Energies : la France innove dans tous les territoires

De plus en plus nombreuses à s’engager dans de nouvelles formes d’énergie propre, renouvelable, durable, les start-up françaises multiplient les innovations. Aucune région n’y échappe et c’est une bonne nouvelle ! La rédaction de T La Revue vous propose une sélection de treize d’entre elles, une par région, sans oublier la sélection ultramarine. Avec en prime, la mise en lumière des finalistes de TECH FOR FUTURE* (anciennement 10 000 start-up pour changer le monde), le plus grand concours de start-up en France organisé depuis plus de dix ans par La Tribune. (Cet article est issu de T La Revue n°13 - "Energies, la France qui innove" actuellement en kiosque).
(Crédits : Istock)

AUVERGNE-RHÔNE ALPES / GRENOBLE

Lancey Energy Storage invente la batterie de stockage intégrée dans un radiateur intelligent

 Mettre une batterie - qui n'aime pas la chaleur - dans un radiateur qui en produit, il fallait oser... C'est ce qu'a fait Raphaël Meyer. Après une thèse de doctorat sur le solaire, l'ingénieur voulait « participer à l'essor de l'autoconsommation du photovoltaïque et travailler sur la consommation, dont une grande partie est liée au chauffage, pour la faire baisser et en simplifier l'accès », dit-il. S'ensuivent cinq ans de R&D afin de mettre au point un radiateur, conçu pour être associé à des panneaux solaires. Mais pas n'importe quel radiateur. Il intègre une batterie qui stocke l'énergie en heures creuses et permet de l'utiliser ensuite. « Il a fallu protéger la batterie de la chaleur des corps de chauffe et utiliser également la chaleur fatale (dégagée par la batterie) pour améliorer le rendement, tout en faisant un produit très compact. Nous avons transformé la contrainte en opportunité », enchaîne-t-il. Le « nous » fait référence à ses deux équipiers, Gilles Moreau et Hervé Ory, rencontrés au sein de l'écosystème de l'innovation grenoblois et cofondateurs de la société Lancey, en 2016. Ils avaient déjà pris contact avec deux bailleurs sociaux locaux, prêts à tenter l'expérience pour faire baisser la facture d'électricité des habitants. De premiers cas d'usage qui ont ouvert la voie à la production industrielle, en Haute-Savoie, chez Bosch, l'hiver dernier. Depuis, 2 500 kits ont été vendus. De même, des acteurs de la rénovation thermique et des opérateurs comme Dalkia, filiale d'EDF spécialisée dans les services énergétiques, et Engie ont noué un accord avec la jeune pousse. Et elle bouclera une nouvelle levée de fonds début 2023. « Nous poursuivrons notre contribution à la revitalisation de l'économie des territoires, mais il s'agit désormais de nous déployer en Europe », conclut Raphaël Meyer. (Lauréat Tech For Future 2018)

BOURGOGNE-FRANCHE-COMTE / BELFORT

H2SYS propose un groupe électrogène à hydrogène

 Hôpitaux, casernes de pompiers, péages autoroutiers, administrations... sont autant de bâtiments stratégiques qui ne peuvent pas se permettre de subir des coupures d'électricité. Certes, certains sont dotés de groupes électrogènes. « Mais ces solutions de secours fonctionnent avec des énergies fossiles, alors qu'il faut en finir avec cette dépendance, si l'on veut atteindre les objectifs de l'Accord de Paris sur le climat, cesser d'émettre du CO2 », relève Sébastien Faivre, président de H2SYS. À partir de recherches en laboratoire, menées depuis 1999 sur les piles à hydrogène, au CNRS, un générateur électrique, qui fonctionne avec une pile à hydrogène, couplée à un élément de stockage électrique, a été mis au point. Pour commercialiser l'innovation, Sébastien Faivre a réuni une équipe en 2012 et cofondé H2SYS, en 2017. Et alors que la filière hydrogène vert, autrement dit, produit à base d'énergies renouvelables, se développe, un peu partout en France, les ambitions de la société, devenue une PME employant 28 personnes, décuplent. « Nous voulons, dans cinq ans, être le leader européen du groupe électrogène à hydrogène », déclare ainsi Sébastien Faivre. Déjà, 25 % de ses activités sont à l'international, principalement en Europe. La jeune pousse choisit parfois des évènements emblématiques, comme le jubilé de la Reine Elizabeth II, pour proposer ses solutions et briller. Elle espère aussi nouer un partenariat avec le comité des Jeux olympiques et paralympiques 2024. Mais dans la vie de tous les jours, des usagers de la préfecture du Territoire de Belfort aux propriétaires de voitures électriques (puisque Enedis doit couper l'électricité pour installer des bornes de recharge), en passant par les ouvriers sur les chantiers, nombreux sont ceux qui en profitent - sans même s'en rendre compte... (Lauréat Tech For Future 2018)

