Nucléaire : compétitivité en berne à l’échelle mondiale

Par Dominique Pialot  |   |  427  mots
Le ralentissement des construction explique en partie la perte de compétences et les difficultés rencontrées sur le chantier de l'EPR. (Crédits : Benoit Tessier)
Dans son rapport annuel publié ce 10 septembre, l'Agence internationale de l'énergie atomique se montre pessimiste quant aux perspectives de développement de cette énergie, dont la part dans le mix énergétique mondial pourrait être divisée par deux d’ici à 2050 pour tomber sous les 3%.

Alors que le nouveau ministre français à la Transition écologique et solidaire François de Rugy incite à « sortir des guerres de religion » sur le nucléaire, voilà une étude qui devrait alimenter le débat en cours à l'occasion de l'élaboration de la prochaine Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Dans un rapport publié ce 10 septembre par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), agence onusienne basée à Vienne peu suspecte d'opposition primaire à cette énergie, le nucléaire pourrait connaître une chute de plus de 10% du parc mondial de réacteurs d'ici à 2030.

En cause : une baisse de sa compétitivité face aux prix du gaz naturel et à l'impact des énergies renouvelables sur les prix de l'électricité. Sans compter, selon l'AIEA, des séquelles des catastrophes de Fukushima au Japon en 2011 qui ne se sont pas totalement estompées.

Des parcs diminués d'un tiers en Europe et aux États-Unis

L'agence rappelle que plusieurs pays, à commencer par l'Allemagne et la Suisse, ont entamé leur sortie de l'atome. Ce désamour génère un rythme de construction ralenti et une perte de compétences notamment invoquée par la filière française pour expliquer les difficultés rencontrées dans la construction de l'EPR. Le coût des normes de sécurité plus exigeantes qui ont suivi ces catastrophes concourt également à renchérir cette énergie.

« Un nombre considérable de réacteurs [devant] être désaffectés vers 2030 et ensuite », la capacité nucléaire du parc mondial pourrait s'avérer de 10% plus basse que les 392 gigawatts (GW) recensés fin 2017.

Selon l'hypothèse basse de l'AIEA, le parc nucléaire pourrait décroître de près d'un tiers en Europe et en Amérique du Nord d'ici à 2030.

Globalement, la place du nucléaire dans le mix énergétique mondial pourrait passer de chuter de 5,7% aujourd'hui (avec 455 réacteurs nucléaires en activité, soit une capacité installée record de 399,8 GW), à 2,8% en 2050.

Hypothèse optimiste à +30%

L'énergie nucléaire suscitant toujours un "fort intérêt" dans le monde en développement notamment en Asie, "où des pays comme la Chine et l'Inde nécessitent d'énormes quantités d'électricité", l'AIEA développe également une hypothèse nettement plus optimiste qui prévoit, elle, une hausse de 30% des capacités nucléaires mondiales d'ici 2030, à 511 GW.

Mais même cette projection est en recul de 45 GW par rapport à ce que prévoyait l'agence il y a un an, et plus encore par rapport à 2016, lorsque l'agence anticipait une puissance nucléaire installée de 600 GW en 2030.