projet de LPM 2014-2019, en cours d'examen au Parlement, est en effet bâti sur l'hypothèse que l'exportation du Rafale prendra le relais des livraisons nationales à partir de 2016.

L'avionneur considère qu'il faut trois ans à partir de sa signature pour produire un Rafale. Voire quatre ans pour certains. La précédente LPM avait déjà fait le même pari, mais l'Etat avait dû continuer à prendre livraison de 11 Rafale par an. Reste le Qatar, le propect le plus chaud de Paris... Mais les Américains sont en train de brouiller les cartes à Doha. Pour le Qatar, l'avion demandé a une définition "très proche de celle de la France, ce qui donne plus de souplesse pour la gestion de la production" de Dassault Aviation, a assuré Laurent Collet-Billon.