BRETAGNE / SAINT-GREGOIRE

Sweetch Energy parie sur l'énergie osmotique

C'est en regardant la mer que trois Bretons, Nicolas Heuzé, Bruno Mottet et Pascal Le Melinaire, cofondateurs de Sweetch Energy, se sont demandé ce qu'ils pouvaient faire de cette énergie. Et en particulier de l'énergie osmotique, qui se libère naturellement quand de l'eau douce rencontre de l'eau salée. Elle est donc disponible dans tous les deltas, estuaires et embouchures de fleuves, partout dans le monde. « Chaque année, ce sont 30 000 TWh qui se libèrent de cette façon sur la planète, indique Nicolas Heuzé, directeur général de la start-up fondée en 2015. Or la consommation mondiale est de 26 000 TWh. » Domestiquée, l'énergie osmotique, renouvelable et permanente, couvrirait ainsi largement les besoins. Mais justement, il faut la dompter... Et cela faisait 75 ans que chercheurs et industriels essayaient. À force de recherche et développement, Sweetch Energy a trouvé la solution : des membranes qui permettent, en les filtrant, de séparer certains types d'ions, les plus capables de produire de l'électricité. Deuxième puissance maritime mondiale, la France a évidemment une carte à jouer. « Notre objectif, pour déployer notre technologie à l'échelle de la planète, est de créer une nouvelle filière industrielle en France et de participer ainsi à la lutte contre le dérèglement climatique, à la réindustrialisation de la France et à sa souveraineté énergétique », enchaîne Nicolas Heuzé. Déjà, un partenariat avec la Compagnie nationale du Rhône (détenue par Engie, la Caisse des Dépôts et des collectivités locales) pour l'installation d'une centrale pilote a été signé. « À terme, on pourra augmenter de 30 % l'électricité produite sur le Rhône », précise-t-il. Sweetch Energy, qui a obtenu des subventions européennes et levé près de 10 millions d'euros, compte bien lancer ses propres usines de fabrication des membranes et produire de l'électricité propre partout sur la planète.

CENTRE-VAL DE LOIRE / TOURS

Fractal Energy fait baisser la facture d'électricité des particuliers

Alors que Fabien Berger et Jérôme Barbou, cofondateurs de Fractal Energy en 2021, cherchaient un onduleur pour la solution qu'ils avaient imaginée afin de faire baisser la facture d'électricité des ménages, ils pensaient qu'il ne pourrait venir que de la recherche américaine ou chinoise. Or, c'est au laboratoire Greman, au sein de l'université de Tours, qu'ils l'ont trouvé ! « Une bonne surprise et une bonne leçon », déclare Fabien Berger, président de la start-up. Il avait certes déjà travaillé dans l'énergie pendant dix ans, mais il se posait une question : comment aider les ménages qui ne sont pas équipés de panneaux solaires à réduire leurs factures ? Pourquoi ne pas imaginer une « box », qui pourrait stocker l'électricité au moment où cette dernière est la moins chère, puis faire en sorte qu'elle soit « rendue » aux ménages le soir, lorsqu'ils en ont besoin ? En plus, cela éviterait les pics de consommation et permettrait à tous les ménages de contribuer à la flexibilité du réseau... Avec son coéquipier, spécialiste des batteries connectées, il a relevé le défi. La solution complète - un « plug », lié au compteur Linky du foyer, une Flex box, qui se branche sur une prise de courant classique, se connecte sur Internet et stocke l'électricité dans sa batterie pour la restituer grâce à un onduleur et enfin, une plateforme cloud, qui pilote la box pour maximiser les économies au quotidien - s'installe en outre « sans nécessiter l'intervention d'un professionnel, précise-t-il. Et de cette façon, nous pouvons aussi augmenter la part des énergies renouvelables dans le réseau, malgré leur intermittence. » Lancée avant la crise énergétique, la start-up est aujourd'hui au cœur de l'actualité - même si sa solution ne sera commercialisée qu'à l'hiver 2023...

