"Nous sommes parvenus à un règlement juste et équitable de 555 millions d'euros (environ 830 millions de dollars) avec Naval Group", a annoncé dans la nuit de vendredi à samedi le Premier ministre australien Anthony Albanese. Avec la fin des négociations entre Naval Group et Canberra sur le "reste à payer" dans le cadre du programme de sous-marins franco-américains, l'Australie a clos ce samedi matin un chapitre très sombre dans ses relations avec la France.
"L'ancien gouvernement a pris la décision de résilier le contrat sur la base d'un avis sur les besoins en capacités des Forces de défense australiennes - avis qui a été accepté par les travaillistes de l'opposition", a toutefois rappelé le Premier ministre australien.
Après avoir annulé en septembre 2021 le contrat portant sur la fabrication de 12 sous-marins de la classe Attack, Canberra a trouvé il y a quatre jours un arrangement sur ce qu'il devait encore au groupe français. "Naval Group et le Commonwealth d'Australie ont signé un accord équitable mettant un terme au programme de futur sous-marin australien", a annoncé de son côté Naval Group dans un communiqué publié dans la nuit de vendredi à samedi. Le groupe naval français va donc encaisser un joli chèque de 555 millions d'euros, dont une grande partie du volume était encadrée par des clauses contractuelles. Ce qui lui permettra également d'indemniser ses sous-traitants français et australiens, qui toucheront une toute petite partie de cette somme. Le groupe a confirmé avoir "également accompagné ses partenaires et sous-traitants français et australiens dans leurs démarches".
"Je tiens à remercier Naval Group pour la manière positive et professionnelle dont il s'est engagé avec les responsables australiens pour parvenir à ce règlement", a expliqué le Premier ministre australien lors d'une conférence de presse.
Une facture de 3,7 milliards d'euros
un certain nombre d'obligations. Ce montant de plus de 500 millions d'euros s'ajoute aux 840 millions d'euros déjà payés au groupe naval depuis le lancement du programme au titre des travaux effectués entre 2016 et fin 2021. Au total, l'Australie a versé 1,340 milliard d'euros environ à Naval Group. Pour rien, pour du vent... C'est ce qu'a d'ailleurs reconnu Anthony Albanese lors de la conférence de presse cet arrangement financier avec Naval Group est "un gaspillage extraordinaire de la part d'un gouvernement qui a toujours fait beaucoup d'annonces mais pas en termes de livraison". L'ancien gouvernement "restera dans les mémoires comme le gouvernement le plus gaspilleur de l'histoire de l'Australie depuis la Fédération".
L'issue de ces négociations qualifiées de "correcte et de professionnelle" est vraiment une sortie par le haut pour Naval Group, qui encaisse cette somme de plus de 500 millions d'euros, "le haut de la fourchette" visée par le groupe, explique-t-on à La Tribune. La facture est très salée pour Canberra, qui va payer 3,7 milliards d'euros au total au profit essentiellement des maîtres d'oeuvre de ce programme hors norme (outre Naval Group, Lockheed Martin et les industriels du BTP australiens qui devaient construire le chantier naval accueillant la fabrication des sous-marins).
Retour à la normale des relations entre Paris et Canberra
Pour autant, la blessure est encore profonde en France même si la chute du gouvernement Morrison a été largement saluée à Paris. Le nouveau Premier ministre australien Anthony Albanese devrait prochainement être accueilli en France pour reprendre des relations normalisées avec Paris."Maintenant que la question est résolue, nous pouvons avancer dans la relation avec la France, a estimé Anthony Albanese. L'Australie et la France partagent des liens d'amitié historiques profonds, forgés dans le sacrifice commun de la guerre. Nous sommes deux démocraties dynamiques, engagées à défendre les droits de l'homme et les valeurs fondamentales. Nous respectons profondément le rôle et l'engagement actif de la France dans l'Indo-Pacifique".
"Je suis impatient de répondre à l'invitation du président Macron à se rendre à Paris dès que possible et de continuer à travailler en étroite collaboration avec lui alors que nous approfondissons le partenariat stratégique entre nos nations", a expliqué Anthony Albanese.
Fin mai, Emmanuel Macron s'était déjà entretenu avec Anthony Albanese pour le féliciter à la suite de son élection. Après avoir pris note de la profonde rupture de confiance entre la France et l'Australie, les deux hommes au cours d'une conversation téléphonique étaient convenus "de rebâtir une relation bilatérale fondée sur la confiance et le respect pour surmonter ensemble les enjeux globaux, au premier rang desquels l'urgence climatique, et les défis stratégiques en Indopacifique", avait relaté l'Élysée dans un communiqué. Dans ce cadre, une feuille de route devra identifier "des coopérations stratégiques" entre les deux pays. Ce qui sera un véritable test pour solidifier les relations rompues entre les deux capitales.
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