Les ventes de voitures d’occasion explosent : Volkswagen, Mercedes et Renault s'allient en France pour mieux les commercialiser

La plateforme HeyCar, qui rassemble les trois constructeurs automobiles Volkswagen, Mercedes et Renault, vient de faire son entrée sur le marché français des voitures d'occasion. Pour son lancement ce jour, près de 30.000 véhicules d'occasion sont proposés en France, tous âgés de moins de huit ans et ayant moins de 150.000 kilomètres au compteur. Outre l'offre de produits, HeyCar entend également étoffer l'offre de services, et notamment d'assurances, dès le premier semestre 2022.

Alors que le marché européen des véhicules d'occasion explose, avec une croissance de 13% depuis le début de l'année selon le baromètre AutoScout 24, les constructeurs automobiles concurrents n'hésitent plus à s'unir pour centraliser leurs offres et se faire une place sur ce segment de marché prometteur, et qui a moins souffert de la crise que celui des voitures neuves.

« Comme lors de la crise de 2009, le marché du véhicule d'occasion (VO) s'est montré très résilient en 2020 », observe ainsi Alexandru Marin vice-président de Auto1 Group, un des groupes leaders en Europe sur le marché de la voiture d'occasion, alors qu'en parallèle, le marché du neuf accuse près de deux années de baisse (-25% en 2020 et -30% depuis le début de l'année 2021).

Et le marché des voitures d'occasion pourrait enregistrer une année record en 2021, avec un gain de 9,2% sur onze mois et déjà 5,5 millions de transactions, avait indiqué début décembre le cabinet AAAData. Il a notamment été poussé en novembre par une accélération de la demande pour les modèles de moins de cinq ans, et est aujourd'hui évalué à près de 600 milliards d'euros en Europe.

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Alliance tripartite entre Volkswagen, Mercedes et Renault

Concrètement, une alliance entre trois constructeurs automobiles (Volkswagen, Mercedes, Renault) a donné naissance à une plateforme, HeyCar, qui rassemble des dizaines de milliers de véhicules d'occasion. « Il est assez rare que des constructeurs se retrouvent partenaires et dans ce cas, il s'agit de faire évoluer le business du véhicule d'occasion», a d'ailleurs fait remarquer Ivan Segal, directeur du commerce France de Renault.

Lancée dès 2017 par Volkswagen avant d'être rejointe par Daimler (Mercedes) en 2019 et par Renault en 2021, cette plateforme a éclos il y a quatre ans en Allemagne, avant d'être déployée ensuite en Espagne et au Royaume-Uni. Ce jour, la plateforme HeyCar a annoncé faire son entrée sur le marché français, avec l'ambition de mettre en avant les annonces de véhicules d'occasion récents des concessionnaires de Volkswagen, Mercedes et Renault.

HeyCar sera dirigée en France par Mathias Hioco, responsable jusque-là de la plateforme de vente entre particuliers de Renault, Carizy.

30.000 véhicules d'occasion proposés en France

Pour son lancement en France, HeyCar rassemble 28.000 véhicules d'occasion proposés par 1.100 distributeurs, mais l'objectif pour l'année 2022 se situe à 100.000 véhicules disponibles. A titre de comparaison, l'Allemagne compte aujourd'hui plus de 3.000 distributeurs, le Royaume-Uni plus de 2.000, et l'Espagne près de 500. Au total, HeyCar revendique une offre internationale de plus de 350.000 véhicules certifiés.

Leur spécificité: les véhicules proposés par la plateforme sont toujours âgés de moins de huit ans et ont moins de 150.000 kilomètres au compteur. A titre d'exemple, le groupe Volkswagen informe que les voitures actuellement en ligne sont âgées en moyenne de deux à quatre ans.

Autre particularité de HeyCar: les annonces publiées y sont gratuites. Ne facturant pas de frais de publication, le site veut « les encourager à publier toutes les voitures de qualité dont ils disposent, sans limite ». « Ils n'ont absolument rien à perdre en mettant leurs VO sur Heycar et ils en sont conscients », insiste Ivan Segal, directeur du commerce France de Renault. Le modèle de HeyCar est ainsi basé sur une facturation aux prospects. Avec un tel modèle reposant sur les concessionnaires, le CtoC ne trouve pas sa place, ni même les professionnels indépendants.

