Nissan Micra : une indo-japonaise légère, trop légère

La nouvelle Micra est produite en Inde. Il s'agit désormais d'un produit à bas coût, sympathique mais à la finition médiocre, agréable en ville mais aux prestations limitées en-dehors. Le rapport prix-équipements est un point fort.
(Crédits : <small>DR</small>)

On connaît l'obsession de Carlos Ghosn pour la réduction des coûts. Si, dans un souci de saine gestion, une entreprise doit y penser en permanence, il n'est pas toujours sûr que le client s'y retrouve. Et cette fois, justement, le PDG de Nissan et Renault est allé trop loin. La nouvelle petite Micra, qui abandonne les chaînes d'assemblage britanniques pour la main d'?uvre pas chère du sous-continent indien, se veut peu coûteuse et légère. Elle est d'ailleurs le premier modèle de l'Alliance Renault-Nissan à utiliser la nouvelle plate-forme « V ». L'allègement se traduit par un gain de 35 kilos par rapport à sa devancière. La nouvelle venue pèse au total un peu plus de 900 kilos à peine.

Economies partout
Le hic : les économies et la légèreté, malheureusement, se sentent, s'entendent, se voient... Plastiques bas de gamme, finition sommaire, manque d'insonorisants, la Micra s'affiche clairement comme une voiture à bas coûts. Certes, les assemblages sont corrects. Et une planche de bord au design agréable, l'offre (au choix) d'une ambiance claire (ivoire ou grège), chaleureuse, peuvent faire passer la pilule. Une sellerie cuir couleur prune est disponible en option. Mais il ne faut pas être vraiment regardant.

Quelques dysfonctionnements
Une ambiance très différente de celle d'une Renault Clio ou d'une Volkswagen Polo, autrement plus sérieuses. On est plus proches de la qualité d'une Peugeot 107 ou d'une petite Hyundai. Il est évidemment trop tôt pour juger du vieillissement de l'ensemble. Mais, notre modèle d'essai, qui comptait moins de mille kilomètres au compteur, a quand même connu quelques dysfonctionnements (autoradio et système de navigation en panne, réglage électrique des rétroviseurs inopérant). Il est vrai qu'il s'agissait d'une des toutes premières.

Ligne sympathique mais banale
Sinon, la ligne extérieure reste sympathique. Mais banale. Des couleurs vives (rouge, mandarine, vert), en plus de la palette du gris et du noir, égayent aussi l'ensemble. L'habitabilité est excellente pour la taille en longueur et en hauteur, mais pas en largeur. Et c'est au détriment du coffre. Les espaces de rangement sont nombreux, mais habillés de plastique dur qui ne retiennent pas les objets. Bon point pour la visibilité périphérique. La position de conduite, légèrement en hauteur, se révèle aussi satisfaisante pour une petite voiture, mais le volant n'est réglable qu'en hauteur, pas en profondeur.

Vocation mondiale
Avec cette orientation "low cost", la clientèle de la précédente Micra, souvent prisée comme deuxième voiture dans les beaux quartiers, ne s'y retrouvera pas vraiment. Evolution bizarre. En ce qui concerne l'esthétique, il paraît que, si elle séduisait les Français, sa devancière déplaisait dans certains pays. Alors, Nissan a préféré faire dans le consensuel. Il est vrai que, dans des versions différentes, ce véhicule doit être vendu aux quatre coins du monde, dans 160 pays. Sa production est prévue dans les pays à bas coûts comme la Thaïlande, la Chine, le Mexique... et l'Inde, d'où viennent les modèles écoulés en Europe.

