Toyota mise sur la France, où il augmente encore sa production

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  811  mots
La Toyota Yaris "made in France" vient d'être restylée
Le groupe auto japonais révise à la hausse ses prévisions de production en France cette année. Il compte y fabriquer 225.000 citadines Yaris en 2014. Et il embauche. Alors que Renault et PSA jugent quasi-impossible de fabriquer des petits modèles dans l'Hexagone, Toyota affirme le contraire.

Fini la production de petites voitures en France?  Pas pour Toyota, qui mise sur le "made in France". Le japonais va même... encore augmenter la production de ses citadines Yaris à Valenciennes (Nord). Lors du discours de rentrée à l'attention du personnel de l'usine fin août, le Président de TMMF (la filiale de production dans l'Hexagone du groupe nippon) Koreatsu Aoki a annoncé "une hausse des volumes pour 2014 à 225 000 voitures, soit une hausse de 17%" par rapport à 2013. La progression devrait être supérieure de 5.000 unités à ce qu'il prévoyait au printemps dernier.

"50 opérateurs actuellement en intérim vont être embauchés en CDI d'ici à décembre 2014", a en outre indiqué le constructeur japonais. Et ce, alors que PSA a récemment annoncé qu'il ne produirait plus à l'avenir de petites voitures "généralistes" dans l'Hexagone, à cause des coûts trop élevés. Renault ne fabrique plus pour sa part en France qu'une part minoritaire de ses Clio et - au compte-gouttes - son modèle électrique Zoé. La production de PSA et Renault a chuté de moitié en dix ans dans l'Hexagone.

Troisième équipe recrutée

A la mi-juin, Toyota avait démarré une troisième équipe dans son usine française de Valenciennes. Pour cela, le deuxième constructeur automobile mondial avait recruté 520 intérimaires, avec des contrats de six mois renouvelables deux fois. L'usine "totalisera plus de 3.150 salariés à contrat indéterminée et au total plus de 4.100 personnes au sein de TMMF", précise le groupe.

1.100 Yaris seront ainsi produites par jour, contre 840 en deux équipes. On sera certes encore loin de l'année record pour le site tricolore du japonais (262.000 unités en 2007). Mais très au-delà également du point bas de 2011 (150.000).  La Yaris vient d'être restylée.

Toyota a démarré son activité à Valenciennes le 31 janvier 2001. Le site produit des Yaris à essence, diesel et hybrides, pour les marchés européen mais aussi nord-américain. La version hybride (essence-électrique) représente à ce jour 28 % des volumes de production totaux... et 45%  des ventes en France.. Il a fabriqué plus de 2,4 millions de Yaris à ce jour, exportées à 84%. Les investissements s'élèvent à plus d'un milliard d'euros.

Les clés de la réussite

Mais, comment fait donc Toyota? Il est vrai que la firme nippone bénéficie en France d'une usine récente, créée avec les circuits de logistique les plus modernes et du personnel relativement jeune. Ce qui n'est pas le cas pour les vieux sites de Renault à Flins ou de PSA à Aulnay, qui a arrêté la production en octobre 2013, ou à Poissy.

Quels sont donc les fameux ingrédients qui permettent à Toyota de produire contre vents et marées des petits véhicules dans l'Hexagone, en gagnant de l'argent ? C'est essentiellement un problème de "conception de l'usine. La main d'oeuvre, c'est 8 à 15% des coûts totaux d'une voiture selon les modèles. Mais 8 à 15% proviennent du coût d'amortissement des machines. Ca, c'est lié au niveau d'investissement. 2 à 3% sont générés par les coûts de l'énergie. Il y a donc beaucoup de paramètres", nous expliquait récemment Didier Leroy, président de Toyota Europe et "créateur" du site de la firme nippone à Valenciennes.

Or,  l'usine a été conçue comme un site "maigre" avec des "outils plus simples et moins chers. Cela tient à la conception plus simple de nos voitures. Nous avons aussi un taux de fiabilité supérieur des robots, car nous faisons en interne un certain nombre de développements. Tout ça génère des économies", assurait Didier Leroy.

Beaucoup moins de retouches

Dans les ateliers de peinture, "nous avons prévu de la place pour 37 voitures en stock, contre 250 à 500 chez les concurrents. Nous faisons plus compact, donc moins cher", plaide le dirigeant, un ancien de Renault. Autre exemple: quand on "fait bien du premier coup, on retouche moins les modèles en bout de chaîne. Nous avons à Valenciennes une zone de retouches de 45 places à peine, contre 450 dans une usine standard. Vous faites là de sacrées économies de place, donc vous réduisez là aussi vos coûts",  soulignait le dirigeant, un ancien de Renault.

Et les pièces, d'où viennent-elles? "Nous avons une cinquantaine de fournisseurs français, plus d'une quarantaine de fournisseurs britanniques. Contre une vingtaine en Europe de l'est, une quinzaine en Turquie. 150 sur 200 fournisseurs ne proviennent pas de pays à bas coûts", répondait Didier Leroy, écartant la légende de composants importés massivement d'Europe de l'estLa Yaris a d'ailleurs obtenu en 2013 le label "Origine France Garantie" (OFG).

Fin juin, la CGT avait dénoncé des pratiques anti-sociales sur le site Toyota de Valenciennes avec notamment la mise à pied pendant cinq jours d'une salariée. La firme japonaise avait aussitôt rétorqué en dénonçant à son tour une "campagne de dénigrement".