Areva cède son éolien offshore à Gamesa et Siemens

Par Dominique Pialot  |   |  626  mots
Des éoliennes offshore dans le parc d'Amrum Bank West en Allemagne.
Le groupe devrait entériner mercredi la cession à l'espagnol Gamesa de sa participation dans Adwen, leur co-entreprise créée il y a deux ans dans l'éolien en mer.

Selon une information du Figaro confirmée par l'AFP, c'est donc in fine à Gamesa qu'Areva va céder ses activités dans l'éolien offshore. L'espagnol était depuis deux ans son partenaire dans la co-entreprise Adwen positionnée sur cette technologie. Mais, dans un contexte de restructuration globale du groupe nucléaire, la prise de participation de 59% de Siemens au capital de Gamesa en juin dernier est venue compliquer la donne. Il ne faisait dès plus lors aucun doute qu'Areva allait se séparer de cette activité.

Gamesa et Siemens avaient immédiatement offert à Areva de reprendre ses parts dans Adwen, mais aux termes d'un avenant au pacte d'actionnaires signé avec Gamesa, le français disposait d'un délai de trois mois pour, soit céder sa participation dans Adwen à Gamesa, soit céder 100% des parts à un investisseur tiers qui remettrait une offre plus attractive durant cette période. Dans ce contexte, General Electric, qui a déjà repris les activités dans l'énergie et notamment l'éolien en mer d'Alstom, l'autre français positionné sur ce secteur, s'était montré très intéressé.

60 millions d'euros et des engagements

Finalement, c'est Gamesa, avec son offre à 60 millions d'euros, qui a remporté les faveurs d'Areva, notamment parce qu'il aurait accepté de reprendre les risques, tels que ceux concernant le parc de Wikinger, en mer Baltique allemande. Un engagement précieux pour un groupe qui avait passé en 2014 plus de 600 millions d'euros de provisions et dépréciations sur ses activités renouvelables.

Autre promesse de Siemens France : honorer celles faites par Areva en matière d'emplois, c'est-à-dire l'implantation de deux usines au Havre (pour lesquelles les emplacements ont été réservés de longue date), pour y fabriquer les pales et les nacelles destinées aux trois parcs opérés par Engie et Iberdrola au large du Tréport, des îles d'Yeu et Noirmoutier et de Saint-Brieuc, pour une puissance totale de 1.500 MW.

L'Etat mis devant ses responsabilités

A l'époque de l'attribution des appels d'offres, les territoires s'étaient livrés une concurrence acharnée pour attirer les implantations industrielles, et c'est à condition que ces usines voient le jour que l'Etat avait accordé des tarifs d'achat élevés de l'électricité produite en mer. Alstom s'était alors engagé à Saint-Nazaire, où il a ouvert deux usines en décembre 2014.

Sur fond de crise à l'usine Alstom de Belfort, Edouard Philippe, maire (LR) du Havre, a rappelé que « des engagements ont été pris par des groupes industriels [Areva, Engie...], ils doivent être respectés ». L'Etat (actionnaire d'Areva à 87 %) doit être « le garant » de ces engagements, a-t-il ajouté.

Pas sûr que les 186 éoliennes que représentent les trois parcs justifient à elles seules la construction de ces usines pour le désormais leader mondial du secteur, qui possède déjà des sites de fabrication en Allemagne et au Danemark, ainsi qu'une usine de production de pales à Tanger (Maroc).

Une filière industrielle française mort-née

Déjà en position dominante avec 60% du marché européen, Siemens va devoir attendre le feu vert de Bruxelles pour entériner l'opération. Si celle-ci donne naissance au plus gros fabriquant mondial, elle n'est que la dernière en date d'un mouvement consolidation qui a vu ces dernières années les mariages du danois Vestas avec le japonais Mitsubishi Heavy Industries puis de l'allemand Nordex avec l'espagnol Acciona, sans oublier le rachat d'Alstom par GE.

Au-delà de la turbine de 8 MW, concurrente d'un modèle développé par Siemens et qui restera donc dans les cartons d'Areva, c'est l'avenir d'une filière industrielle française digne de ce nom qui devrait disparaître mercredi si le Conseil d'administration d'Areva entérine comme prévu la cession.