CORSE / PROPRIANO

Mape Tech utilise la mer comme panneau solaire géant

Fils de patron-pêcheur à Propriano, Franck-Antoine Peretti n'a pas repris l'activité familiale. En revanche, il a inventé un nouveau terme, « l'hydromaréthermie » et surtout, un nouveau concept, l'exploitation de l'effet d'accumulateur thermique de la surface de la mer. « J'ai pratiqué la plongée dès l'âge de huit ans et j'ai toujours été frappé par la différence de température entre l'eau et le soleil », dit-il. Il fait des études en thermodynamique et se demande comment concentrer cette production d'énergie continue, sans intermittence, non fossile et dont le stock est illimité, pour produire simultanément du chauffage, de la climatisation et de l'eau chaude sanitaire. Au bout de quinze ans de recherche et développement, il réussit à concevoir un système qui permet d'utiliser la surface de la mer, puisque c'est un capteur solaire géant et lance, en 2017, Mape Tech. « Nous posons, près d'un récif ou dans une faille rocheuse, une petite sonde, très discrète, silencieuse, contenant de l'eau douce qui circule, et grâce à un échangeur, nous pouvons utiliser les microdifférences de température et produire du chaud et du froid que nous ramenons par de petits tuyaux sous la plage, à quelques centaines de mètres », explique-t-il. Depuis 2012 déjà, un village vacances profite de ce système (labellisé en 2014) qui lui apporte la quasi-totalité de l'énergie qu'il consomme gratuitement. Deux autres établissements, dont un hôtel à Bonifacio, devraient bientôt faire de même, le système ayant été peaufiné depuis. « Notre prochain défi sera le réseau urbain », enchaîne Franck-Antoine Peretti. Certes, il est impossible d'industrialiser la technique, puisque chaque installation doit s'adapter à l'environnement, mais « la réalité énergétique nous rattrape », dit-il. Et il entend bien contribuer à la rendre plus douce...

GRAND EST / STRASBOURG

BioRenGaz transforme les biodéchets en énergie

« Ce n'est pas une révolution mais une évolution », déclare sobrement Jonathan Fritsch, le dirigeant et fondateur de BioRenGaz, une start-up créée en 2019. Il n'empêche. La nouvelle technologie, brevetée pour les digesteurs (qui transforment des biodéchets en méthane), permet de multiplier par quatre leurs performances. Ce sont ses premières expériences dans des entreprises de valorisation des déchets qui ont provoqué le déclic. « La majorité des méthaniseurs n'utilisent pas de supports de culture de bactéries, explique-t-il, ce qui limite leurs performances, et les autres emploient des supports en plastique, onéreux et polluants. J'ai donc eu l'idée de développer des supports issus du recyclage, 100 % biosourcés et recyclables. » Autant dire qu'entre la crise environnementale et celle du coût des matières premières, cette technologie tombe à pic. Après une première preuve de concept, qui a validé les performances de la technologie, BioRenGaz est aujourd'hui sollicitée par des industriels de l'agroalimentaire. D'autant que son innovation permet aussi de réduire le bilan carbone, les coûts opérationnels et l'emprise au sol des installations, grâce à des silos verticaux... « Nous pouvons proposer la technologie à ceux qui jettent pour l'instant leurs déchets afin qu'ils produisent, localement, de l'énergie renouvelable. Et les résidus de la méthanisation sont retournés au sol des exploitations agricoles sous forme de matières fertilisantes », poursuit-il. BioRenGaz participe donc aussi bien à la lutte contre le dérèglement climatique qu'à une agriculture durable et au dynamisme économique des territoires. Et s'il n'exclut pas de lever des fonds, Jonathan Fritsch compte, pour développer le marché national et international, sur ces géants de l'agroalimentaire... (Lauréat TFF 2020)