La France, qui devrait atteindre les six millions d'immatriculations de véhicules d'occasion en 2021, représente une étape clé dans la stratégie d'expansion de HeyCar, qui n'a d'ailleurs pas communiqué quels étaient les prochains pays ciblés.

Étoffer l'offre de financement et de services

Outre l'offre de produits, HeyCar entend également étoffer l'offre des services sur sa plateforme française. Dès le premier semestre 2022, des modules de financement et d'autres services (reprise de véhicules d'occasion, assurances...) fournis par des captives de Renault (RCI Bank) et de Volkswagen Group France (VW Financial Services), viendront donc se greffer à l'offre de véhicules d'occasion. Les services d'assurance seront également disponibles grâce à la présence d'Allianz, présente depuis la naissance du projet. Aucune échéance n'a en revanche été communiquée concernant l'intégration de l'offre de Daimler Financial Services.

Pour percer, la plateforme compte également mener « une grande campagne de communication auprès du grand public », comme l'a rappelé son responsable France Mathias Hioco.

D'autant que dans un contexte très concurrentiel sur le marché florissant de la voiture d'occasion, HeyCar a tout intérêt à mettre en avant les services qu'elle propose, afin de se faire connaître mais aussi de rassurer les clients. Aujourd'hui d'ailleurs, le marché de la voiture d'occasion reste encore très largement un marché de particuliers, pour les deux-tiers des transactions. Et la rationalisation de ce marché par les acteurs de la voiture d'occasion est pour l'heure encore un chantier inabouti.

S'imposer sur un marché concurrentiel et peu structuré

Si les banques ont déjà commencé à préempter ce marché depuis plusieurs mois, à l'image de la Société Générale, qui via sa filiale ALD, a mis la main sur la startup Reezocar, ou de la filiale de l'établissement financier LeasePlan, CarNext, qui a annoncé une levée de fonds de 400 millions d'euros, les constructeurs automobiles étaient jusqu'alors peu structurés sur le segment de marché des voitures d'occasion.

« La réalité c'est que les constructeurs automobiles sont concentrés sur un marché de 2,5 millions de voitures neuves, alors que le parc roulant est de plus de 35 millions de véhicules », expliquait ainsi à La Tribune Guillaume Crunelle, associé au cabinet Deloitte et spécialiste de l'automobile, en juillet dernier.

Pour justifier la décision des trois constructeurs automobiles de HeyCar de s'implanter sur le marché français, le DG de la plateforme a évoqué plusieurs enjeux auxquels font face les constructeurs. « Les réseaux de concessionnaires sont confrontés aujourd'hui à une augmentation du coût de la promotion des voitures d'occasion sur les plateformes en ligne, avec un impact direct sur les marges des concessionnaires sans garantir la quantité, ni la qualité de prospects ou de ventes », a ainsi expliqué M. Hioco.

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Une position corroborée par Guillaume Crunelle (Deloitte), qui se dit convaincu qu'il y a « un enjeu de valeur dans la gestion des seconds et troisièmes cycles d'un véhicule ». Et de renchérir : « pour les constructeurs automobiles, c'est même vital au moment où ils cherchent à étendre leur chaîne de valeur ».

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Commentaires 5
à écrit le 13/12/2021 à 8:09
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Une bonne nouvelle pour l'économie circulaire elles sont assez rares pour le souligner. Cette photo nous montre au premier plan une bagnole répugnante par contre.

à écrit le 10/12/2021 à 23:45
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Des retours de loc lessivées de marques lessivées et pour couronner le tout un ' assureur ' qui lessive ses clients... pas à dire, belle brochette..

à écrit le 10/12/2021 à 18:52
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La France socialiste marche dans les pas de Cuba...

à écrit le 10/12/2021 à 18:47
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Du chinois ! Pour dire simplement : les constructeurs ont un nouveau créneau pour tondre la laine sur le dos du consommateur .i

à écrit le 10/12/2021 à 18:20
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vu le prix des voitures neuves..........he, pour 40.000 euros, t'as une twingo electrique reenchantee, super, non? ca laisse reveur......( oui, dans le mauvais sens du terme)

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