Faurecia : la méthode de Patrick Koller pour reconquérir les marchés

Le rachat d'Hella par le premier équipementier automobile français marque un tournant majeur dans le processus de transformation du modèle Faurecia que conduit Patrick Koller depuis 2016. Après avoir repositionné le groupe, le PDG estime avoir désormais les mains libres pour adopter une stratégie de croissance plus ambitieuse. Cette opération permet aussi à Faurecia de gagner davantage de visibilité sur les marchés où le groupe est réputé sous-coté.
Nabil Bourassi
Avec le rachat d'Hella, Faurecia franchit un seuil critique pour s'imposer comme un acteur de poids dans l'équipement automobile.
Avec le rachat d'Hella, Faurecia franchit un seuil critique pour s'imposer comme un acteur de poids dans l'équipement automobile. (Crédits : Benoit Tessier)

Patrick Koller, PDG de Faurecia, n'a pas attendu un an, depuis l'émancipation de son actionnaire historique, le groupe PSA devenu Stellantis, pour passer à l'action. Depuis la cession de la participation des 44% du capital de Faurecia, le premier équipementier automobile français veut accélérer ses projets de croissance mais également la transformation de son modèle.

Avec le rachat d'Hella pour 6,7 milliards d'euros (dont 3,4 milliards en numéraire), le spécialiste allemand de l'éclairage automobile, Faurecia franchit un seuil critique pour s'imposer comme un acteur de poids dans l'équipement automobile. Déjà leader mondial des sièges, des tableaux de bord, expert dans l'électronique de bord, il manquait au groupe français une brique technologique liée à l'éclairage intérieur et extérieur. Pour Patrick Koller, il s'agit de compléter son expertise dans le cockpit du futur, un produit intégré à très forte valeur ajoutée pour la voiture de demain, réceptacle de la révolution de la connectivité automobile. Faurecia travaille déjà avec Hella depuis plusieurs années dans le cockpit du futur, faisant ainsi l'impasse sur les produits de son compatriote Valeo, qui n'est jamais réellement son concurrent, mais avec qui il entretient cependant une rivalité d'ego.

A la recherche d'un effet de taille

Patrick Koller accélère ainsi la transformation de Faurecia qu'il a enclenchée lors de son intronisation à la tête du groupe en 2016. Il estime avoir achevé la première phase autour du repositionnement du groupe sur des produits à forte valeur ajoutée, plutôt orientés vers la décarbonation, l'électrification et la connectivité. Désormais, il s'agit d'aller chercher un effet de taille dont il n'a jamais caché son ambition. En juin 2017, il déclarait à La Tribune réfléchir à créer « une quatrième jambe » afin d'aller chercher de la croissance et un effet de taille.

Avec son chiffre d'affaires de 18 milliards d'euros (2019), Faurecia est un équipementier de taille moyenne par rapport à des mastodontes comme Bosch (78 milliards) ou Continental (45 milliards). Mais ce projet de nouvelle branche finit par être abandonné. Trop compliqué à mettre en œuvre, trop cher, trop risqué. Patrick Koller referme ainsi le dossier Magneti-Marelli, équipementier italien mis en vente par le groupe Fiat. Puis, il se contente d'aller dans l'hydrogène à travers une coentreprise avec Michelin, Symbio. Plutôt que construire une nouvelle activité, Patrick Koller préfère donc renforcer les métiers où il est déjà très présent. Il avait déjà illustré cette méthode avec le rachat, en 2019, du japonais Clarion, spécialiste de l'électronique embarquée. Avec le rachat d'Hella, Faurecia achève donc son ambition de s'imposer comme un acteur incontournable de la voiture du futur et augmente son volume d'affaires de près d'un tiers (6 milliards).

Une meilleure valorisation des marchés

Mais cette opération est surtout une opportunité pour Patrick Koller d'offrir au marché une meilleure lecture de sa stratégie de croissance. Le patron de Faurecia confirme sa stratégie d'innovation et de positionnement sur des segments porteurs, mais surtout sa capacité à casser la tirelire le cas échéant. Une véritable surprise de la part de celui qui a fait du désendettement du groupe une vraie matrice financière. Cette opération peut marquer la fin d'une sous-valorisation chronique dont souffre le groupe Faurecia depuis la dernière crise financière.

Le manque de liquidités du titre (notamment dû à la participation écrasante de 44% de l'ancien actionnaire), une comparaison défavorable avec Valeo davantage perçue comme une « valeur tech », et un manque de visibilité stratégique, avaient posé un véritable plafond de verre sur le titre. Cette situation a longtemps été mal vécue par le management de Faurecia qui déplore systématiquement une valorisation ne reflétant pas la réalité du groupe ni ses perspectives. L'accueil euphorique des investisseurs (+11%) sur le titre au lendemain du rachat d'Hella pourrait ouvrir une nouvelle page pour Faurecia.

Nabil Bourassi

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Commentaires 2
à écrit le 18/08/2021 à 10:32
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Quel contraste entre ces sujets sur lesquels vous avez un peu de liberté et ceux sur l'information générale sur laquelle vous n'avez visiblement plus la main. Cela a quelque chose de profondément terrifiant quand on constate la totale faiblesse de no...

à écrit le 18/08/2021 à 10:30
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Quel contraste entre ces sujets sur lesquels vous avez un peu de liberté et ceux sur l'information générale sur laquelle vous n'avez visiblement plus la main. Cela a quelque chose de profondément terrifiant quand on constate la totale faiblesse de no...

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