Rénovation énergétique : la majorité des Français ignore l'existence d'aides

Par César Armand  |   |  595  mots
(Crédits : Phil Noble)
Selon les résultats d'une étude OpinionWay-Teksial rendue publique ce 6 novembre, 78 % des Français sont incapables de citer une aide financière contribuant à mener des travaux de rénovation énergétique.

En « itinérance mémorielle » à Verdun, le président de la République Emmanuel Macron  a promis, ce 6 novembre 2018 sur Europe 1, d'« améliorer le chèque énergie ». D'un montant actuel de 150 euros, cet outil qui sert à payer les factures d'électricité et de gaz va être augmenté à 200 euros en 2019.

Les chiffres sont effectivement alarmants. Sur les 28 millions de résidences principales que compte notre pays, 15 millions sont des passoires énergétiques. Outre les risques que cela peut avoir sur la santé physique (problèmes respiratoires) et mentale (anxiété voire dépression), le budget des Français concernés est largement amputé par ces fortes dépenses de consommations.

Pourtant, si ce chèque énergie est connu des ménages modestes, les autres dispositifs accompagnant financièrement la rénovation énergétique sont très majoritairement ignorés. Selon une étude OpinionWay-Teksial (spécialiste des économies d'énergie) réalisée auprès de 2.098 individus, seuls 22 % d'entre eux réussissent en effet à citer une autre aide.

Pour un accompagnement avant, pendant et après les travaux

7 % des sondés connaissent le crédit d'impôt (CITE) qui s'applique notamment au remplacement des fenêtres en simple vitrage, mais 62 % sous-estiment l'exonération fiscale et 29 % la surestiment. Ils ne sont que 3 % à savoir que cet abattement est de l'ordre de 31 à 40 %. La majorité (43 %) souhaite en réalité un accompagnement avant, pendant et après les travaux.

Le CITE devait être transformé en prime dans le cadre du volet Ecologie du projet de loi de finances 2019  adopté cette nuit. Mais dès la mi-septembre, le gouvernement y renonce, calculant que cela aurait nécessité la création d'une administration dédiée de 300 personnes à temps plein.

« La nécessité de devoir avancer les fonds, en dépit des aides existantes, est un frein pour les ménages », regrette Matthieu Paillot, le président de Teksial à l'origine de cette enquête. « Il y a au moins neuf mois de décalage entre les travaux et la perception de l'exonération fiscale. »

En revanche, les sondés (5 %) semblent connaître les certificats d'économie d'énergie (CEE) qui contraignent les fournisseurs à proposer aux particuliers des travaux de rénovation. Dans le détail, ils sont au courant de ces aides dès lors qu'elles sont proposées directement par les énergéticiens ou les industriels de la grande distribution.

Les Français prêts à débourser 1.758 euros en moyenne

La moitié (50 %) des Français est en effet consciente de la « nécessité » de réaliser des travaux. 81 à 90 % d'entre eux considèrent même que cela « améliore le confort », « fait faire des économies sur les factures » et « augmente la valeur du logement ». Bien qu'en baisse de 435 euros par rapport au baromètre de 2017, les Français se disent prêts à dépenser en moyenne 1.758 euros pour changer leurs fenêtres, isoler leurs combles ou encore améliorer leur système de chauffage.

« Il existe de vraies tensions sur le pouvoir d'achat », estime le directeur des études d'opinion chez OpinionWay Frédéric Micheau et auteur de l'enquête. « Elles sont liées à une fiscalité qui ne baisse pas et à un sentiment qu'elle empire. Cela joue sur le budget disponible. »

Le 10 septembre dernier, le gouvernement et l'Agence de maîtrise de l'environnement et de l'énergie (Ademe) ont lancé une campagne de communication intitulée « FAIRE » pour « faciliter, accompagner et informer pour la rénovation énergétique ». Deux mois plus tard, il semble, au contraire, que le public manque d'informations pour se lancer dans des opérations de réhabilitation énergétique.