Renault plus que jamais sous pression ! Le groupe automobile français a été cité par le président ukrainien qui intervenait devant les députés français. Dans une visioconférence transmise en directe à l'Assemblée Nationale, Volodymyr Zelensky a exhorté les entreprises françaises "à cesser d'être les sponsors de la machine de guerre russe". Et de citer Renault, parmi Leroy Merlin et Auchan. "Les entreprises françaises doivent arrêter de financer le meurtre d'enfants de femmes, de viols", a lancé le président ukrainien assiégé par les troupes russes à Kiev, la capitale du pays. "Tout le monde doit se rappeler que les valeurs valent plus que les profits", a-t-il implacablement martelé alors que les entreprises françaises tergiversent face aux enjeux économiques d'un abandon du marché russe. Quelques heures plus tard, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a carrément appelé à un "boycott" mondial du constructeur automobile français en raison de "son refus de quitter la Russie".
Dmytro Kouleba accuse dans un tweet Renault, dont la Russie est le deuxième marché et où il est présent via la compagnie AvtoVAZ, de "soutenir une guerre brutale d'agression". Il appelle en conséquence "les clients et les entreprises à travers le monde à boycotter le groupe Renault".
Plus qu'un Leroy Merlin ou un Auchan, la position de Renault sur la Russie est de plus en plus compliquée à tenir, en vertu du statut de son premier actionnaire qui n'est autre que l'Etat français (15% du capital) et qui est largement partie prenante dans les sanctions prises contre Moscou.
Un cauchemar pour Renault
Chez Renault, le scénario d'un retrait de Russie prend dès lors des allures de cauchemar avec des pertes considérables, mais aussi avec la crainte de ne plus jamais revenir sur ce marché. Le coût d'un départ serait tout simplement colossal. Le constructeur automobile français a pris le contrôle d'Avtovaz (le fabricant de Lada) au début des années 2010 et y a investi plusieurs milliards d'euros pour moderniser l'outil industriel et développer une nouvelle gamme de modèles. Si le chiffre d'affaires est encore limité (3 milliards pour le seul Avtovaz, c'est-à-dire sans les ventes de la marque Renault), la Russie constitue toutefois un des marchés où Renault misait le plus pour son internationalisation. La marque au losange s'apprêtait d'ailleurs à y lancer une nouvelle gamme accompagnée d'une nouvelle stratégie davantage orientée sur les profits que les volumes. Avec 500.000 voitures vendues, la Russie était déjà le deuxième marché de Renault, derrière la France.