New Space : une constellation de nanosatellites "Made in France" sur la rampe de lancement

Avec le soutien du CNES, CLS lance officiellement son projet de constellation de nanosatellites. La filiale du CNES a sélectionné Thales Alenia Space pour le développement de la constellation, qui sera aidé par les PME Nexeya et Syrlinks.
Michel Cabirol
Le coût de la constellation (20 nanosatellites + les 20 suivants de 2ème génération) est évalué entre 100 à 130 millions d'euros sur huit ans (lancements compris), selon le PDG de CLS, Christophe Vassal.
Le coût de la constellation (20 nanosatellites + les 20 suivants de 2ème génération) est évalué entre "100 à 130 millions d'euros sur huit ans" (lancements compris), selon le PDG de CLS, Christophe Vassal. (Crédits : CLS)

Avec retard, la France est enfin en train de prendre le train déjà lancé des nanosatellites. Elle monte à bord avec le projet d'une constellation de 20 nanosatellites Made in France, baptisée Kinéis. Ce programme va progressivement succéder à partir de 2021 au système Argos et ses fameuses balises connues dans le monde entier. Pilote du projet, CLS (Collecte Localisation Satellites), filiale du CNES (54% du capital), a ainsi confié, comme l'avait révélé en mai La Tribune, le développement de la constellation à Thales Alenia Space (TAS), qui s'appuiera sur deux PME : Nexeya, très soutenue par le CNES pour la fabrication des nanosatellites, et Syrlinks qui participera à la conception et à la construction de l'instrument.

C'est à l'occasion du World Satellite Business Week, organisé à partir de ce lundi par le cabinet de conseil Euroconsult et qui réunit l'ensemble de la communauté spatiale mondiale, que CLS va officiellement présenter la constellation Kinéis. Les nanosatellties auront une durée de vie de quatre ans. Le coût de la constellation (20 nanosatellites + les 20 suivants de 2ème génération) est évalué entre "100 à 130 millions d'euros sur huit ans" (lancements compris), explique à La Tribune le PDG de CLS, Christophe Vassal.

Une levée de fonds de 100 millions d'euros

Pour lancer définitivement le projet, la filiale du CNES, qui a également la société de capital-investissement Ardian (32%) dans son capital, compte lever 100 millions d'euros pour développer la constellation Kinéis. Une opération à laquelle participeront CLS et le CNES en tant qu'investisseurs minoritaires. Christophe Vassal compte finaliser les discussions avec son actionnaire principal d'ici à la fin de cette année. Après quelques hésitations, le CNES soutient le projet aussi bien sur le plan technologique que financier. Pour son président Jean-Yves Le Gall, cité dans le communiqué de CLS, ce projet, qui s'inscrit pleinement dans le New Space, est "une nouvelle opportunité pour le CNES de favoriser le développement de l'industrie spatiale française et de son excellence". Et Christophe Vassal vise une première levée de fond en décembre ou janvier 2019.

Avec le soutien du CNES, CLS va donc créer une nouvelle filiale appelée Kinéis, qui sera l'opérateur privé de la constellation éponyme et interopérable avec l'actuel système Argos. Ce nouvel acteur du New Space français pourra localiser et collecter des données en tout point, sous toutes les latitudes quelles que soient les conditions. Pour gagner son pari, il souhaite offrir une connectivité universelle, fiable et de basse consommation à un coût accessible au plus grand nombre. Car Kinéis veut développer un nouveau modèle économique beaucoup plus large que l'actuel en visant les marchés de la logistique (Geodis, Dentressangle...), des containers (armateurs...) et de la défense (suivi des matériels terrestres). Ce qui devrait séduire les futurs investisseurs.

Nouveaux marchés

Cette constellation de 20 nano-satellites proposera un temps de revisite et de mise à disposition des données le plus faible possible, proche du temps réel, ou du moins inférieur à 10 minutes quelle que soit la position de l'objet sur le globe. Créé en 1978, le système Argos, indépendant du GPS américain, connecte des objets mobiles partout sur la planète : animaux, bouées dérivantes, stations hydrologiques, plateformes météos, bateaux de pêche, etc... Ce qui donne déjà "pas mal d'atouts" à cette constellation, note Christophe Vassal. D'ailleurs, CLS a accéléré le lancement de la constellation (2021 au lieu de 2023) pour être sûr d'être le premier sur les marchés visés et donc de prendre un temps d'avance sur la concurrence.

Ainsi, la constellation Kinéis pourra intégrer, en plus des missions classiques d'Argos (scientifique et sauvetage en mer), des missions de télécoms ou d'observation. En outre, elle proposera notamment des applications pour le monde maritime, notamment à destination des armateurs afin qu'ils puissent suivre en temps réel leurs flottes. Le marché des pirogues est également visé. Sur deux millions de pirogues recensées à travers le monde, 10% à 20% pourraient être équipées de ce système, selon CLS, qui vise le suivi de 70.000 pirogues. Ce sera aussi le cas pour celui du suivi des grands troupeaux domestiques (ovins, bovins, chameaux, rennes), qui évoluent sur des espaces immenses. Enfin, la constellation proposera des applications pour l'internet des objets (IoT), voire des applications sécuritaires.

Michel Cabirol

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Commentaire 1
à écrit le 10/09/2018 à 8:35
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Dommage que le mac siphonne les finances publiques pour les donner à ses copains qui fraudent le fisc, on va finir par manquer de fond même pour les investissements clés.

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