PSA implante une cinquième usine en Chine, clé de son redressement

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  868  mots
Le futur petit "SUV" chinois de Citroën, présenté au dernier salon de Pékin (Crédits : DR)
PSA annonce une cinquième usine en Chine. Il vise 1,5 million d'unités par an d'ici à 2020 dans le pays pour sa co-entreprise DPCA. Avec le chinois Dongfeng, un de ses actionnaires de référence, le français parie sur la Chine, clé de voûte de son redressement.

Pour soutenir sa forte croissance en Chine, PSA va y ouvrir une cinquième usine.  DPCA, la principale co-entreprise locale de PSA, a signé ce mercredi un accord avec la municipalité de Chengdu (centre de la Chine) pour la construction d'un nouveau site.  Les "travaux commenceront au second semestre de cette année et la première voiture sortira des lignes de production fin 2016", précise le groupe tricolore. D'une "capacité totale de 300.000 véhicules par an, ce site - le premier de DPCA qui ne sera pas installé à Wuhan - fabriquera des véhicules des marques Citroën, Peugeot et Fengshen", la marque de son partenaire chinois Dongfeng. Il s'agira de "SUV" (vrais et faux 4x4) et de monospaces .

1,3 million d'unités en trois équipes

Le dispositif industriel actuel de DPCA avec le partenaire local Dongfeng est constitué aujourd'hui de trois usines à Wuhan. Elles fonctionnent en deux équipes pour une capacité potentielle de 750.000 unités par an. Avec cette quatrième usine, les capacités de DPCA "seront portées à 1 million de véhicules à l'horizon 2016", assure le groupe français. Avec quatre usines, "on sera capables de produire 1,3 million d'unités en trois équipes", précisait même Grégoire Olivier, directeur Asie de PSA, en marge du salon de Pékin fin avril.

Le groupe auto français dispose par ailleurs d'une deuxième co-entreprise en Chine, CAPSA avec le groupe Changan, qui a démarré l'an dernier la production des DS dans une usine spécifique à Shenzhen. Cette société, qui n'en est qu'à ses débuts, n'a rien à voir avec DPCA, dont elle est totalement indépendante.

Avec plus de 60.000 facturations en mai, PSA affirme que sa co-entreprise DPCA détient actuellement une part du marché chinois "supérieure à 4,5%, en hausse de 0,6 point par rapport à mai 2013". Sur cinq mois, la part "s'établit à 4,2% pour un volume de ventes supérieur à 285.000 unités". Citroën a vu ses volumes croître en mai de 15% et  Peugeot de près de moitié.

50.000 voitures avec DS

Citroën est surtout  tiré en Chine par la nouvelle petite C-Elysée (7.700 livraisons en mai) et la bonne tenue de la compacte à quatre portes pour le marché local, la C-Quatre (8.100). Peugeot tourne surtout en Chine avec la 308 (l'ancien modèle, 8 000 livraisons), le "SUV-monospace" 3008, nouveau sur ce marché (6.100 livraisons), et la  301 (6.000). DPCA a pour objectif de vendre cette année plus de 650.000 véhicules en Chine.

En parallèle, CAPSA vise 50.000 véhicules (DS)  en Chine pour 2014. Soit un total prévu de 700.000 Peugeot, Citroën et DS dans l'ex-Empire du milieu escompté cette anéne. Ce qui représenterait une croissance des volumes de 30% par rapport à l'année 2013.

PSA est établi depuis les années 80 en Chine. Il s'était d'abord installé à Canton pour produire des Peugeot 504 et 505. Mais cette société commune avec la municipalité de Canton n'a pas décollé et a finalement périclité. PSA a démarré par ailleurs avec le groupe Dongfeng une autre société commune au début des années 90 à Wuhan pour produire initialement des Citroën Zx.

Beaucoup de retard accumulé

Mais, faute d'une gamme adaptée et d'investissements, victime d'errements stratégiques, PSA  a pris beaucoup de retard par rapport à Volkswagen, arrivé en même temps que lui, mais aussi aux nouveaux entrants comme GM, Nissan, Hyundai-Kia. PSA n'est reparti à l'offensive que depuis trois ans à peine. Et sa part de marché demeure hélas relativement faible par rapport aux principaux concurrents.

"DPCA  réalise une marge opérationnelle de 7%. On pense qu'on peut faire mieux", affirmait fin avril au salon de Pékin Carlos Tavares, le nouveau patron de PSA. 7% constitue déjà un résultat honorable. Seulement, voilà : c'est... moitié moins que les marges des sociétés communes en Chine des japonais Nissan ou Honda, souligne-t-on officieusement au sein du constructeur français.

La Chine est cruciale pour PSA. "C'est là où on gagne de l'argent", assurait pour sa part Maxime Picat, directeur général de Peugeot, au salon de Pékin. Effectivement, le groupe français a été déficitaire en Europe l'an dernier, comme en Russie et en Amérique du sud. D'où l'importance de l'ex-Empire du milieu dans le redressement du groupe! C'était la seule zone géographique où PSA gagnait de l'argent.

Actionnaire chinois chez PSA

La Chine est d'autant plus cruciale que son partenaire local historique, le consortium public Dongfeng Motors, vient d'entrer au capital de PSA à hauteur de 14%. Histoire de renflouer le constructeur français en crise et en mal d'argent frais. Le chinois  est désormais l'un des trois actionnaires de référence du groupe automobile avec l'Etat français et la famille fondatrice Peugeot. Le 28 mars dernier, lors de la ratification du partenariat stratégique permettant une nécessaire augmentation de capital de PSA Peugeot Citroën, ce dernier et Dongfeng se sont donnés pour objectif de vendre 1,5 million de véhicules par an dans l'ex-Empire du milieu d'ici à 2020. Il faut ajouter à ce total les ventes de CAPSA, prévues à moyen terme autour de 200.000 par an. Les usines chinoises doivent aussi aider PSA à s'implanter en Asie du sud-est, où sa présence est aujourd'hui dérisoire.