Flamanville : l'ASN met la pression sur EDF

Par Dominique Pialot  |   |  537  mots
L'ASN estime qu'un travail technique important reste à faire sur les soudures de l'EPR de Flamanville (Crédits : Reuters)
Suite à la découverte de défauts en avril dernier, l’électricien espérait échapper à la réparation de certaines soudures. Mais l’ASN ne l’entend pas de cette oreille et le retard pourrait être plus important encore qu’annoncé.

Est-ce le coup de pied de l'âne ? L'ASN présidée par Pierre-Franck Chevet, dont le mandat s'achève en novembre, publie ce 3 octobre une note sévère concernant les défauts sur des soudures  situées au niveau des tuyauteries du circuit secondaire principal, qui relient le générateur de vapeur et la turbine.

En révélant ces défauts en avril, l'électricien avait présenté aux autorités un programme de réparation, mais estimait ne pas avoir à refaire certaines soudures, notamment « les huit soudures situées au niveau de l'enceinte de confinement » du réacteur nucléaire.

L'opérateur estimait alors que son programme de justification et/ou de réparation entraînerait un retard d'un an pour la mise en service du réacteur de troisième génération. Soit un chargement du combustible nucléaire repoussé à fin 2019, pour une mise en service courant 2020, huit ans plus tard que le calendrier initial, et un nouveau surcoût de 400 millions d'euros, portant la facture à 10,9 milliards d'euros, trois fois plus que le budget de départ.

Instruire l'option A, préparer un plan B

Or l'ASN se montre plus nuancée et considère "que cette option nécessite la réalisation d'un programme conséquent d'essais visant à mieux caractériser les propriétés mécaniques des soudures", et doit faire l'objet d'une instruction de l'ASN et de son bras technique, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Et ce processus complexe "nécessitera plusieurs mois et qui dépassera de toute évidence la fin de l'année 2018", a précisé dans un entretien à l'AFP Julien Collet, directeur général adjoint de l'ASN.

Et ce n'est pas tout. "Dans la mesure où il n'est pas certain que cette démarche aboutisse, l'ASN invite EDF à engager dès à présent les actions préalables à la réparation des soudures concernées". Cela concerne au moins les huit soudures situées au niveau de l'enceinte de confinement, c'est-à-dire le dispositif de protection destiné à contenir les produits radioactifs à l'intérieur d'un périmètre fermé pour éviter qu'ils ne s'échappent.

Défaillance de surveillance à justifier

Ni l'ASN ni EDF n'ont précisé les délais dans lesquels ils envisagent de réaliser et instruire ce nouveau programme d'essais, mais si une réparation était décidée, elle pourrait s'avérer complexe en raison d'une accessibilité délicate.

Surtout, un premier problème ayant été détecté dès juillet 2015, l'ASN dénonce "une défaillance de la surveillance" exercée par EDF sur ses prestataires sur le chantier et une mauvaise circulation de l'information qui relève de "questions d'organisation interne". L'Autorité demande donc à l'électricien de fournir une "une analyse approfondie des dysfonctionnements" dans ce dossier et de s'expliquer sur son information tardive des autorités.

Dans un courrier à la direction d'EDF, le président de l'ASN, Pierre-Franck Chevet, demande des explications "sous 4 mois".

EDF, qui à quelques semaines de la présentation de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) pour les périodes 2019-2023 et 2023-2028, plaide pour la construction de nouveaux EPR, se serait bien passée de ce nouveau rebondissement.