Alfa Romeo, une marque haut de gamme indépendante au sein de Fiat Chrysler

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  673  mots
La sportive Alfa Romeo 4C
Le célèbre label sportif milanais pourrait devenir une marque indépendante, avec ses propres comptes, au sein du nouveau groupe Fiat Chrysler Automobiles. Un plan doit être annoncé le 6 Mai. En attendant, Alfa Romeo vend à peine 75.000 voitures par an, retrouvant son score des années 60!

Alfa Romeo. Quel passionné d'automobile ne vibre-t-il pas en entendant ces deux noms magiques depuis plus de cent ans? Si riche d'une histoire mouvementée, la marque italienne est toutefois, aujourd'hui, profondément malade. Et pourtant, elle va revivre. Si, si, c'est ce que promet le "docteur" Sergio Marchionne, patron de Fiat Chrysler Automobiles (FCA), l'entité née en début d'année de la fusion entre l'italien et l'américain.

Ventes en chute

Dans son plan, qui doit être présenté le 6 mai prochain, Sergio Marchionne a décidé de transformer la marque milanaise de voitures sportives en constructeur indépendant, comme Maserati et Ferrari, selon le site spécialisé Automotive News Europe. Avec ses propres comptes. Au sein bien sûr de FCA.

Intégrée depuis longtemps à Fiat, Alfa Romeo perd structurellement de l'argent, selon les sources internes. Le label au blason frappé du serpent des Visconti a livré moins moins de 75.000 unités l'an passé.  Il n'avait déjà écoulé que 110.000 voitures en 2012 et 137.000 en 2011. On est  loin du pic des 220.000 de 2001 et des promesses initiales de Sergio Marchionne, qui, il y  a dix ans, annonçait 300.000 unités annuelles! La marque est cinq fois plus petite que le suédois Volvo, vingt fois plus que BMW. Elle est revenue aux scores de  fin des années 60...

Deux modèles principaux

La gamme ne compte il est vrai que deux modèles - hormis l'ultra-sportive et confidentielle 4C -: la Mito, une vieillissante petite voiture datant de 2008, et la compacte Giulietta de 2011, qui génère 70% des ventes. Une offre beaucoup trop restreinte. Jamais l'offre n'avait été aussi réduite depuis les années 60... Sergio Marchionne promet certes désormais une - énième -  relance. Mais, les premiers modèles, censés replacer Alfa Romeo dans le haut de gamme, ne sont pas attendus avant trois ans. Et, d'ici là, il est fort à craindre que les ventes ne poursuivent leur descente aux enfers.

Six nouveaux modèles sont en principe attendus: un "SUV" compact et une berline de gamme moyenne., prévus, selon le site Automotive News traditionnellement bien informé sur l'Italie,  pour une production à Cassino (Italie centrale), un grand "SUV" et une grande berline, qui devraient être fabriqués à Mirafiori (Turin). Enfin un coupé et un cabriolet sont escomptés également. Les Alfa devraient à l'avenir partager nombre de composants avec les Maserati, cette marque de prestige également propriété de FCA, et dont une brillante relance a lieu en ce moment.

Nouvelle plate-forme

Alfa Romeo comme Maserati sont d'ailleurs dirigées par le même patron, Harald Wester. Sergio Marchionne veut désormais que les grandes Alfa reposent sur une plate-forme à propulsion (transmission aux roues arrières ou aux quatre roues), comme les BMW ou les  Mercedes C, E, S, ainsi que... les modèles exclusifs et à hautes performances de Maserati. Hors d'Europe où elle aujourd'hui quasi-inexistante, Alfa Romeo pourrait utiliser le réseau... Jeep. Le spécialiste du 4x4 est le fleuron de l'ex-groupe Chrysler. FCA devrait investir au moins 5 milliards d'euros au départ dans la relance d'Alfa Romeo, d'après Massimo Vecchio,  analyste de Mediobanca Securities, cité par Automotive News.

La séparation d'Alfa Romeo du reste de l'entité Fiat est considérée comme devant  donner l'autonomie et la visibilité pleine et entière à cette marque qui fut l'équivalent de BMW dans les années 60. Mais des esprits chagrins s'interrogent: n'ouvre-t-elle pas la porte  à une future revente? Volkswagen s'est montré intéressé à plusieurs reprises.  Sergio  Marchionne a toutefois publiquement refusé tout idée de cession. 

FCA est aujourd'hui déséquilibré. Chrysler, l'américain racheté progressivement par Fiat au lendemain de sa mise sous protection de  la loi américaine sur les faillites en 2009, a dégagé un bénéfice net de 2,76 milliards de dollars (2,1 milliards d'euros)  l'an dernier  (+65%) et un chiffre d'affaires en hausse de 9,7% à 72,14 milliards (55 milliards d'euros). Sans Chrysler, Fiat aurait été pour sa part... déficitaire à hauteur de 911 millions d'euros. Soit une perte supérieure à celle de 2012 (787  millions)!