PSA Peugeot Citroën a du mal à faire tourner ses usines françaises

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  704  mots
La 508 est fabriquée à Rennes
L'usine bretonne de Rennes a fabriqué presque quatre fois moins l'an dernier qu'en 2005. Ses effectifs ont été divisés par trois. Au total, la production de PSA en France aura été divisée par plus de deux en dix ans.

Que vont devenir les usines de PSA Peugeot Citroën en France ? Une fois de plus, un cri d'alarme s'élève concernant l'usine bretonne de Rennes, le site du groupe français sur la sellette, alors que celui d'Aulnay en région parisienne est en cours de fermeture. "Les surcapacités de production (de PSA) en France risquent d'entraîner la fermeture d'une usine terminale", voire "de deux usines terminales", alerte Philippe Bonnin, maire de Chartres de Bretagne, la commune où est implantée l'usine PSA de l'agglomération rennaise.

Chute à 90.000 unités

"En 2005, il avait été fabriqué 340 000 véhicules dans l'usine. Ce sont quelque 90.000 (seulement) en 2013. En 2005, les effectifs étaient supérieurs à 12.000 salariés. Ils seront ramenés à 4.000 tout au plus courant 2014", souligne  l'élu PS, coordonnateur d'un récent Livre blanc sur l'automobile. "En 2006, les emplois directs liés à l'automobile étaient de 27.000 en Ille et Vilaine, de 12.000 en 2012. Ils passeront sous la barre des 10.000 en 2014".

Chômage partiel l'an passé

Le site de Rennes a dû arrêter sa production les lundis et vendredis au dernier trimestre. Et ce, après 70 jours de chômage partiel sur les neuf premiers mois, plus quatre semaines de fermeture lors des congés d'été. Le site breton, qui ne fabrique plus que les Citroën C5 et Peugeot 508 de gamme moyenne supérieure, a  par ailleurs fermé pour des congés prolongés entre les 19 décembre au soir. Il doit rouvrir ce mardi 7 janvier au matin. 

Certes, le groupe PSA a annoncé fin novembre dernier un investissement de 90 millions d'euros sur le site breton, "dédié à la production d'un véhicule du segment C (compact). Ce véhicule viendra remplacer l'actuel (monospace) Peugeot 5008", proclamait alors un communiqué du groupe tricolore.

Le remplaçant du 5008 pas suffisant

Mais, "chacun voit bien qu'il nous faudrait bénéficier  d'un véritable retournement du marché pour écouler le nouveau modèle 5008 Peugeot à 70.000 exemplaires, tel qu'annoncé (par PSA)", assurait, sceptique, l'élu, lors d'une intervention en décembre dernier au sein du conseil municipal de Chartres-de-Bretagne. L'an passé, l'actuel 5008 était en effet bien au-dessous de ces scores. Pas vraiment rassurant. pour l'avenir de cette usine isolée géographiquement.

Plongeon de la production de PSA

La production totale de PSA en crise dans l'Hexagone a chuté de 22,4% sur les neuf premiers mois de l'année. Sur l'ensemble de l'année 2013, elle a tourné autour de 900.000 unités.... contre 1,93 million en 2004. Aïe, quelle dégringolade! De l'aveu même de PSA, les usines françaises du groupe n'ont produit qu'à 60% de leurs capacités au premier semestre, contre 90% il y a deux ans.

Poissy également touché

Si elle a récupéré la fabrication supplémentaire de petites Citroën C3 réalisées auparavant dans le site d'Aulnay, l'usine de Poissy en région parisienne, qui produit les C3, DS3 et  DS3 cabriolet ainsi que des Peugeot 208, a également été en chômage partiel durant seize jours sur le dernier trimestre de l'année dernière. Et elle s'est en outre arrêtée entre le 22 décembre au soir et le 2 janvier au matin pour les congés des fêtes. Poissy comme Mulhouse d'ailleurs ont même lancé une étude pour réduire leur production de deux lignes à une seule. Verdict fin février.  Le site de Sochaux (Doubs), berceau de Peugeot, est en revanche privilégié.

Lourdes pertes

Le constructeur automobile tricolore a vu sa division automobile, au coeur de ses activités, rester lourdement déficitaire au premier semestre, avec une perte opérationnelle de 510 millions d'euros. Le taux d'endettement a grimpé au 30 juin à 35%, contre 23% en 2011. Les capitaux propres ont continué à dégringoler. Le groupe aura encore consommé 1,5 milliard de cash sur l'année 2013, après 3 milliards en 2012. Et Philippe Varin, son président en passe d'être remplacé par Carlos Tavares, ne confirme plus l'objectif d'un retour à l'équilibre fin 2014. Il ne s'engage d'ailleurs plus sur un flux de trésorerie équilibré en 2015...

En mal d'argent frais, PSA, qui a échoué dans son alliance avec GM, négocie avec le chinois Dongfeng pour que celui-ci entre à son capital. L'Etat français devrait également prendre une participation au sein du constructeur.

 

 

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