Santé : les doléances des industriels pour être plus compétitifs

Les industriels de la santé ont présenté lundi quatorze mesures à Matignon pour favoriser la compétitivité du secteur. Ils demandent notamment la réduction des délais et la coordination des essais cliniques ou encore le rapprochement entre acteurs publics et privés.
Les industriels poussent le gouvernement à raccourcir les délais pour autoriser les essais cliniques.

Lundi 11 avril, le conseil stratégique des Industries de santé, un "espace de concertation et d'échanges entre les industriels du secteur et les pouvoirs publics" a remis son 7e rapport à Manuel Valls sur les orientations à adopter pour améliorer la compétitivité du secteur des industries de santé.

Quatorze mesures ont été présentées lors de cette réunion. Elles sont censées "faciliter l'accès des patients aux innovations", "valoriser la production", "développer la recherche clinique et ouvrir l'accès aux données de santé", mais également "renforcer le dialogue Etat-Industrie". Peu de propositions contenues dans le rapport prônent un investissement financier pur émanant de l'Etat. Les revendications des industriels de la santé sont avant tout centrées sur la coordination entre les différents acteurs économiques et la volonté de faire évoluer la législation.

Des mesures de coordination

Parmi ces mesures, les industries réclament un label "Offre France" porté par l'établissement public Business France. C'est en quelque sorte une vitrine dans laquelle les entreprises françaises ayant des capacités de production de médicaments biologiques et fabriquant des dispositifs médicaux innovants en France seraient mises en avant à l'international. "L'idée, c'est  de mettre en commun toutes les énergies", clame Eric Le Roy, directeur général du Snitem, le syndicat national des technologies médicales, interrogé par La Tribune. L'organisation a participé à l'élaboration du rapport.

Autre mesure proposée: la création d'une instance de concertation regroupant tous les acteurs publics et privés afin de coordonner la recherche clinique en France. "Les demandes accrues des autorités de régulation conduisent les industriels à diversifier les lieux des essais cliniques" selon le rapport. Et cela fragilise la compétitivité de la France dans le domaine, déplore les industriels.

Les industriels de la santé proposent aussi qu'un délégué à l'innovation organise la coordination entre tous les acteurs pour mieux anticiper et accompagner l'arrivée des innovations sur le marché.

Moins de délais

Autres axe fort dans les doléances des industriels de santé: la demande de réduction des délais pour le lancement des produits sur le marché. "Plus on arrive tôt sur le marché, plus les produits sont compétitifs et arrivent à l'international", rappelle Eric Le Roy, directeur général du Snitem. Réduire les délais, "ce serait un changement conséquent. Par exemple, pas un seul dossier déposé par les entreprises le 1er janvier 2015 auprès du Comité économique des produits de santé (CEPS) afin de se faire rembourser n'a été traité", dit-il.

Le rapport préconise notamment d'améliorer les délais pour les essais cliniques. Si le règlement européen impose des délais contraints de 60 jours pour l'instruction des dossiers (recevabilité, évaluation, autorisation), la France ne les respecte pas forcément. Le rapport préconise une adaptation du cadre législatif et réglementaire français pour appliquer ces normes. Les industriels de la santé veulent ensuite aller plus loin en fixant un délais de 45 jours d'ici à 2018 et de "30 jours pour les essais de phase 3 portant sur des médicaments dont la phase 2 a été conduite en France" .

Aller vite, la marotte des industriels

Toutes ces mesures "n'engagent pas le gouvernement" rappelle Matignon. Seule promesse de l'exécutif: une partie de ces mesures sera mise en œuvre dans le cadre du Comité stratégique de filière Industries et technologies de santé, sans plus de précisions sur les mesures concernées. Or, les organisations professionnelles pressent le gouvernement d'agir rapidement.

"Pour que la France reste dans la course internationale et gagne une longueur d'avance, c'est le rythme auquel on les mettra en œuvre qui est maintenant prioritaire", estime Jérôme Bouyer, président de la filiale France Abbvie, l'un des dix plus gros laboratoires mondiaux. Patrick Errard, le président du Leem, Fédération des entreprises du médicament, un autre participant à l'élaboration du rapport, se montre optimiste, espérant que ces différents axes vont aboutir à des mesures concrètes "d'ici une année", selon des propos recueillis par l'AFP. Pour Eric Le Roy, l'application de la plupart de ces mesures est avant tout une "question de volonté".

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.