Énergie : un monde de plus en plus électrique

Par Dominique Pialot  |   |  641  mots
L'électricité attire désormais plus d'investissements que le pétrole et le gaz (Crédits : Reuters)
Malgré une baisse des investissements, l’électricité a mobilisé plus de financements en 2017 que le pétrole et le gaz, selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Si de façon globale les énergies fossiles attirent une part plus importante des financements, pour la production d’électricité les énergies renouvelables font la course en tête.

Comme l'indique le dernier rapport de l'AIE, les investissements dans l'énergie accusent en 2017 un léger recul (-2%), en partie lié à la baisse des coûts de la plupart des technologies. Une fois encore, c'est la Chine qui attire la plus grande part de ces investissements, à hauteur de 20%

Mais l'enseignement le plus marquant de ce rapport est la poursuite de l'électrification du monde. À 716 milliards de dollars, les investissements dans le secteur pétrolier et gazier (oil & gaz) ne représentent plus en 2017 que les deux-tiers de ce qu'ils pesaient en 2014. Pour la deuxième année consécutive, c'est l'électricité qui fait la course en tête, avec 750 milliards de dollars.

Ce secteur a pourtant vu ses investissements se réduire de 5% en 2017, une baisse essentiellement imputable au charbon qui, à 79 milliards, connaît la chute la plus brutale (-13% globalement, et -55% en Chine). L'hydroélectricité fait également pâle figure, tout comme le nucléaire, à son plus bas depuis 5 ans. Non seulement l'AIE ne relève pas d'investissement dans de nouvelles capacités de production, mais en Europe, par exemple, le dé-commissionnement d'une partie du parc absorbe 40% des nouvelles capacités renouvelables installées.

Deux-tiers de nouvelles capacités électriques vertes

Même si elles ne suffisent pas, au niveau global, à compenser la chute du charbon, de l'hydroélectricité et du nucléaire, les énergies vertes sont les plus utilisées pour produire l'électricité et ont attiré pas moins de 300 milliards d'investissements en 2017, soit 70% du secteur, contre moins de 50% il y a encore 10 ans.

Parmi les énergies vertes, le solaire -8% du total des investissements dans l'énergie - bat ses propres records, notamment en Chine, qui représente 45% du marché. Avec 4 gigawatts supplémentaires installés en 2017, l'éolien offshore se porte également bien, essentiellement en Europe. L'éolien terrestre, en revanche, régresse de 15%.

Cette bascule vers un monde de plus en plus électrique s'accompagne d'investissements dans l'efficacité énergétique (236 milliards de dollars) et dans les réseaux (300 milliards). Smart grids, smart meters et autres dispositifs destinés à accroître leur flexibilité permettent d'assurer l'équilibre entre l'offre et la demande tout en absorbant des quantités croissantes d'électricité verte. Avec les énergies renouvelables, les réseaux figurent parmi les secteurs les plus prisés des grands producteurs d'électricité pour se diversifier sur les marchés matures.

La recherche dans les technologies bas carbone séduit

Au-delà des réseaux intelligents, les technologies bas carbone représentent les poches d'investissements favorites des investisseurs en recherche et développement. Après des années de stagnation, les investissements publics repartent à la hausse dans le secteur de l'énergie, et se concentrent sur ces technologies vertes, de même que les investissements consentis par les acteurs privés.

Le secteur automobile (aussi bien les véhicules électriques que les nouvelles mobilités) a attiré une part importante de ces investissements. L'AIE observe qu'une accélération serait souhaitable dans le captage, stockage et utilisation du CO2, si la planète veut espérer respecter l'accord de Paris de limiter la hausse des températures à +2°C, ce qui implique d'atteindre la neutralité carbone dans la deuxième moitié du siècle. Le secteur a jusqu'à présent pâti d'un manque de compétitivité et d'une absence de régulation favorable. Les auteurs du rapport estiment qu'une taxe carbone fixée à 50 dollars la tonne devrait suffire pour inciter à la séquestration de quelque 450 millions de tonnes. Cela reviendrait à multiplier les volumes actuels par 15, et permettrait de neutraliser l'équivalent des émissions mondiales de 2017.

Signes du dynamisme du secteur du stockage, l'AIE révèle que l'activité d'extraction de lithium (composant essentiel de la grande majorité des batteries actuelles) a été multipliée par 10 depuis 2012, et la capacité de production de batteries, par cinq.