En rachetant l'allemand Hella, le français Faurecia crée Forvia, un nouveau géant de la voiture du futur

Forvia devient le septième équipementier automobile mondial et permet ainsi au français Faurecia d'atteindre une taille critique suffisante pour continuer à peser sur un marché en proie à la consolidation. Patrick Koller, directeur général de Faurecia, a revu à la hausse les synergies industrielles de ce rachat.
Nabil Bourassi
(Crédits : Forvia)

À peine autorisé par Bruxelles, le rachat de Hella par Faurecia prend des allures de super fusion avec l'annonce d'une nouvelle dénomination pour le nouvel ensemble. Patrick Kohler, directeur général de Faurecia, a annoncé ce lundi que la nouvelle entité s'intitulera Forvia. Un nouveau nom pour un nouveau groupe? Presque... En réalité, Hella et Faurecia conserveront leur dénomination juridique, leur propre gouvernance et leur propre cotation boursière. Forvia ne serait donc qu'une "marque ombrelle", comme le précise le communiqué de presse.

Une prise de contrôle à 80%

Toujours est-il que Faurecia détient, de fait, le contrôle de l'allemand Hella avec 79,5% du capital. Pour Patrick Koller, ce rachat permet d'acquérir la taille critique nécessaire pour accélérer la transformation de Faurecia. Forvia devient le 7e équipementier automobile mondial et vise un chiffre d'affaires de 33 milliards d'euros en 2025, assorti d'une marge opérationnelle de 8,5%. Patrick Koller a également révisé à la hausse l'objectif de synergies industrielles qui passe de 200 à 250 millions d'euros par an.

Pour le patron arrivé à la tête de Faurecia en 2016, ce rachat à 6,7 milliards d'euros (dont 3,4 milliards en numéraire) est l'aboutissement d'une longue réflexion sur la meilleure manière de franchir des seuils de taille critique pour continuer à peser dans la compétition internationale. En 2018, il avait évoqué la constitution d'une quatrième jambe pour compléter les activités sièges, tableaux de bord, électronique de bord et équipements de dépollution. Mais la tâche pour devenir leader sur un marché à acquérir paraissait complexe. L'entrée dans le capital de Symbio, détenu à 50-50 avec Michelin, était un premier pas, permettant à Faurecia de se positionner résolument dans la chaîne de traction hydrogène.

Devenir le roi du cockpit du futur

Avec Hella, Faurecia acquiert une activité complémentaire de ses métiers historiques. Avec son expertise dans l'électronique et l'éclairage, le français peut achever son projet de devenir un intégrateur complet du cockpit du futur. L'autonomie et la connectivité vont mettre au cœur de la chaîne de valeur les éléments liés à la planche de bord et tous les instruments de contrôle de la conduite.

Car la question de la taille était devenue urgente alors que, d'une part, la consolidation du marché est devenue inéluctable, et d'autre part, la valorisation de Faurecia le met plutôt en position de proie. Le groupe a frôlé les 3 milliards de capitalisation boursière courant 2021, et oscille aujourd'hui autour de 5,4 milliards d'euros.

Avec Forvia, Patrick Koller espère donner plus de perspectives aux investisseurs sur la stratégie long terme du groupe. Historiquement, Faurecia souffre d'une comparaison défavorable avec Valeo, l'autre grand équipementier automobile français, qui bénéficie d'une surprime (même si celle-ci s'est largement délitée ces dernières années).

En attendant, les marchés semblent apprécier le plan de rachat de Hella. À la Bourse de Paris, sur Euronext, le titre de Faurecia grimpe de 2,6% sur un marché atone. Il faudra voir si cette tendance s'inscrit dans la durée, et si le concept de "marque ombrelle" en lieu et place d'une fusion, sera bien comprise.

Nabil Bourassi

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