Jusqu'en juin 2023, les quelque 340 collaborateurs du laboratoire suédois Recipharm à Monts en Indre et Loire ne travailleront plus que quatre jours par semaine. Cette activité partielle de longue durée (APLD) a été entérinée par un accord au sein de l'entreprise le 12 décembre. Il a commencé à s'appliquer la veille de Noël jusqu'en juin 2023 et sera renouvelable pour une même durée de six mois. La convention signée entre la direction et les syndicats prévoit notamment de limiter la baisse des salaires de 6% au lieu de 20%. Par ailleurs, une centaine de contrats à durée déterminée n'a pas été renouvelée depuis octobre. Cette décision de Recipharm de réduire la voilure est la conséquence de la forte baisse en 2022 des demandes de vaccin contre le Covid-19 de la part du donneur d'ordre, Moderna Pharmaceutics. En raison du reflux de la pandémie, les recettes générées par le produit auraient baissé d'environ 75% cette année, selon une source en interne. Le manque à gagner pour le site de Monts, qui avait annoncé être en mesure de produire plusieurs centaines de millions de doses en 2021, n'a pas été précisé par la porte-parole de Recipharm basée à Londres.
Le site de Touraine constitue l'une des trois unités en France avec Kaysersberg en Alsace et Bordeaux en Gironde du groupe de sous-traitance pharmaceutique scandinave. Côté à la Bourse de Stockholm, il emploie 9.000 salariés et a réalisé 1,023 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2021. Retenu en novembre 2020 comme sous-traitant par Moderna Pharmaceutics, biotech germano-américaine conceptrice du vaccin mRNA-1273, l'unité de Recipharm à Monts avait dû se réorganiser en un temps record pour répondre à la demande en pleine crise sanitaire. A la clé, le renforcement significatif de ses effectifs pour lancer une nouvelle ligne de production dédiée à la solution anti-Covid 19. Outre les CDD, l'usine avait ainsi également embauché une centaine de salariés dans la durée.
Prospection commerciale renforcée
Entre la main d'œuvre recrutée en urgence et la mise en place des nouvelles infrastructures, Recipharm a investi au total deux millions d'euros avec les encouragements de l'Etat. Fin 2021, la ministre déléguée chargée de l'Industrie, Agnès Pannier Runacher, était venue inaugurer la nouvelle chaine de production sur le site de Monts qui s'étend sur une superficie de 10.000 m2. Façonnier pour le compte des principaux laboratoires pharmaceutiques mondiaux, Recipharm y fabrique trois types de spécialités. Il s'agit en l'occurrence des médicaments génériques, des vaccins ainsi que des appareils d'inhalation. L'unité de Monts réalisait environ 30 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2019, avant la crise sanitaire.
La baisse drastique des commandes de vaccins anti-Covid 19 de la part de Moderna Pharmaceutics intervient dans un contexte déjà délicat pour l'antenne tourangelle. Recipharm a perdu au second semestre 2022 des volumes importants de production de l'anesthésique Xylocaïne pour le compte du laboratoire sud-africain Aspen Pharmacare. En cause, des lacunes au sein de l'organisation industrielle entrainant des dysfonctionnements techniques, selon une source syndicale. Le groupe doit donc désormais rapidement conquérir de nouveaux marchés pour ne pas avoir à mettre en place un plan de sauvegarde de l'emploi et procéder à des licenciements. Dans ce cadre, la prospection commerciale sera largement accélérée dès la rentrée de janvier 2023, a expliqué la même porte-parole. Avant la crise sanitaire, les effectifs du site de Monts de Recipharm oscillaient seulement entre 210 et 240 salariés.
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