HAUTS-DE-FRANCE/LILLE

Otonohm améliore la durée de vie des batteries

Inventées il y a 120 ans (par Thomas Edison), les chaînes d'alimentation sur batteries avaient « quelque chose de désuet », remarque Christophe Piquemal, le fondateur d'Otonohm, une start-up lancée en 2016. Alors que les voitures électriques gagnent du terrain, les batteries classiques ont peu d'autonomie et il est difficile de prévoir leur durée de vie... Il fallait donc concevoir un nouveau produit pour dynamiser la mobilité électrique. Christophe Piquemal réfléchit à une batterie qui accepterait directement de l'énergie sans chargeur et qui générerait directement le bon courant en sortie, sans onduleur. Après quatre ans de R&D, c'est chose faite. Une nouvelle génération de batteries, portables et sans chargeur, était née. Mieux, elle affiche des performances et une durée de vie supérieures à celles des batteries ordinaires. « Les cellules de la batterie sont gérées de façon dynamique pour accepter n'importe quelle tension, n'importe quel courant et n'importe quel signal, et l'absence d'appareils supplémentaires, eux-mêmes consommateurs d'électricité, économise les pertes associées et augmente la performance. Alors que la performance moyenne des batteries classiques, de la charge à la décharge, est de 65 %, avec la nôtre, elle est de plus de 90 % », indique-t-il. La pandémie de Covid-19 ayant, faute de composants, freiné l'industrialisation, Otonohm en a profité pour revoir son business modèle. Au lieu de travailler seule, la start-up s'associe désormais à des industriels (fournisseurs d'électricité comme EDF et équipementiers automobiles), qui l'accompagnent dans la fabrication et la mise sur le marché. Avec une ambition : que la nouvelle batterie devienne un standard mondial. Pour cela, elle lève des fonds, noue de nouveaux contrats et œuvre à son expansion internationale, en particulier en Inde et en Afrique de l'Ouest. (Lauréat TFF 2019)

ILE-DE-FRANCE / PARIS

WIND my ROOF produit de l'électricité avec des éoliennes de toit

Si tout a commencé par un simple défi pour deux ingénieurs, Antoine Brichot et Yanis Maacha, qui avaient gagné un an d'accompagnement à Leonard For Innovators, l'incubateur de Vinci, ils se sont vite pris au jeu. « L'objectif a été de participer à quelque chose qui les dépasse », explique Juliette Fournand, Head of Business Development de la start-up WIND My ROOF, lancée en 2018. En l'occurrence, l'autonomie et la transition énergétiques des bâtiments, en produisant de l'électricité en ville, avec le système qu'ils ont conçu, la WindBox, fruit de plus de trois ans de recherche et développement. « Nous plaçons les éoliennes horizontales, dans des caissons, sur la bordure la plus venteuse du toit, pour profiter des vents qui remontent de la façade », poursuit-elle. Cette technologie, en test depuis la mi-novembre 2022 sur un immeuble de logement social à Rouen, avec huit WindBox installées, devrait permettre, selon l'expression de Juliette Fournand, « d'effacer », environ 20 % de la consommation électrique des parties communes du bâtiment, dont l'ascenseur, en se branchant directement sur le tableau électrique. Et d'autres projets verront bientôt le jour, à Amiens, où dix WindBox vont être installées sur le toit d'un immeuble de bureaux, de même qu'à Colombes, en région parisienne, et à Entraigues-sur-la-Sorgue (Vaucluse), où cinq de ces caissons seront placés sur le toit d'un entrepôt logistique. La start-up, basée à Paris, n'envisage pas d'équiper la capitale dans un avenir proche. « Compte tenu de la densité urbaine, les vents ne s'écoulent pas aussi bien qu'ailleurs et les contraintes architecturales sont fortes », explique la chargée du développement. La jeune pousse préfère s'attaquer à une nouvelle version de sa WindBox, pour la rendre encore plus efficace et plus puissante.

