Le tourisme spatial et le business de la détection des déchets en orbite

L'essor des voyages dans l'espace pour clients fortunés accélère la nécessité de nettoyer les centaines de milliers de déchets spatiaux en orbite autour de la Terre. Mais des initiatives moins onéreuses et surtout rentables existent, misant sur l'évitement des résidus.
Laszlo Perelstein
La Terre et sa ceinture de débris spatiaux.

Après avoir envahi la Terre, le tourisme s'attaque depuis plusieurs années à l'espace. Longtemps à l'état de projet, la conquête spatiale pour les personnes privées devrait rapidement se concrétiser dans les années à venir - SpaceX prévoit d'envoyer deux touristes autour de la Lune d'ici fin 2018 - mais la décharge de débris spatiaux en orbite autour de la Terre risque fort de mettre en péril cette industrie naissante. D'où la naissance d'une nouvelle industrie, chargée de traquer les différents agglomérats de satellites qui tournent autour de la Terre, raconte Bloomberg dans un article consacré au sujet.

Des centaines de milliers de débris à détecter

Selon la Nasa, plus de 500.000 débris spatiaux au moins de la taille d'une craie tournent en orbite autour de la Terre, dépassant pour certains les 28.000 km/h. À cette vitesse, même les petites pièces, qui en constituent la large majorité, peuvent endommager satellites, stations spatiales et autres fusées, comme l'explique l'agence gouvernementale sur son site internet. Difficile de garder la trace de l'ensemble de ces résidus - des millions font ainsi moins d'un centimètre - et ce alors qu'ils mettent en danger les quelque 1.000 engins spatiaux tournant autour de la Terre et dont le coût avoisine les 100 milliards de dollars.

"Sur le long terme, nous devons obtenir de meilleures données afin que les opérateurs de satellite ne les déplacent pas quand cela n'est pas nécessaire", a confié à Bloomberg Bill Ailor, chercheur  au sein d'Aerospace Corp, spécialisé dans le traçage des débris spatiaux.

Preuve s'il en faut que l'industrie est florissante : le service de cartographie spatiale LeoLabs (pour low Earth orbit) a annoncé en début de semaine avoir levé 4 millions de dollars auprès d'investisseurs, parmi lesquels figurent SRI Ventures -le fonds de l'université de Standford avait lancé Siri avant son rachat par Apple - ainsi que le fonds de capital-risque d'Airbus. Capable pour le moment de suivre en permanence la position 13.000 débris, la startup revendique une précision à 100 mètres près. Au terme de la prochaine phase de développement, incluant le développement des infrastructures de radars au sol, ce chiffre devrait atteindre les 250.000 objets, projette le communiqué. La startup n'est bien sûre pas seule dans la course, souligne Bloomberg, qui cite notamment le projet de radar "Space Fence" ("clôture spatiale") développé par le groupe de défense Lockheed Martin pour l'Armée de l'Air américaine pour un milliard de dollars.

De son côté, le Département américain de la Défense n'est pas en reste puisqu'il a mis en place un réseau de surveillance spatiale capable de suivre les mouvements de plus de 21.000 débris dont le diamètre est supérieur à 5 centimètres. Accessibles à tous (mais sur demande) sur le site Space Track, ces données sont également visibles en temps réel sur une carte interactive réalisée par un ingénieur étudiant.

À quand le grand ménage ?

Mais plus que la question de la détection, c'est surtout celle du grand nettoyage que devrait se poser Richard Branson (Virigin Galactic) et Elon Musk (SpaceX), s'ils veulent rendre pérenne leur nouvelle industrie. En la matière, les initiatives sont minces et la plupart des projets sont confrontés au coût extrêmement important d'un tel ménage, d'autant plus que le succès n'est pas forcément garanti. Début février, au cours de  la première expérience mondiale en la matière, le vaisseau spatial japonais Kounotori 6 n'est ainsi pas parvenu à déployer un câble de 700 mètres afin de faire sortir de leur orbite des débris spatiaux.

L'Agence spatiale européenne (ESA) a, elle, bien lancé Clean Space (Espace Propre) mais le projet s'inscrit dans le long terme avec la mise en place de mesures de suivis des satellites afin d'éviter l'accumulation future de déchets. Avec le coup d'accélérateur donné par les milliardaires au tourisme de l'espace, il y a urgence à trouver des solutions.

Laszlo Perelstein

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