Renault-Fiat : le marché plébiscite toujours le projet de fusion

La presse italienne s'est faite l'écho de nouvelles discussions entre les deux constructeurs automobiles. Selon elle, la part de Renault dans Nissan pourrait être abaissée afin de faciliter le projet. Mais rien n'a été évoqué sur l'aspect 50-50 de la nouvelle entité, une clause qui avait été largement critiquée en France et qui avait conduit à l'échec des discussions...
Nabil Bourassi
(Crédits : Eric Gaillard)

Ni Renault, ni Fiat n'a enterré leur projet de fusion, c'est un secret de Polichinelle... Mais la presse italienne a fait état, ce mercredi, de nouvelles discussions avancées entre les deux constructeurs automobiles. Aussitôt publiées dans le quotidien transalpin Il Sole 24 Ore, les cours des deux entreprises se sont envolées de plus de 4%, frôlant les 5% pour le français. Avant de modérer leur enthousiasme en fin de journée avec une hausse de 3% pour FCA, et de 3,7% pour Renault.

La question Nissan au cœur des discussions

Il semblerait que cette fois, les discussions prennent en compte la participation de Renault dans Nissan. Le français serait prêt à baisser sa part dans le capital du groupe japonais de 43% à environ 30%. Le journal cite également le PDG de Fiat-Chrysler qui persiste sur l'intérêt du projet de fusion : "la logique qui prévalait avant existe toujours", en rappelant "les synergies très importantes" que pourrait générer une telle fusion.

Dans un entretien donné aux Echos en juillet, Thierry Bolloré, numéro deux de Renault, confirmait déjà que le principe d'une fusion avec Fiat gardait tout son intérêt à ses yeux.

"Les fondamentaux de cet excellent projet sont toujours vivaces, le contexte n'a pas changé en deux mois", affirmait-il, ajoutant néanmoins: "il ne faut jamais dire jamais, mais à ce jour il n'y a plus de discussions".

D'après la presse italienne, les discussions auraient donc repris mais aucune information n'a filtré sur le contenu. Pourtant, c'est bien ce point qui avait fait échouer le projet précédent présenté fin mai par Fiat. Le groupe italien avait alors proposé une fusion à 50-50, une clause largement critiquée en France et qui avait fini par convaincre le gouvernement français de renoncer.

La fusion 50-50 toujours d'actualité ?

La famille Elkann, premier actionnaire du groupe Fiat-Chrysler, avait indiqué que cette offre était non-négociable, et avait spectaculairement retiré son offre face aux hésitations de l'Etat français. De son côté, Nissan s'était offusqué d'avoir été mis devant le fait accompli d'un projet déjà bien avancé.

Les marchés, eux, avaient applaudi ce projet: l'action Renault avait flambé de 12% à l'époque, et celle de Fiat de 8%. Ils estimaient que la nouvelle entité Renault-Fiat-Chrysler devenait de fait, le troisième constructeur automobile mondial. Selon eux, et à l'inverse du format de l'Alliance telle qu'elle a été conçue jusqu'ici avec Nissan, la fusion Renault-Fiat-Chrysler avait l'avantage d'accélérer le process décisionnel et d'améliorer le potentiel de synergies à court terme.

Mais certains spécialistes du secteur s'interrogeaient sur les gains réels côté français puisque si Fiat est présent aux Etats-Unis, il souffre d'un immense retard dans l'électrification, dans le renouvellement des gammes, dans les technologies...

"Fiat a clairement plus à gagner que Renault dans cette fusion, au contraire, Renault prend même le risque de perdre Nissan pour un projet dont l'issue est véritablement incertaine", expliquait à La Tribune, un excellent connaisseur du secteur.

Autrement dit, ce n'est pas le principe d'une fusion qui a été critiqué mais plutôt cette parité absolument égale qui ne reflétait pas le déséquilibre entre les faiblesses structurelles de Fiat-Chrysler, et les atouts de Renault comme l'électrification, la stratégie de gamme ou encore son internationalisation.

Fiat acculé à une fusion...

Le retrait du premier projet de fusion en juin dernier pourrait dès lors paraître comme un coup de bluff de la part de la famille Elkann. Celle-ci n'a jamais caché sa volonté d'adosser son groupe automobile à un autre groupe. Et chaque jour, cet adossement paraît plus pressant tant le groupe souffre d'insuffisance d'investissements alors que les conditions de marché se compliquent...