NORMANDIE / DOUVRES-LA-DELIVRANDE

Boréales Energy stocke l'énergie dans la glace

Une entreprise à impact : c'est ainsi que Sébastien Descamps, directeur commercial de Boréales Energy, décrit la start-up, cofondée en 2015 avec Patrick Ouvry. « 20 % de la consommation électrique mondiale résulte des besoins en refroidissement », enchaîne-t-il. Et avec le dérèglement climatique, ces besoins - de l'agroalimentaire aux technologies de l'information - vont s'accroître. Boréales Energy a donc d'abord cherché à convertir et stocker l'électricité dans la glace, pour une utilisation différée de l'énergie thermique sous forme d'eau glacée. Après six ans de R&D, elle a franchi la première étape et mis au point une nouvelle génération de batterie à glace à très haute performance : un accumulateur thermique statique. « Comme un congélateur immergé dont nous avons maximisé les performances énergétiques », résume-t-il. La solution est déjà en usage dans une ferme normande, productrice de lait. « La moitié des dépenses énergétiques de l'exploitation provient de la nécessité de refroidir le lait lors de la traite. En outre, compte tenu des objectifs de décarbonation et de transition, les énergies renouvelables intermittentes imposent des méthodes de stockage efficaces et adaptées », poursuit Sébastien Descamps. D'autres usages, pour les maraîchers, qui doivent eux aussi stocker leurs produits au frais, sous peine de devoir les jeter, les brasseries, le bâtiment tertiaire et résidentiel, les salles informatiques, sont prévus. Pour soutenir sa croissance et son développement en France et à l'international, Boréales Energy souhaite aujourd'hui lever 3 millions d'euros supplémentaires, avec la vision à long terme de faire évoluer sa solution vers un outil de production décentralisé d'électricité, fondé sur la complémentarité des énergies renouvelables et le stockage dans la glace.

NOUVELLE AQUITAINE / BORDEAUX

Dioxycle recycle le CO2 pour le transformer en ressource non fossile

Si Dioxycle, lancée en 2021, compte plus de 80 % de doctorants parmi ses seize salariés, c'est que Sarah Lamaison (thèse sur le stockage de l'énergie et la valorisation du CO2 au Collège de France et à Stanford), et David Wakerley (docteur en chimie de Cambridge) avaient centré leurs recherches sur les émissions de CO2. Mais surtout, « c'est que, compte tenu de l'urgence climatique, nous voulions agir hors du labo et proposer notre solution à grande échelle aux industriels les plus pollueurs », déclare Sarah Lamaison. La solution passe par un électrolyseur, qui va récupérer du CO2 émis par des chimistes et pétrochimistes, des cimentiers, des aciéristes, puis le transformer en produits valorisés : des carburants, des produits chimiques... dont ces industriels ont besoin pour leurs activités. De déchet, le CO2 devient une ressource, non fossile. « Nous avons déjà fait la preuve de notre concept et notre prototype, fabriqué en France, a traité 10 kg de CO2. Nous voulons aller jusqu'à une tonne par jour », poursuit-elle. Pour cela, Dioxycle compte sur un programme de Bill Gates, Breakthrough Energy Fellowship, qui vise à développer et déployer des solutions afin d'atteindre zéro émission nette en 2050. La première cohorte a été lancée en 2021. Dioxycle était la seule start-up européenne, sur les neuf sélectionnées dans le monde. Mais Dioxycle, qui a déjà levé des fonds, songe également à un nouvel appel aux investisseurs, en vue de la commercialisation. « Parfois, avec une innovation, il faut prouver qu'il y a un marché, dit-elle. Dans notre cas, le besoin est évident et les industriels doivent trouver des solutions pour décarboner et rester compétitifs. Le vrai défi est de rendre la solution la plus économique possible et de la mettre à l'échelle dans le court temps donné pour aider à infléchir la trajectoire carbone des industriels. » (Lauréat TFF 2022)

