Construction navale : la PME Sillinger veut gagner des parts de marché en Europe

LOIR-ET-CHER. Le fabricant de bateaux pneumatiques pour la Défense Sillinger, concurrent de Zodiac Milpro, table sur de nouveaux marchés en France et en Europe à l’horizon 2023-2024. Conséquence, un agrandissement de son site du Loir-et-Cher et une augmentation prévue de 25% de ses effectifs.
Challengers des zodiacs, les bateaux Sillinger made in Loir et Cher sont testés aux sables d’Olonne.
Challengers des zodiacs, les bateaux Sillinger made in Loir et Cher sont testés aux sables d’Olonne. (Crédits : Reuters)

Spécialisée dans la fabrication de bateaux pneumatiques pliables et semi-rigides pour les forces de défense et de sécurité, la PME Sillinger, basée à Mer à une trentaine de kilomètres de Blois, concourt actuellement à plusieurs gros appels d'offre qu'elle espère remporter dans le courant de l'année 2023. Ces marchés, émanant de la Direction générale de l'armement (DGA), concernent d'une part le renouvellement de vingt embarcations de transports rapides pour les commandos (Etraco). Utilisées par les Forces spéciales françaises, les bateaux ont pour actuel fournisseur le leader français du segment, Zodiac Milpro. Le second appel à candidatures, également lancé à l'été 2022, vise le changement d'une quantité identique d'embarcations de drome opérationnelle (Edo) à destination cette fois de la marine nationale.

« Les marchés de renouvellement des différentes forces de sécurité, militaires et civiles, dans les sept prochaines années représenteront plusieurs centaines de bateaux dans l'Hexagone », se félicite Guillaume Wies, directeur commercial France & Europe de Sillinger. Pourrait s'y ajouter une demande, qui reste toutefois hypothétique, de nouveaux bateaux de surveillance à l'occasion du défilé d'ouverture sur la Seine des Jeux Olympiques de Paris en 2024.

Dans ce contexte globalement favorable, Sillinger, dont les coques semi-rigides sont fabriquées localement, met en avant la robustesse et la facilité de maintenance. Il table aussi sur le retour en grâce du « Made in France ». « L'ensemble de nos fournisseurs concernant l'accastillage et la chaudronnerie sont situés à moins de 200 kms de l'usine de Mer, assure de son côté, le directeur général de l'entreprise, Martin Serrault. Seuls les équipements électroniques, radars et radio, ainsi que les moteurs, proviennent du Japon ou des Etats-Unis, faute d'offre en France ». Si Zodiac Milpro est aussi français, sa production serait, au contraire, réalisée en partie en Espagne.

Challenger de Zodiac Milpro, quatre à cinq fois plus importante qu'elle en taille (42 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2020), la PME Sillinger a été fondée à Mer en 1962 par Tibor Sillinger. Cet entrepreneur autodidacte hongrois l'a revendue 38 ans plus tard au groupe Marck & Balsan, spécialisé dans la confection d'uniformes militaires et originaire de l'Indre voisin. Employant 60 salariés, la société propose une gamme de quelque 26 modèles d'embarcations, les plus importantes mesurant jusqu'à 12 mètres et offrant une capacité de 20 passagers. Si sa clientèle, à 99% professionnelle, a trait majoritairement à la Défense, Sillinger équipe également certaines unités de police nationale et municipale. Les sapeurs-pompiers figurent également dans le portefeuille du fabricant du Loir-et-Cher. Avec une production annuelle d'environ 200 bateaux, Sillinger a généré en 2022 un chiffre d'affaires de neuf millions d'euros, dont 80% a été réalisé à l'export. Des recettes que la PME espère faire décoller à l'horizon 2026.

Rééquilibrage européen dans le portefeuille international

Implantée en Asie, notamment en Indonésie et en Thaïlande, ainsi qu'en Afrique francophone, Sillinger est aussi un fournisseur de premier plan de la marine égyptienne. En 2018, la société lui a ainsi fourni 20 kits de bateaux en pièces détachées qui ont été ensuite assemblés à la base navale d'Alexandrie. L'Egypte, qui a passé en 2022 une nouvelle commande de 15 embarcations de grande taille, recevra les kits supplémentaires courant 2023. « Cette stratégie de transfert de technologies, tout en gardant la totale maîtrise de nos process industriels, nous permet une plus grande souplesse à l'international lointain, poursuit Guillaume Wies. Reste que notre priorité est désormais de progresser sensiblement sur le marché européen, plus régulier ». Présente en Espagne, en Grèce, au Portugal, en Scandinavie et en ex Yougoslavie, Sillinger envisage de s'implanter à court terme sur le marché italien. Le Royaume-Uni et l'Allemagne, qui possèdent leurs propres fabricants, restent en revanche hors du champ d'action de la PME. Avec un objectif de ventes annuelles de 250 bateaux, elle vise un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros en 2026, soit une hausse de 60% en trois ans. Cette perspective nécessitera un renforcement significatif tant des infrastructures que de la main-d'œuvre. Le site actuel, d'une surface actuelle de 4.000 m2, est ainsi en cours d'agrandissement de 1.200 m2, entièrement dédiés à la production. Sillinger compte parallèlement recruter 16 nouveaux salariés, y compris au sein de son bureau d'études.

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