Compétitivité : nouveau "contrat" social en vue chez PSA Peugeot Citroën

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  697  mots
Le syndicat FO annonce qu'il ratifie le nouvel accord de compétitivité de PSA qui doit être signé en début de semaine. Le constructeur s'engage à produire environ 930.000 véhicules dans ses usines d'assemblage françaises cette année.... Soit un recul par rapport à 2012!

Alors qu'il va produire sa dernière Citroën C3 à Aulnay vendredi prochain, PSA compte signer son nouveau contrat social avec les organisations syndicales cette semaine. Force ouvrière annonce ainsi ce lundi qu'il paraphera cet accord. "Les syndicats FO des sites PSA se positionnent à 90 % en faveur de la signature", indique un communiqué. le SIA-GSEA ainsi que le syndicat CFE-CGC se sont également prononcés en faveur du projet.

Le feu vert de ces quatre syndicats, qui totalisent largement plus de 30% des voix aux élections professionnelles  - le seuil minimum requis - suffit à valider le projet. Selon son habitude, la CGT a déjà fait savoir, toutefois, qu'elle était contre ce "contrat antisocial".

Gel des augmentations

Suivant l'exemple de Renault, qui avait signé en mars un accord de compétitivité, syndicats et direction de PSA Peugeot Citroën ont entamé des négociations en mai dernier. Finalisé après treize réunions, le contrat vise à redresser le groupe et "assurer la pérennité des usines" dans le pays "et donc des emplois", affirme le constructeur automobile français en crise.

Le texte préserve les fondamentaux de la rémunération des salariés, dont le treizième mois, mais prévoit un gel des augmentations générales en 2014, et un budget d'augmentations individuelles "adapté". Pour les deux années suivantes, les augmentations dépendront notamment des performances de l'entreprise.

Le texte prévoit aussi une annualisation des RTT et des heures supplémentaires majorées de 25%, au lieu de 45%. Une plus grande flexibilité dans l'organisation du temps de travail est imposée, ainsi que la mise en place de congés "seniors", qui pourraient concerner 2.500 à 3.000 salariés sur trois ans.

930.000 voitures cette année

En contrepartie, PSA s'est engagé à maintenir ses sites en France d'ici à 2016. Le constructeur prévoit ainsi de fabriquer environ 930.000 véhicules dans ses usines d'assemblage hexagonales cette année. La production devrait passer "autour d'un million" d'unités en 2016 dans les cinq usines de montage qui resteront après la fermeture d'Aulnay. PSA promet également de lancer "au moins un nouveau modèle" dans chaque usine entre 2014 et 2016 et d'investir 1,5 milliard d'euros.

Au-delà de l'effet d'annonce, cet  engagement n'a rien d'extraordinaire en soi. 2013 représentera en effet une... forte baisse par rapport au 1,11 million de véhicules fabriqués l'an dernier en France, selon les chiffres officiels du CCFA (Comité des constructeurs français d'automobiles). Ces volumes étaient déjà eux-mêmes en recul de 16% en 2012 par rapport... à 2011. La production escomptée en 2013 représente exactement la moitié des niveaux de 2005 (1,88 million). Quant au million promis pour 2016,  ce serait encore moins que les piètres niveaux de 2012 ! Bref, pas de quoi pavoiser!

Rennes en péril

Dans le détail, le site de Sochaux (Doubs), le plus chargé aujourd'hui, produirait entre 280.000 et 380.000 véhicules par an (316.700 en 2012), Mulhouse (Haut-Rhin) entre 190.000 et 230.000 (224.000 en 2012), Poissy (Yvelines) de 240.000 a 270.000 (264.000 en 2012), Rennes (Ille-et-Vilaine) entre 100.000 et 150.000 (129.600 en 2012) et Sevelnord entre 70.000 et 100.000 (59.500 en 2012). Après Aulnay, le site de Rennes est l'usine la plus touchée par la restructuration en cours chez PSA.

"On promet un nouveau véhicule non précisé... pour 2017, mais pas avant", expliquait récemment à latribune.fr une source proche du dossier. à Rennes.  Or, comment le site breton va-t-il tenir jusque là? Il a produit 129.600 unités à peine l'an dernier.... contre plus de 360.000 au milieu des années 2000, pour un potentiel installé qui se montait alors à 400.000 ! L'usine en était fin septembre à 70 jours de chômage partiel depuis le début de l'année, plus quatre semaines de fermeture lors des congés d'été Et, en ce mois d'octobre, la fabrication est arrêtée tous les lundis et les vendredis.

A Rennes, le constructeur automobile avait déjà  annoncé il y a un an la suppression de 1.400 emplois, sur un total de 5.400 salariés (10.000 il y a une dizaine d'années).Mais, "pour faire 100 à 150.000 voitures, on a besoin de 2.600 à 2.800 postes seulement" , souligne un expert, ajoutant:  "le plan de départs de 1.400 personnes pourrait ne pas suffire. De toutes façons, le contrat social dépendra in fine du devenir de la firme automobile elle-même, aujourd'hui en quête éperdue d'argent frais.