OCCITANIE/CUGNAUX

Water Horizon récupère la chaleur industrielle perdue et la redistribue

Dessaler l'eau de mer : tel était le sujet de thèse de Jean-Emmanuel Faure, sur lequel il comptait faire sa carrière professionnelle... Mais en visitant une usine de traitement des eaux usées à Toulouse, l'idée de valoriser la chaleur fatale, celle qui est émise par des industriels au cours de leurs activités mais qui est ensuite perdue, a pris le dessus. « C'était aberrant, l'usine était dotée d'un énorme ventilateur qui rejetait à l'extérieur l'air chaud produit par le traitement des boues », dit-il. Partant de la mécanique des fluides, il a donc imaginé, pour les industriels dont le métier n'est pas l'énergie, une batterie thermique, qui n'allait pas servir à dessaler l'eau de mer mais à récupérer la chaleur industrielle produite, à la stocker puis à la distribuer sous forme d'énergie propre. Il se rapproche de Dalkia, la filiale d'EDF spécialisée dans les énergies renouvelables, qui voit tout de suite l'intérêt du modèle. Et lance, avec Patrick Lemaitre et Éric-Jean Pankowski, Water Horizon en 2017, puis boucle une levée de fonds de 5 millions d'euros. « Nous allons ainsi pouvoir mettre au point un banc d'essai, une unité sur un site industriel, poursuit-il, et en 2023, nous aurons deux sites de démonstration, à La Rochelle, où, à partir d'un incinérateur, la chaleur produite et stockée sera ensuite redistribuée à 3 kilomètres, au port de pêche, où le poisson est entreposé au hangar de la criée. De même, à Toulouse, nous allons également utiliser la chaleur d'un incinérateur pour fournir de l'énergie, du chaud et du froid, à une piscine et une patinoire, situées à 10 kilomètres. Et c'est particulièrement intéressant aujourd'hui pour les collectivités locales ! » Et, bien sûr, cet approvisionnement permet aussi de réduire jusqu'à 95 % des émissions de gaz à effet de serre. (Lauréat TFF 2021)

PAYS DE LA LOIRE / NANTES

Farwind Energy invente le navire-énergie autonome propulsé par le vent

Pourquoi implanter des éoliennes sur terre, si leur acceptabilité est délicate ? Et si elles sont en mer, comment faire en sorte qu'elles profitent d'un vent plus fort, en haute mer ? Autant de questions que se sont posées Aurélien Babarit, Arnaud Poitou et Félix Gorintin, cofondateurs de Farwind Energy, en 2020. Après deux ans de R&D, « nous avons conçu un navire de 80 mètres de long et 30 mètres de large, propulsé par le vent grâce à un rotor Flettner, avec, sous la coque, de grosses hélices qui le freinent. Et cela produit de l'électricité, de la même façon que la dynamo d'un vélo », explique Arnaud Poitou. Non seulement cette innovation se joue des problèmes d'ancrage des éoliennes classiques en mer, mais en plus, le navire peut être guidé pour bénéficier d'un maximum de vent. Dans des batteries, il stocke l'électricité produite, déversée sur terre ensuite. Le premier navire devrait être prêt en 2025. Farwind se concentre sur les Antilles, des zones non connectées à des réseaux électriques continentaux, où les alizés sont favorables à la production d'électricité, alors que cette dernière est principalement produite avec des énergies fossiles. Et « nos navires peuvent aussi éviter les cyclones, en se déplaçant », souligne-t-il. Mais la start-up entend faire plus contre le dérèglement climatique. Sa solution permet aussi de fabriquer de l'hydrogène vert. Cette technologie pourrait fournir du méthanol, un carburant liquide synthétisé à partir de CO2 et d'hydrogène, utilisable notamment pour le transport maritime transocéanique ou l'aérien.

