Carlos Ghosn repousse une nouvelle fois ses objectifs de rentabilité... à 2017

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  809  mots
Carlos Ghosn, PDG de Renault (et Nissan)
Carlos Ghosn, PDG de Renault, reste ferme sur ses objectifs, mais ceux-ci sont sans cesse repoussés! Il escompte désormais plus de 5% de marge pour le constructeur automobile... en 2017. L'an dernier, Renault a atteint 3% seulement. C'est grâce à l'allié Nissan que Renault a affiché en 2013 un bénéfice net..

Ca recommence. Carlos Ghosn, PDG de Renault, reste ferme sur ses objectifs, mais ceux-ci sont sans cesse repoussés! Le patron de l'ex-Régie a encore une fois fixé "une marge... supérieure à 5% pour 2017". Celle-là même que Renault n'a pas atteint, et de loin, en 2013. L'an dernier, Renault a enregistré en effet une marge de 3% à peine (1,24 milliard d'euros). Déjà en 2006, pour son premier grand plan stratégique, Carlos Ghosn tablait sur 6% de marge opérationnelle à terme…

Des objectifs de marge repoussés

L'objectif de marge est l'un des piliers de la deuxième partie du grand plan stratégique "Drive the change" (conduisez le changement), que le PDG présente ce jeudi matin, et qui doit couvrir la période 2014-2017.  Echaudé, le patron ne fixe plus, en revanche, d'objectif de ventes chiffré pour la firme automobile. Il est vrai que, là aussi, les précédents engagements n'ont pas été tenus. 

Carlos Ghosn table désormais sur un chiffre d'affaires de 50 milliards d'euros dans les trois ans. Soit dix milliards de plus que l'an dernier (40,9 milliards, +0,5%). Renault a vendu 2,63 millions d'unités à peine l'an dernier. Le déficit  par rapport aux objectifs naguère fixés pour l'année 2013 est donc de presque 400.000 voitures. Aïe.

Echec dans les volumes

Ces échecs sont d'autant plus flagrants que, déjà, en 2006, le tout nouveau patron de Renault promettait 800.000 voitures de plus au moins pour… 2009. Or, huit ans après, Renault vend in fine, à peine 100.000 unités de plus qu'en 2005. Certes, une très grave crise européenne, que personne ne prévoyait, a bouleversé les marchés. Il n'empêche. Renault n'a pas pu, comme ses rivaux allemands, améliorer ses positions en Europe, ni compenser en-dehors le manque à gagner sur le Vieux continent.

Renault a toutefois, désormais, plusieurs atouts dans son jeu pour tenter de s'imposer. Le constructeur va en effet sortir plein de nouveautés prometteuses. A l'automne 2014, ce sera le lancement de la mini-citadine Twingo III à moteur arrière, développée et co-produite avec les Smart (Daimler). A cet horizon, sortira également le nouvel utilitaire Trafic, puis le successeur de l'emblématique monospace Espace.

Arriveront ensuite une voiture de gamme moyenne supérieure ainsi que les remplaçantes de la berline compacte Mégane et du dérivé monospace Scénic. Ces véhicules seront produits sur la plate-forme commune "CMF" de l'Alliance Renault-Nissan, prévue pour 3 millions de véhicules par an.

Parallèlement, le groupe annonce qu'il va accroitre sa couverture du marché avec une gamme complète de "crossovers" (vrais et faux 4x4), qui lui manque en partie aujourd'hui, un modèle à très bas coûts (moins de 4.500 euros) prévu en 2015 pour l'Inde et l'Amérique latine, ainsi que de nouveaux pick-ups destinés à l'international.

En termes géographiques, la Chine constitue à présent une priorité avec l'implantation d'une nouvelle usine à Wuhan, d'une capacité de 150.000 véhicules par an, et une gamme de "crossovers" de gamme compacte et supérieure. Mais Renault vise aussi une croissance sensible en Russie et en Inde.

Réduction de coûts

Pour contenir ses coûts, le groupe mise par ailleurs sur les économies d'échelle à travers le partage de plate-formes et d'architectures avec Nissan, qui concerneront plus de 80% des futurs lancements. Les projets de convergence dans les achats, l'ingénierie, la fabrication et la logistique avec Nissan devraient générer au moins 4,3 milliards d'euros de synergies à fin 2016, selon les engagements de Carlos Ghosn.

Renault espère en outre tirer profit des plans de compétitivité signés récemment en France et en Espagne ainsi que des volumes additionnels apportés par les partenaires tel le russe Avtovaz (Lada). Le  groupe espère enfin atteindre un taux d'utilisation de 100% de ses capacités en Europe à l'issue du plan.

L'an dernier, le constructeur automobile tricolore a, en attendant, affiché des résultats financiers mitigés, quoique honorables compte tenu de la crise européenne. Il a affiché un résultat opérationnel de 1,24 milliard d'euros, contre 782 millions d'euros en 2012. Dans la seule activité automobile, le résultat opérationnel est en hausse de 461 millions d'euros à 495 millions et atteint 1,3 % du chiffre d'affaires. Ce qui reste très faible dans l'absolu!

Une entreprise saine

Grâce à  la contribution de l'allié Nissan de 1,44 milliard d'euros  - Renault détient près de 44% du capital du japonais -, Renault affiche un bénéfice net de 586 millions d'euros - seulement - au titre de 2013. Le flux de trésorerie opérationnel de l'activité automobile était cependant positif de 827 millions d'euros.

L'entreprise reste saine, puisque  la position nette de liquidités'élève à 1,76 milliard d'euros, en hausse de 229 millions d'euros par rapport au 31 décembre 2012. Un dividende de 1,72 euro par action, stable, sera soumis à l'approbation de la prochaine Assemblée générale des actionnaires.