Tom Tom : "Une cartographie de qualité sera indispensable pour la voiture autonome"

Antoine Saucier, directeur général de Tom Tom Automotive, estime que les constructeurs automobiles ont cessé de se concentrer sur les seuls capteurs dans le cadre de la voiture autonome, en admettant que la cartographie était toute aussi indispensable. TomTom estime être bien positionné sur ce segment. Le groupe néerlandais assume également sa stratégie de pure player face à celle d'intégration servicielle que développe Google, son principal concurrent.
Antoine Saucier, directeur général de Tom Tom Automotive.
Antoine Saucier, directeur général de Tom Tom Automotive. (Crédits : Tom Tom)

LA TRIBUNE - Le Mondial de l'automobile de Paris vient de s'achever. Il a été beaucoup question de voiture électrique et de voiture autonome. On parle encore très peu des questions liées à la cartographie alors que Google monte en puissance sur ce sujet et qu'apparaît de nouveaux concurrents comme Here. Comment se positionne TomTom dans ce contexte ?

ANTOINE SAUCIER -  Effectivement, les premiers développements de la voiture autonome étaient centrés sur les capteurs et la puissance de calcul à bord. Mais depuis environ 18 mois, les industriels ont compris qu'une cartographie spécifique à la conduite autonome était indispensable et, plus important encore, que les capteurs ne pourraient pas remplacer le métier des cartographes. Chez TomTom, nous travaillons sur une cartographie en haute définition, afin que le véhicule autonome puisse se localiser au décimètre près dans son environnement. Il y a un autre défi plus proche, avec l'émergence de la voiture électrique. Elle aura un impact sur la navigation connectée.

Nous sommes aujourd'hui bien positionnés dans l'interface qui permet d'apporter une solution de cartographie mais également des services connectés associés comme l'info trafic, la mise à jour des prix des stations de carburant, la gestion des aides à la conduite et la prise en compte des contraintes de la voiture électrique dans le calcul des trajets et des points de recharge. Notre valeur ajoutée, c'est notre capacité à combiner notre logiciel et la cartographie aux services connectés pour fournir l'expérience attendue par l'utilisateur. En outre, grâce au déploiement depuis plus de 10 ans de nos boîtiers GPS, systèmes embarqués, applications mobiles ou flottes de véhicules d'entreprise, ce sont plus de 500 millions de sources qui nous remontent l'état du trafic et les modifications cartographiques. Nous sommes leaders sur le segment de l'info trafic et notre historique de données est un gage pour l'avenir.

TomTom reste en quelques sortes un pure player de la cartographie... Mais Google est dans une démarche d'intégration servicielle à travers Android. N'y a-t-il pas un danger pour vous ?

Rappelons d'abord que tous nos services sont compatibles avec Android. Au-delà, nous étendons notre compatibilité avec les assistants vocaux. Ensuite, notre stratégie n'est pas de bâtir notre propre écosystème, mais au contraire de participer à celui que construiront les constructeurs automobile eux-mêmes comme alternative à celui proposé par Google. Par ailleurs, au-delà du secteur automobile, nous sommes aussi partenaire et fournisseurs de sociétés comme Uber, Microsoft ou Apple.

En livrant votre solution de cartographie en première monte (c'est-à-dire dès le processus de fabrication de la voiture), ne craignez-vous pas d'être dissous dans l'écosystème du constructeur, ce qui aura pour conséquence de perdre une certaine visibilité dans la relation client, source de création de valeur ?

Sur la cartographie, nous offrons une solution que le constructeur souhaite s'approprier avec ses propres codes graphiques. Mais nous restons visible grâce à l'info trafic qui est une référence. Je rappelle également que TomTom continue à vendre encore 5.000 boîtiers GPS par jour dans le monde. C'est significatif. La marque jouit d'un capital sympathie très important auprès du grand public. C'est bon pour nos ventes, mais cela nous permet aussi d'étoffer notre tissu de données qui lui-même améliore notre expérience client. C'est un cercle vertueux.

Vous avez un autre concurrent nommé Here issu de la division cartographie de Nokia rachetée par un consortium composé de BMW, Daimler et Audi. Il y a-t-il un risque d'être évincé de certaines marques ?

Depuis le rachat de Here il y a trois ans, TomTom reste toujours un fournisseur de premier plan pour les services connectés chez BMW avec qui nous avons annoncé il y a quelques jours un contrat de fourniture de nos services, mais aussi chez Daimler et Volkswagen-Audi. Sur la cartographie, nous nous maintenons sur ces marques dans plusieurs marchés.

Parallèlement, TomTom poursuit le développement de ses partenariats notamment avec les constructeurs français. Nous avons signé le renouvellement de notre coopération avec PSA au-delà de 2020 avec en prime, l'intégration d'Opel-Vauxhall. Nous continuons également à travailler avec l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi en accélérant l'équipement en première monte des voitures Nissan notamment en Amérique du Nord.

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Commentaires 2
à écrit le 23/10/2018 à 9:28
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voir récent article du Wall Street Journal : https://www.wsj.com/articles/the-key-to-autonomous-driving-an-impossibly-perfect-map-1539259260

à écrit le 23/10/2018 à 8:14
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La voiture autonome en est à 2 morts pour l'instant.

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