Opel encore dans le rouge en 2016 : le Brexit n'explique pas tout

La filiale de General Motors accuse une perte de 257 millions de dollars en 2016 en raison d'une charge de 300 millions de dollars, consécutive aux effets du Brexit. En réalité, le groupe américain qui n'a cessé d'éponger des pertes depuis près de 16 ans en Europe, n'a toujours pas réussi à se repositionner sur ce marché, à l'inverse de Ford.
Nabil Bourassi
Opel a perdu 4 points de parts de marché en Europe entre 2005 et 2016.

16 ans de pertes...15 milliards de dollars perdus depuis 2000... Quelle entreprise au monde est capable d'encaisser un tel choc ? Réponse : General Motors, un groupe qui réalise par ailleurs 9,43 milliards de dollars de bénéfice net et qui vient de subir un nouveau trou de 257 millions de dollars en 2016. GM préfère noter qu'en 2015 il avait perdu 800 millions de dollars et que l'exercice 2016 est déjà un progrès en soit.

Pas de bénéfices avant 2018...

Et pourtant, General Motors était à deux doigts d'afficher pour la première fois des comptes dans le vert en Europe. Mais le Brexit est venu gâcher la fête obligeant le constructeur à enregistrer une charge de 300 millions de dollars. Le groupe prévoit que cette charge se répète en 2017. Il table désormais sur un retour à l'équilibre en 2018, au mieux.

"Sans le Brexit et la dévaluation de la livre britannique, nous aurions atteint notre objectif d'être à l'équilibre" en 2016 a indiqué Karl-Thomas Neumann, le patron d'Opel, filiale du groupe américain en Europe.

Cependant, le Brexit n'explique pas tout puisque le groupe Ford a dégagé en Europe un bénéfice de 1,2 milliard de dollars en Europe.

L'histoire de General Motors en Europe a été émaillée de soubresauts. En 2005, le groupe qui y possédait trois marques (Opel-Vauxhall, Saab et Chevrolet) s'accaparait 10,6% du marché. En 2016, sa part de marché est tombée à 6,6% soit près de 500.000 voitures en moins. Entre-temps, l'Américain s'est débarrassé de Saab et Chevrolet, mais ces deux marques représentaient moins de 240.000 immatriculations en 2005.

La vente avortée d'Opel

La crise financière de 2008 a poussé le groupe à se restructurer, et il était même question d'un retrait pur et simple du marché européen. Le canadien Magna était pressenti pour racheter Opel. Après moult polémiques, non sans intervention du gouvernement allemand, l'opération était prête. Puis, le groupe changea subitement d'avis et décida de maintenir Opel dans son giron.

Il misa alors sur la relance du plan produit qui s'avérera être un petit succès. L'Insignia ouvrira le bal avec une excellente réception par la presse qui salua ce retour d'Opel dans les berlines haut-de-gamme. L'élection de l'Astra comme voiture de l'année en 2016 couronnera l'excellence de l'ingénierie d'Opel. Mais c'est surtout le positionnement précoce de la marque sur le segment des SUV de segment B avec son Mokka, deuxième vente en Europe sur ce segment extrêmement dynamique, qui redonnera des ailes à la marque.

Un plan produit insuffisant

Las... Si le Mokka est un succès, Opel reste néanmoins absent des SUV de segments C qui font de gros volumes en Europe et sont de bons pourvoyeurs de marge. Le renouvellement de l'Astra tombe au moment où cette catégorie de voiture n'a plus le vent en poupe en Europe. Par ailleurs, Opel souffre de surcapacités coûteuses. Ses usines européennes ne sont remplies qu'à 63% de leurs capacités contre une moyenne de 71% pour l'ensemble de ses concurrents. Le constructeur a encore réduit sa production sur deux sites en Angleterre, et mis au chômage technique une partie des ouvriers de deux usines en Allemagne.

Opel espère renouer avec les volumes en 2017 avec l'arrivée du Crossland X, un SUV quelques centimètres plus petit que le Mokka et qui remplacera le Meriva. Celle-ci sera fabriquée sur la même plateforme que la future C3 Aircross. Voilà une bonne nouvelle pour la structure de coûts de la marque allemande.

Nabil Bourassi

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Commentaires 6
à écrit le 08/02/2017 à 21:06
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On voit mal comment GM pourra maintenir les unités de production d'Opel/Vauxhall au Royaume-Uni d'où il ne sera bientôt plus possible d'exporter vers l'UE en l'absence d'un accord de libre échange avec l'UE (et de respect des normes de celle-ci) pour...

le 08/02/2017 à 23:19
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Pour dire que l'absence d'accords de libre échange empêche les importations, il faut vivre dans un monde parallèle et souffrir d'un manque de culture historique et économique navrant. D'une part, les accords par défaut de l'OMC s'appliqueront, et d'a...

à écrit le 08/02/2017 à 18:34
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J'ai eu plusieurs de ces machins, une rekord 1700 dans les années 70, et un coupé Rekord 1900, un bon plan avec ses 110cv pour larguer les flics en estafette, lol! Elles ont vite retrouvé leur ami casseur dont c'était la place, tu traversais la Fran...

à écrit le 08/02/2017 à 16:05
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Quand on voit la position de la marque il y a 20 ans, elle était plus plébiscitée que les VW à l'époque (les vectra), c'est dire. La marque a perdu beaucoup de son attrait et la mauvaise fiabilité n'y est pas étrangère+manque de sex appeal... Bref, ...

le 08/02/2017 à 20:56
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j'ai eu une Punto de 1è génération (mécanique increvable) et une Vectra de seconde génération . Plutôt satisfait des deux.

à écrit le 08/02/2017 à 15:50
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Opel a une image archaïque, ses modèles ne sont pas attrayants. Qui a envie d'acheter une Opel?

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