Renault va fabriquer de nouveaux 4x4 et une grande berline en Corée

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  699  mots
La SM5 de Renault Samsung exportée sous le nom de Renault Latitude
La filiale de Renault en Corée vise une marge opérationnelle supérieure à celle du groupe au losange. Elle table sur une production de plus de 200.000 voitures à Busan en 2016. Renault Samsung va fabriquer de nouveaux "SUV" ainsi que les remplaçants des Renault Fluence et Latitude.

Renault a perdu beaucoup d'argent en Corée. Mais il remonte lentement la pente. Renault Samsung Motors (RSM), filiale (à 80%) du constructeur automobile français "attend une croissance des ventes et de la production de 20% sur l'année", affirme à La Tribune François Provost, son PDG. L'usine phare de Busan a des capacités de 300.000 unités annuelles (en deux équipes), qu'elle n'a jamais saturées, et de loin. Le site n'a fabriqué que 130.000 véhicules en 2013 . Mais, "nous allons accoître de 60% la production entre 2013 et 2016, année où nous dépasserons les 200.000 unités", indique le PDG de RSM, qui pourrait friser la saturation à l'horizon 2018.

Nouveaux "SUV" prévus à Busan

Busan va  recevoir l'appoint, au deuxième semestre, de la production du Nissan Rogue, un dérivé du "SUV" Nissan X-Trail, pour une exportation vers l'Amérique du nord. La capacité annuelle prévue pour ce véhicule est de 80.000 unités. Déjà ça. Mais pas suffisant. "Nous sommes en phase de développement de nouveaux produits. Sur la même plate-forme que le Nissan Rogue, nous allons produire de futurs "SUV" Renault. Nous ferons aussi des berlines pour succèder aux SM3 et SM5", précise François Provost. La SM3 de gamme moyenne est l'équivalent de la berline Renault Fluence et la "grande" SM5 est exportée sous le nom de Renault Latitude.

"Notre priorité c'est le marché coréen mais aussi l'Asie, voire au-delà". Les futurs produits seront des Renault, pas des Nissan. Mais ils ne seront plus destinés à l'Europe comme les actuels 4x4 QM5 (Renault Koleos à l'export) ou SM5 (Renault Latitude). Base industrielle pour le marché d'Asie, Busan fabriquera en partie les mêmes véhicules que ceux de la future usine de Renault en Chine, mais cette dernière sera concentrée, elle, uniquement  sur le marché de l'ex-Empire du milieu.

Qualité de fabrication réputée

Au premier semestre 2014, Renault Samsung Motors a vendu 62.742 véhicules (+6,9 %), dont 36 971 ont été écoulés sur le marché coréen (+40%). Les véhicules sont vendus sous la marque RSM en Corée, Renault ailleurs. Créé en 2000, RSM est issu du rachat par Louis Schweitzer, alors PDG de Renault, des activités automobiles de Samsung en déshérence. Renault avait notamment repris l'usine toute neuve de Busan, construite avec l'aide des ingénieurs de... Nissan.

RSM est réputé pour la qualité de fabrication. Busan est, affirment les experts, la meilleure usine du groupe Renault à cet égard. Mais Renault Samsung Motors est beaucoup trop petit face à l'omniprésence du constructeur local Hyundai-Kia, cinquième groupe automobile mondial. Sa gamme est trop étroite.

En outre, "le marché coréen de 1,3 million de voitures annuellement est insuffisant pour faire vivre RSM".  D'où une production chroniquement  faible. RSM détenait sur les six premiers mois de l'année  5,6% du marché coréen seulement. Problème: le petit Captur, rebaptisé QM3 localement et qui connaît un bon succès, représente à lui seul 45% des ventes (en juin). Or, il est importé d'Espagne. RSM exporte dans 60 pays, mais pas assez, à cause de l'échec hors de Corée de la berline SM5 (Latitude) et du semi-échec du QM5 (Koleos).

Profits après quatre ans de pertes

"Nous avons amélioré l'efficacité industrielle de 35% à Busan, qui doit passer  de 40 véhicules fabriqués par heure au premier semestre à 55 au deuxième. Nous avons accru le taux d'intégration locale au-delà de 75% pour mieux profiter du tissu de  fournisseurs coréens", souligne François Provost.

"Nous avons réalisé en 2013 le premier bénéfice opérationnel depuis 2008", affirme le PDG de RSM, ajoutant: "nous avons affiché un profit opérationnel de 44 milliards de wons (30 millions d'euros), avec un an d'avance sur le plan. Et nous ferons mieux en 2014". En 2011, "nous perdions 30 millions de dollars (23 millions d'euros) par mois", rappelle-t-il. "Nous visons une marge opérationnelle pour RSM supérieure à celle du groupe Renault dans son ensemble". Renault escompte une marge de 5% à l'horizon 2017. RSM n'est pas encore sorti d'affaire mais le plan pour le sortir de l'ornière semble cohérent... à condition que Renault réussisse enfin sur le marché asiatique, où ses ventes sont aujourd'hui bien  faibles.