PROVENCE-ALPES-COTE D'AZUR / NICE

Teebike transforme un vélo classique en vélo électrique

C'est en Chine, où il travaillait, que Laurent Durrieu, cofondateur avec Marine Billis de Teebik, lancé en 2019, a pris conscience d'un immense gâchis. Des millions de vélos, mis en libre-service par des entreprises dont l'activité n'a pas décollé, sont abandonnés au coin des rues ou dans des « cimetières à vélos ». Pis, du fait que certains composants ne sont pas recyclables, ils polluent... De retour en France, où 30 millions de vieux clous dormiraient dans des remises et un million seraient jetés tous les ans, il a cherché la parade pour leur donner une seconde vie. Puisque la mode est au vélo électrique, un produit onéreux, pourquoi ne pas concevoir une solution permettant d'électrifier un vélo classique ? Après un an et demi de recherche et développement, un kit permet, une fois monté, de le faire en quelques minutes. « Nous avons choisi la roue avant, car l'installation - deux écrous à dévisser et à revisser - est plus facile », relève Marine Billis. Dotée d'un moteur de 250 watts et d'une batterie de 320 Wh, la nouvelle roue est couplée à une appli, qu'il suffit de télécharger sur un portable pour choisir le niveau d'aide électrique. « Nous repartons de l'existant », poursuit Marine Billis. Reste que si l'autonomie est de 60 km, il faut quand même recharger la batterie. « Dans le cadre de leur politique de mobilité, les villes devraient installer des bornes un peu partout », espère-t-elle. Car si Teebike réfléchit à une batterie amovible, plus facile à transporter chez soi pour la recharger, elle n'envisage pas une batterie solaire, dont l'autonomie est insuffisante pour l'instant. Toujours est-il que le kit, vendu à 800 euros (la moitié du prix d'un vélo électrique) et également disponible à la location, a déjà séduit 5 000 acheteurs et 500 loueurs. (Lauréat TFF 2021)

LA REUNION / SAINT-PAUL

Green Skin optimise la température intérieure des bâtiments en les enveloppant d'une peau végétale

Les confinements l'ont montré : les humains vivent mieux dans un environnement naturel qu'entre quatre murs... Mais Benoît Dumortier en était convaincu bien avant la crise du Covid-19. Implanté à la Réunion, il voulait participer à la lutte contre le dérèglement climatique et à la transition énergétique, dans une zone tropicale où les besoins en climatisation sont élevés. Sa solution ? Des parois végétalisées. « Nous faisions des toitures et des murs végétalisés depuis 2008, mais nous avons trouvé, grâce à notre recherche, des solutions pour éliminer les problèmes liés au poids, aux racines, à l'étanchéité, à l'inclinaison », explique Benoît Dumortier, qui, avec son compère Stéphane Boudrandi, a lancé Green Skin, la maison mère de Dharmatech, en 2021. La solution, brevetée en 2019, s'appuie sur une feuille, antiracinaire, de PVC recyclée, sur laquelle sont agrafées des feutrines, qui permettent de faire pousser des végétaux sans terre. À cela s'ajoutent des joints pour l'étanchéité. « Nos premières installations ont montré que le système est très résistant - n'oubliez pas que nous sommes dans un environnement cyclonique - et durable », poursuit-il. En outre, les murs et toitures végétalisés procurent en moyenne un stockage de 6 kg de CO2 par an et bien sûr, l'eau de pluie est récupérée. « Notre philosophie est vraiment l'autonomie du bâtiment », relève-t-il. Une centaine de bâtiments ont été dotés de cette innovation à ce jour. « Et nous avons des commandes d'industriels, de gestionnaires commerciaux, de collectivités », ajoute-t-il. La végétalisation nouvelle génération peut fleurir un peu partout dans le monde, à commencer par les zones tropicales, chères à Green Skin. D'ailleurs, elle s'embarque prochainement pour l'Afrique de l'Ouest, à la recherche de partenaires qui commercialiseront cette solution low tech. Une solution qui permet d'optimiser la maîtrise de la température intérieure des bâtiments. (Lauréat TFF 2021)

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