[ Article publié le lundi 28.11.2016 à 9h15, mis à jour jeudi 1.12 à 9h ]
Confirmant un peu plus une information dévoilée lundi 28 novembre par le journal économique Nikkei, la chaîne de télévision NHK indique à son tour ce jeudi que le coût estimé du démantèlement, du dédommagement des victimes et de la décontamination du site et de l'environnement après l'accident nucléaire de Fukushima dépassera 20.000 milliards de yens (170 milliards d'euros).
Cela représente environ le double du total estimé fin 2013 par le ministère de l'Industrie (Meti).
La compagnie exploitante de la centrale Fukushima Daiichi, Tokyo Electric Power (Tepco), avait initialement indiqué que le démantèlement et les travaux sur le site seuls coûteraient aux environs de 2.000 milliards de yens. Mais, selon la NHK, le gouvernement estime, dans sa nouvelle évaluation, qu'il en coûtera 8.000 milliards (près de 70 milliards d'euros), soir une différence de 400% avec l'estimation de Tepco.
Démantèlement : ce sera très long et très cher
S'agissant de la durée des opérations de démantèlement, il faudra au moins 30 à 40 années pour récupérer le combustible fondu dans trois unités et nettoyer les lieux du mieux possible.
Cette estimation du gouvernement japonais est peut-être sous-estimée si l'on considère qu'il aura fallu 30 ans rien que pour construire le coûteux "sarcophage", inauguré tout juste hier, au-dessus de la centrale de Tchernobyl accidentée, une structure censée donner du temps aux scientifiques pour enfouir les restes du réacteur accidenté et décontaminer le site.
>Lire : La centrale de Tchernobyl recouverte d'un sarcophage à 1,5 milliard d'euros
En octobre, un comité d'experts mandatés par le gouvernement japonais avait déjà dit que le coût du démantèlement "dépasserait très largement 2.000 milliards de yens" (17 milliards d'euros). Ils n'ont officiellement pas donné de chiffres actualisés plus précis depuis, et le ministère de l'Industrie (Meti) non plus, mais pourraient les publier à l'occasion de leur prochaine réunion ce mois-ci.
"Les discussions (sur les coûts et la répartition entre les parties prenantes) vont se poursuivre encore l'année prochaine", a indiqué par téléphone à l'AFP un porte-parole du Meti.
Le coût des indemnisations aux victimes explose
Quelque 8.000 à 10.000 milliards de yens sont en outre désormais jugés nécessaires par les mêmes experts pour les dédommagements versés aux habitants de la région, indemnisations dont la part déjà versée avoisine 6.000 milliards de yens. La somme grimpe au fil des mois du fait du nombre important de personnes affectées par le drame.
L'Etat avance cet argent à Tepco par le biais d'un fonds spécialement créé auquel contribuent aussi les autres fournisseurs d'électricité. La compagnie est censée rembourser ultérieurement les sommes prêtées par le pays, mais l'échéance n'est pas définie.
Les opérations de décontamination des environs du site, également comprises dans la somme totale de plus de 20.000 milliards de yens, pourraient coûter de leur côté 4.000 milliards de yens, bien plus que prévu précédemment, selon les chiffres de la NHK et des autres médias qui ne mentionnent pas leur source.
Pour mémoire, la facture dévoilée par le Nikkei lundi 28 se détaillait ainsi:
- l'indemnisation des victimes est désormais estimée à 8.000 milliards (mais en octobre dernier, des experts estimaient que ce sera bien plus),
- la décontamination nécessiterait 4.000 à 5.000 milliards,
- et le budget du démantèlement subit une hausse du même ordre.
Qui va payer au final la facture ?
Selon plusieurs sources proches du dossier citées par le Nikkei, une partie de cette augmentation sera reportée sur les coûts de l'électricité. En 2014, l'universitaire Kenichi Oshima avait déjà pointé du doigt le fait que ces coûts vont reposer sur les citoyens, en tant que contribuables si l'État paye, ou en tant qu'utilisateurs de courant via la facture émise par la compagnie si elle finit par rembourser les sommes avancées.
L'Etat avance cet argent à Tepco par le biais d'un fonds spécialement créé auquel contribuent aussi les autres fournisseurs d'électricité. En théorie, Tepco, sauvée de la faillite par les pouvoirs publics, est censée rembourser ultérieurement les sommes prêtées par le pays, mais l'échéance n'est pas définie...
Sollicité, le ministère japonais du Commerce s'est abstenu de tout commentaire.
___
REPERE
Le 11 mars 2011, un violent séisme de magnitude 9 puis un tsunami dévastateur ont abouti à l'accident de la centrale de Fukushima Daiichi, la pire catastrophe nucléaire depuis celle de Tchernobyl en 1986.
(Avec AFP)
Sujets les + commentés