Cinq questions autour du nouveau tir d'une fusée nord-coréenne

La Corée du Nord a annoncé avoir réussi à placer en orbite un satellite grâce à un tir de fusée. Ce lancement a été condamné par la communauté internationale comme un test de missile balistique déguisé.
Pour Washington, Pyongyang utilise ces tirs de fusée pour tester ses capacités en matière de missiles balistiques capables de transporter une charge nucléaire jusqu'au territoire américain

La Corée du Nord a annoncé le lancement réussi d'une fusée à longue portée dimanche, suscitant un nouveau tollé de la communauté internationale. Ce tir, qui intervient un mois après un quatrième essai nucléaire de Pyongyang, pose plusieurs questions :

Qu'a lancé exactement la Corée du Nord?

La Corée du Nord dit avoir tiré un lanceur spatial équipé d'un satellite d'observation terrestre. La Corée du Sud affirme qu'il s'agissait d'un missile de longue portée. Le différend ne porte pas tant sur les caractéristiques précises de l'engin lui-même que sur les véritables intentions de la Corée du Nord. Tout lanceur spatial utilise une double technologie et a des applications potentiellement militaires, en plus de ses applications civiles.

Washington et ses alliés le martèlent: Pyongyang utilise ces tirs de fusée pour tester ses capacités en matière de missiles balistiques, avec en ligne de mire le développement d'un missile balistique intercontinental (ICBM) capable de transporter une charge nucléaire jusqu'au territoire américain. Pyongyang soutient que son programme spatial est purement scientifique.

La Corée du Nord n'a-t-elle pas droit à un programme spatial ?

Pyongyang le revendique mais les sanctions décrétées par l'ONU en 2006 pour limiter son programme nucléaire lui interdisent de tester tout système de missiles. Pour le Conseil de sécurité de l'ONU, les tirs de fusées spatiales violent cette interdiction. Le principal protecteur diplomatique de Pyongyang, la Chine, donne raison aux deux camps, estimant que la Corée du Nord a droit à un programme d'exploration spatiale mais doit respecter les résolutions des Nations unies.

Pyongyang avait placé un satellite en orbite grâce à son premier lancer réussi de fusée en décembre 2012. Mais les spécialistes estiment que ce satellite n'a jamais fonctionné, ce qui donne du grain à moudre à ceux qui pensent que l'objectif scientifique de la mission n'était qu'un habillage.

Quelles sont les capacités nord-coréennes en matière de missile ?

Dans ses discours les plus belliqueux, Pyongyang affirme être déjà capable de frapper le territoire américain. La plupart des experts en doutent et estiment que la Corée du Nord mettra des années à se doter d'une capacité de frappe intercontinentale crédible. Si les tirs de fusée ont pu permettre à son programme de missiles balistiques de progresser, Pyongyang n'a pas l'air d'avoir maîtrisé la technologie de rentrée dans l'atmosphère, après la phase de vol balistique, qui serait nécessaire pour toucher un territoire aussi lointain que les Etats-Unis.

Les spécialistes ne savent pas non plus dans quelle mesure Pyongyang est capable de maîtriser la miniaturisation d'une bombe pour pouvoir la monter sur un missile.

Et maintenant?

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir en urgence dimanche à New York. Washington et ses alliés vont faire pression pour que soient adoptées de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord. Mais le Conseil de sécurité n'a toujours pas trouvé de consensus sur un durcissement des sanctions après l'essai nucléaire du 6 janvier. La Chine, qui dispose d'un droit de veto, résiste aux tentatives pour punir Pyongyang plus sévèrement.

Les tensions sur la péninsule coréenne devraient encore monter d'un cran, surtout que Séoul et Washington ont annoncé l'ouverture de discussions sur le déploiement en Corée du Sud d'un système américain de défense antimissiles des plus avancés.

Que veut la Corée du Nord?

Pyongyang espère que son quatrième essai nucléaire et son tir de fusée contribueront à pousser les Etats-Unis vers la table des négociations, où le régime nord-coréen espère obtenir quelques concessions. La Corée du Nord a d'ores et déjà annoncé son intention de placer d'autres satellites en orbite.

Les Etats-Unis ont exclu de prendre langue avec le Nord tant qu'il n'aura pas fait de geste tangible vers la dénucléarisation. Mais pour certains, cette politique dite de "patience stratégique" a permis à Pyongyang d'avancer sur la voie de son programme nucléaire.

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Commentaires 4
à écrit le 07/02/2016 à 12:11
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Sans me faire l' avocat du diable, je ne vois pas au nom de quel principe interventionniste quelque pays que ce soit ou même l ONU pourrait se permettre de "sanctionner" la Corée du Nord pour ses tirs de missiles, même balistiques ! La Chine, les USA...

le 07/02/2016 à 13:07
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Un pays en guerre qui n a jamais voulu reconnaitre la Coree du Sud et qui n a jamais voulu signer un traité de paix avec en plus un autocrate qui decide tout seul de la vie ou la mort de son peuple, on peut s inquiéter a juste titre.

le 07/02/2016 à 15:30
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100% d'accord avec Manx, c'est pitoyable d'arrogance bien occidentale ! L'Asie n'en a rien à glander des USA et de leur ONU (pure produit US) maintenant que la Russie s'occupe de la Syrie ça commence à craquer de partout les petites magouilles ! Auto...

le 08/02/2016 à 17:47
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La Corée du nord a fait kidnapper des centaines d'étrangers dans les années 70 et 80, la plupart sont morts. Elle attaque périodiquement des navires coréens et 100 000 prisonniers politiques sont détenus dans des goulags. J'ajoute que le pouvoir ...

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