
TotalEnergies dément, de nouveau, fournir du kérozène aux avions de guerre russes. Dans un communiqué, publié ce vendredi 26 août, la major pétrolière indique que Novatek, l'entreprise avec laquelle il détient l'exploitation du gisement de gaz russe de Termokarstovoïe, dans le nord de la Sibérie, l'avait informé que le kérosène dérivé des condensats de gaz issus de ce champ « est exclusivement exporté hors de Russie ».
Selon les éléments de réponse apportés par Novatek, le « jet fuel (carburant, ndlr) n'a pas les certificats nécessaires pour être vendu sur le marché russe », précise encore le communiqué.
« En conséquence, il est clair que les allégations de certains médias et les appels à enquêter sur les activités de TotalEnergies dans nos sociétés conjointes n'ont absolument aucune base factuelle », conclut Novatek.
« Un sujet extrêmement sérieux », selon Clément Beaune
L'entreprise russe fait notamment référence aux récentes déclarations de Clément Beaune. Hier, le ministre français délégué aux Transports a, en effet, appelé à « faire la lumière » sur les accusations contre TotalEnergies, assurant qu'il s'agissait d'un « sujet extrêmement sérieux ».
De son côté, le groupe français réaffirme, que « non, TotalEnergies ne produit pas de kérosène pour l'armée russe ».
Le groupe pétrolier français dément ainsi, une nouvelle fois, les informations parues dans Le Monde d'après des données collectées par l'ONG Global Witness, selon lesquelles du condensat de gaz, coproduit par lui en Sibérie, aboutit in fine sur des bases de l'armée russe engagée en Ukraine.
Selon les documents que s'est procurés l'ONG, le champ gazier russe de Termokarstovoïe exploité par l'entreprise Terneftegaz, codétenue par le groupe français à 49% avec le russe Novatek (51%), a fourni du condensat de gaz (un hydrocarbure sous forme liquide) à une raffinerie proche d'Omsk en Russie. Celle-ci en a fait du carburant, lequel aurait ensuite été expédié pour alimenter les avions russes au moins jusqu'en juillet.
Ces conclusions se basent, notamment, sur des données de la base Refinitiv, détenue par la Bourse de Londres, qui permettent de retracer la chaîne d'approvisionnement, appuyées par des images satellite. Les expéditions de Terneftegaz auraient ainsi représenté plus de 8% de la matière première réceptionnée à Omsk en Russie depuis l'invasion de l'Ukraine.
Menace d'une action en justice
La major pétro-gazière, dirigée par Patrick Pouyanné, précise par ailleurs qu'elle mènera « toute action juridique » pour mettre fin à la polémique « qui atteint à la réputation de l'entreprise », et qu'elle juge « sans fondement », « si cela s'avérait encore nécessaire ».
Le groupe français est la seule grande major du secteur à avoir maintenu ses activités en Russie, concentrées essentiellement autour du gaz liquéfié venu de Yamal LNG, après l'invasion de l'Ukraine, le 24 février dernier. Shell, BP, Exxon, Equinor ou encore ENI ont, pour leur part, annoncé dès mars leur intention de renoncer à leurs actifs russes. En 2021, TotalEnergies réalisait en Russie 31,5 % de sa production de gaz, laquelle représentait 11 % de son résultat.
Novatek est une entreprise « privée indépendante », a précisé TotalEnergies, qui détient 19,4% de son capital. Toutefois, l'un de ses principaux actionnaires (23%) est Guennadi Timtchenko, un milliardaire russe très proche de Vladimir Poutine et visé par des sanctions européennes et britanniques après l'invasion de l'Ukraine.
(Avec AFP et Reuters)
Sujets les + commentés