La Renault Clio IV, championne des ventes en France, devant la Peugeot 208

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  783  mots
La Renault Clio IV est la plus vendue sur le marché français (Crédits : DR)
Marché "pauvre" de petites voitures, la France aura plébiscité la Renault Clio IV. C'est la plus immatriculée des voitures dans l'Hexagone en 2013. Elle devance sa rivale Peugeot 208.

Et bien c'est elle! La Renault Clio IV est la championne des ventes en France. Autour de 100.000 exemplaires de la petite Renault auront été immatriculés dans l'Hexagone en 2013 (97.000 du 1er janvier au 19 décembre dernier selon des statistiques officieuses). Huitième successeur en ligne directe de la... célèbre 4cv d'après-guerre, la Clio bat sa rivale traditionnelle, la petite Peugeot.

La 208 devrait parvenir pour sa part à 90.000 immatriculations en France environ (84.800 d'après les comptes arrêtés au 19 décembre). Renault vend encore également des Clio III de la génération précédente dans des versions d'entrée de gamme (autour de 20.000 en France en 2013) et Peugeot 25.000 unités de la "vieille" 207.

La Peugeot 208

Produite à Flins et à Bursa en Turquie

La production en série de la Clio IV a démarré fin juillet 2012 à Flins, près de Paris, et à Bursa en Turquie. Les premières livraisons de la voiture ont eu lieu en octobre 2012. La firme au losange visait initialement 350 à 400.000 unités par an. Mais, avec l'aggravation de la crise en Europe, Renault a revu ensuite ses objectifs à la baisse, sans les communiquer.

On est de toutes façons loin du record atteint par la Clio III en 2006, avec quelque 650.000 ventes. Il est vrai que la concurrence s'est accrue et que les gammes de tous les constructeurs se sont nettement diversifiées. La Clio IV est d'ailleurs concentrée sur l'Europe et le pourtour méditerranéen. Ailleurs, c'est plutôt la Sandero à bas coûts qui est privilégiée, sous le label roumain Dacia ou la marque Renault elle-même en Amérique du sud ou en Russie. Un break Clio IV, produit en Turquie, s'est ajouté plus récemment à la gamme.

...Poissy, Mulhouse, Trnava

La fabrication de la Peugeot 208 avait commencé, elle, dès janvier 2012 à Poissy, en région parisienne. Commercialisée en avril de la même année, la 208 était au départ prévue pour 550.000 exemplaires par an dans le monde, dont 400.000 en Europe. Mais, las, ces prévisions trop optimistes ont été sérieusement réduites.

Lointaine héritière de la fameuse 205 qui avait sauvé PSA de la banqueroute au début des années 80, la 208 est fabriquée à Mulhouse (Haut-Rhin) et Trnava (Slovaquie) pour le marché européen. Elle a démarré aussi à Porto Real (Brésil). Le lancement  de cette 208 a représenté un investissement total de 600 millions d'euros en France, selon le constructeur automobile.

Un marché de petits véhicules

Marché de petits véhicules, la France place à la quatrième place la Citroën C3 - derrière le monospace Renault Scénic - aux péripéties industrielles compliquées. Car, la production vient d'en être arrêtée à Aulnay, l'usine qui doit fermer en 2014. La fabrication de la C3 est désormais concentrée sur Poissy, aux côtés de son dérivé trois portes DS3 et de sa demi-soeur... Peugeot 208.  Il s'en est immatriculé dans l'Hexagone 51.000 entre début janvier 2013 et  le 19 décembre dernier, en recul de 15% sur l'année 2012, auxquelles il fait joindre 18.500 DS3 (-22%).

La Citroën C3

Les sixième et septième voitures les plus populaires en France - derrière la compacte Renault Mégane -sont deux autres "petites", soit respectivement la Dacia Sandero (40.000, +57%) à bas prix, fabriquée à Pitesti en Roumanie, et la Renault Twingo (37.200, -3,5%) qui doit être renouvelée en 2014. La Twingo est produite à Novo Mesto, en Slovénie.

La Dacia Sandero

Pas terrible pour les marges

Les petites voitures représentent 53% du marché français (49% l'an dernier), contre 41% seulement en moyenne sur l'Europe occidentale. C'est énorme. La France se distingue donc sur le Vieux continent par ses caractéristiques de pays "pauvre".  L'appauvrissement naturel du marché, le "bonus-malus" prétendument écologique qui taxe lourdement les voitures plus grosses, le prix élevé d'un carburant très taxé qui détourne les clients de voitures qui privilégient le plaisir de conduite, expliquent cette polarisation du marché sur les modèles des segments "A" (Renault Twingo, Peugeot 107...) et "B" (Clio, 208...).

Cette structure de marché ne peut qu'être défavorable aux finances des constructeurs tricolores, qui se retrouvent de facto concentrés sur les créneaux hyper-concurrentiels des petites voitures à très, très faibles marges (sauf les Dacia). Facteur aggravant: ces "petites", dont les français sont devenus de facto les spécialistes, se vendent mal hors d'Europe. Trop chères pour les Brésiliens ou les Indiens, elles sont trop petites pour les Russes ou les Chinois. Et pour limiter les coûts, une bonne part de la production de ces "petites" doit être réalisée hors de l'Hexagone. Aïe.