Moteur vif
Le petit moteur trois cylindres à essence de 80 chevaux est vif. En ville, il convient tout à fait. Restent des vibrations désagréables au ralenti ainsi qu'en roulant à bas régime. On a alors l'impression que la mécanique va caler. A tort, heureusement. Notre version d'essai, équipée d'une boîte automatique à variation continue, était spécialement douée pour l'univers citadin. A condition de ne pas trop lui en demander. Cette transmission présente un glissement continuel et marqué. Si l'on accélère trop fort, ou relance trop brutalement la mécanique, celle-ci s'emballe, avec un net retard dans les réactions. Agaçant. En outre, on n'a guère de choix dans les rapports. C'est «D» (conduite normale) ou «L» pour avoir un peu de frein moteur. Il n'y a pas d'autre option. Un peu simpliste. L'ensemble mécanique avoue, dans ces conditions, vite ses limites hors de la ville. Les valeurs normalisées de consommations, très basses, ne se retrouvent pas vraiment dans la vie de tous les jours avec la boîte automatique. La petite Micra reste assez sobre. Mais rien d'extraordinaire sur ce plan.

Comportement correct
La direction est précise et la voiture présente une maniabilité de bon aloi, avec un rayon de braquage réduit. La tenue de route est honnête pour un petit véhicule, mais aborder un virage à une certaine allure sur des pavés peut quand même faire peur. Normal, avec un empattement bien court. Les suspensions sont alors un peu sautillantes, comme sur une Fiat 500. Une Clio ou une Polo apparaissent bien plus sécurisantes. Le freinage donne a priori l'impression d'un manque de puissance. Mais la sensation est plus désagréable qu'inquiétante. Le confort de cette citadine est acceptable, sauf une sécheresse marquée sur les petites inégalités genre ralentisseurs.

Rapport prix-équipement compétitif
La Micra démarre à moins de 10.000 euros dans cette seule version à essence. Attention, cette offre n'est valable que jusqu'en mars 2011. Après, ce sera plus cher. A priori, aucun diesel n'est envisagé. Le moteur de 80 chevaux, seul disponible aujourd'hui, autorise des rejets limités de CO2, de 115 grammes au kilomètre (avec la transmission manuelle). Du coup, on a droit à un bonus de 500 euros. Une seconde motorisation, à injection directe utilisant un compresseur pour amener la puissance à 98 chevaux avec des émissions chutant à 95 grammes, sera commercialisée au printemps 2011. Notre version d'essai Connect, dont l'équipement complet est censé pallier la piètre finition, s'affiche à 13.490 euros. Il faut ajouter 1.000 euros pour la boîte automatique que nous ne recommandons pas spécialement, à moins d'être allergique à l'embrayage et au levier de vitesses. A ce tarif, on a droit à une garantie et une assistance de 3 ans. Vu l'équipement, les tarifs sont compétitifs. Mais le gabarit réduit de la Micra ne permet pas de lui trouver des concurrentes directes. "Notre" version incluait la climatisation, l'ouverture des portes à distance, le radar de recul, les rétroviseurs électriques, une « aide au créneau » pour ceux qui ne savent pas conduire, et le GPS, que nous n'avons pu tester puisqu'il a refusé obstinément de fonctionner... Mais, au final, tout cela n'est pas moins cher que l'ancienne Micra, alors que le coût de fabrication est censément plus bas. Bon pour les marges du constructeur. Mais, pour le client ?

Prix du modèle essayé : Nissan Micra 1,2 Connect : 13.490 euros (-500 euros de bonus)
Puissance du moteur : 80 chevaux (essence)
Dimensions : 3,78 mètres (long) x 1,66 (large) x 1,52 (haut)
Qualités : Rapport équipements-prix compétitif, couleurs chaleureuses pour l'habitacle, maniabilité, moteur vif.
Défauts : Plastiques bas de gamme, finition légère, bruits de moteur et de roulement, prestations réduites hors de la ville, boîte automatique (en option) limitée.
Concurrentes : Opel Corsa 1,2 Essentia : 13.090 euros ; Hyundai i20 Pack Inventive : 13.390 euros ; Seat Ibiza 1,4 Référence : 13.800 euros ; Peugeot 206+ 1,4 Trendy : 14.000 euros.
Note : 11,5 sur 20

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