Toutes les propositions de fusion proposées jusqu'ici ont essuyé des refus. Il a fallu que Renault se retrouve dans la situation extrêmement précaire d'un management bouleversé après la chute de son patron historique, Carlos Ghosn, et de la détérioration quasi-irréversible de ses relations avec son partenaire Nissan, pour que Fiat trouve un candidat favorable. "Il ne faut jamais dire jamais", a averti Thierry Bolloré...

Nabil Bourassi

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Commentaires 16
à écrit le 22/08/2019 à 15:09
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L'alliance de 2 bancales. Les vacances se terminent, la Tribune reprogramme le même feuilleton toujours aussi ennuyeux !

à écrit le 22/08/2019 à 11:40
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Nous n'avons pas arrêter d'avoir des soucis avec les Italiens.... dans la construction navale à Nantes et la nationale, dans l'optique ! Décidément "on" n'a pas compris la leçon ! Ailleurs, nous nous sommes fait piéger avec GE, ETC; Nous sommes in...

à écrit le 22/08/2019 à 10:13
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Fiat n’intéresse Renault que pour sa marque Jeep et Renault n’intéresse Fiat que pour sa participation de 43% dans Nissan. En cas de fusion, qui va dépouiller l'autre pour faire main basse sur ses bijoux de famille? L'histoire nous le dira.

à écrit le 22/08/2019 à 7:20
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Renault est juste un canard boiteux avec un positionnement very low cost & un management faible, discrédité vis à vis de Nissan et Mitsubishi. D ailleurs le divorce est prononcé pour ne pas dire consommé. Nissan à tout intérêt à sortir du jeu et oeuv...

le 22/08/2019 à 10:39
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C'est tout à fait franchouillard de faire du Renault bashing, peu importe que l'on fasse du low cost seule la marge opérationnelle compte par véhicule et elle est trés bonne et tutoie les meilleures marges du secteur pour des marques bien plus huppée...

le 23/08/2019 à 3:34
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Tiens tiens un italien de service qui vient défendre son petit Fiat (ça me rappelle les rejets des oiseaux ça..) après Raca voici Don corleone,vraiment pas discret les italiens... . Sinon on en parle du fait que Fiat à essuyer des refus de beaucoup...

le 23/08/2019 à 8:17
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On note une grande perspicacité dans vos commentaires éclairés. Pour votre parfaite information, je suis français & expatrié.. Au vue de vos pauvres et petits commentaires généralistes se basant sur le fait que je suis italien via un pseudo qui n é...

à écrit le 22/08/2019 à 2:49
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Qui roule en Fiat ? A par la 500 et qqes alfa par ci, par la... voir des Ferrari’s ! FCA ne vaut pas tripette, c’est l’absence d’homme fort à la tête de Renault qui a poussé Agnelli à proposer une ´fusion à égalité ´. Avec les sous-entendus que l’o...

à écrit le 21/08/2019 à 20:40
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Qui a le plus à gagner dans une fusion?.Renault sans l'ombre d'un doute.Surtout depuis que la vache à lait Nissan a des soucis.Qu'est Renault sans Nissan?.En quoi Renault serait en avance sur l'électrique avec son gadget arnaque Zoé?.Et qui dit que l...

le 23/08/2019 à 3:44
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Tiens voici le 3ème italien alors quelle folie va t-il nous sortir celui-là... -- ".Qu'est Renault sans Nissan?.En quoi Renault serait en avance sur l'électrique avec son gadget arnaque Zoé?" . Renault possède déjà 43% de Nissan,ça devrait vous m...

le 23/08/2019 à 11:18
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Mais pourquoi tant agressivité de la part de MDA...qui visiblement ne maitrise pas trop le sujet si ce n est pour dire des banalités. C est pas parce que vous roulez en Renault et mémère en Dancia qu il faut refuser et nier l evidence...et agresser ...

à écrit le 21/08/2019 à 19:55
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Perso , je n'achète que d'occasion et uniquement PEUGEOT ; bien plus agréables à conduire sans le roulis des Renault .Et meilleure valeur à la revente

à écrit le 21/08/2019 à 19:15
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Renault ferait mieux de racheter les 6% qui lui manque dans Nissan plutôt que d'aller se perdre/mourir avec le moribond Fiat.

à écrit le 21/08/2019 à 19:05
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Quelle affaire formidable ! Céder le peu de contrôle que Renault a encore sur Nissan, avec pour objectif d’abandonner le contrôle de Renault aux Agnelli, sous le faux-nez d’une pseudo « fusion entre égaux » avec FCA ! Dans une fusion la direction ...

le 21/08/2019 à 19:13
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Vous avez tout compris!

à écrit le 21/08/2019 à 18:41
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Fiat ne vaut pas une roupie! Renault va se brûler les ailes!

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