Nissan, allié de Renault, fait des profits, mais pas pas tant que ça !

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  536  mots
Carlos Ghosn, patron de Nissan et Renault
Nissan, contrôlé par Renault, a accru son profit net de 14% l'an passé à 2,9 milliards d'euros, grâce notamment à la forte dépréciation du yen. Sa marge opérationnelle de 4,7% est inférieure à celle des grands concurrents.

Nissan est bénéficiaire. Pas de doute là-dessus. L'allié de Renault a encore enregistré un  bénéfice net, en hausse de 14%, à 389 milliards de yens (2,9 milliards d'euros au taux de change moyen de la période), pour l'exercice fiscal 2013-3014 (avril 2013 à mars 2014). Son chiffre d'affaires a bondi de 20% à 10.482 milliards de yens (78 milliards d'euros) et son bénéfice opérationnel de 13,6% à 498 milliards de yens (3,7 milliards d'euros). Soit une marge de 4,7%... qui n'a rien d'extraordinaire face aux 6,3% de son compatriote Honda ou aux 9% de Toyota. Volkswagen avait, lui,  enregistré une marge de 6%. Nissan est loin des 8% de marge promis pour la fin de l'année fiscale 2016 par Carlos Ghosn, PDG de Renault et Nissan, dans  le plan "Nissan Power 88".

La baisse du yen

Et encore les résultats de Nissan sont-ils fortement redevables - comme ceux de Honda et Toyota - à la dépréciation d''un quart du yen face à l'euro, de 20% face au dollar! Et ce, du fait de la politique du Premier ministre Shinzo Abe ayant poussé la banque centrale à assouplir sa politique monétaire. Cette évolution de la devise japonaise a dopé les revenus tirés par le groupe  - contrôlé à 43,4% par Renault - à l'étranger.

Pour l'exercice 2014-2015 en cours (1er avril 2014  au 31 mars 2015), Nissan prévoit une hausse de 4% de son bénéfice net à 405 milliards de yens (2,9 milliards). Son chiffre d'affaires pourrait gagner 2,9% à 10.790 milliards de yens (80 milliards d'euros), tandis que son bénéfice opérationnel progresserait de 7,4% à 535 milliards (3,8 milliards d'euros). Soit une marge envisagée de 4,9%.

L'an passé, les ventes de Nissan ont progressé de 5,6% en volume, tirées par de bonnes progressions des résultats au Japon, en Chine et aux Etats-Unis. L'Alliance Renault-Nissan détient 6,1% du marché chinois - la part du français est négligeable. Aux Etats-Unis, Nissan s'octroie 8% du marché. Renault et  Nissan ensemble ont écoulé l'an passé dans le monde 8.264.821 unités.

Progression cette année

Le deuxième constructeur japonais s'attend à une progression cette année de 8,9% de ses ventes dans le monde, avec deux nouveaux sites de production au Mexique et au Brésil. Il compte aussi sur une année pleine pour les nouveaux "SUV"  Qashqai et Rogue, l'arrivée d'une petite voiture à bas coûts, la Datsun GO dans les pays émergents, et celle de la berline Q50 de sa marque haut de gamme Infiniti. 

La moindre rentabilité de Nissan par rapport à ses compatriotes s'explique notamment  par une présence historiquement inférieure sur le très lucratif marché américain. Nissan pâtit également d'une valeur de marque inférieure. Aux Etats-Unis notamment, mais pas seulement, les Nissan se vendent moins cher que les voitures de ses deux rivales japonaises. La satisfaction des consommateurs concernant les produits Nissan est il est vrai sensiblement moins bonne, dans les enquêtes mondiales.

Grâce à  la contribution... de l'allié Nissan (1,44 milliard d'euros),  Renault avait réussi à afficher l'an dernier un bénéfice net de 586 millions d'euros. Sans Nissan, le français aurait été dans le rouge. Le constructeur automobile tricolore avait enregistré un résultat opérationnel de 1,24 milliard d'euros. Dans la seule activité automobile, le résultat opérationnel se montait à  495 millions, soit 1,3 % du chiffre d'affaires à peine.