Pierre-André de Chalendar : « On n'a pas assez fait attention à notre industrie en France »

[Entretien Vidéo] Pierre-André de Chalendar, Pdg du groupe Saint-Gobain, a été l'invité le 18 décembre dernier des Mardis de l'Essec en collaboration avec La Tribune. Retrouvez ici la vidéo de son intervention et le texte rédigé à l'issue par un des étudiants.

Mardi 18 décembre, Les Mardis de l'ESSEC recevaient Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain. L'invité de ce 5e débat de la saison est coutumier de l'exercice puisqu'en 2014 ; il avait participé à une table ronde avec ses deux homologues du Groupe La Poste et d'Air France-KLM. Pierre-André de Chalendar, ancien étudiant de l'ESSEC, n'a donc pas débarqué en terra incognita...

« Je suis l'homme d'une entreprise »

Pierre-André de Chalendar a fait ses premiers pas professionnels au Ministère de l'Industrie et de l'Aménagement du territoire, au moment même où l'on cherchait à réduire le rôle de l'État dans la conduite de l'économie. Ce qui l'a aiguillé aussi rapidement vers le privé ?

« Le rôle des entreprises pour créer de la richesse, participer au bien commun et permettre aux Français de mieux vivre qu'à une certaine époque, est absolument fondamental », affirme-t-il.

C'est pourquoi il décide alors de répondre favorablement aux appels du pied de Saint-Gobain, qu'il intègre en 1980 avant d'en devenir le Président-Directeur général en 2010.

Si la tendance des entreprises françaises est par ailleurs au turnover des Pdg, M. de Chalendar est plutôt partisan de la stabilité directionnelle. Il pense que rester longtemps à la tête d'un groupe ou désigner comme Pdg un collaborateur y ayant déjà fait ses preuves favorise une vision de long terme, portée par une stratégie sans cesse renouvelée mais dans le respect des valeurs intangibles de l'entreprise. Une force donc, plutôt que le symptôme d'un affaiblissement. Cette philosophie a fait ses preuves pour Saint-Gobain, une entreprise française historique, née il y a plus de 350 ans !

Pour retrouver de la compétitivité, « la seule solution est de baisser les dépenses publiques »

Notre invité rappelle par ailleurs que l'identité de Saint-Gobain prend racine dans l'innovation. C'est cette veine novatrice qui a permis, dès le milieu du XVIIe siècle, l'invention d'une nouvelle technique de confection de miroirs, dont le parangon est la Galerie des Glaces du Château de Versailles. Puis Saint-Gobain a multiplié les prouesses et s'est peu à peu développé  à l'international.

« L'ambition du groupe a toujours été de se mettre au diapason de son histoire et d'incarner une industrie de pointe. C'est toujours vrai aujourd'hui : 1/4 des produits et solutions proposés par le Groupe n'existait pas là il y a 5 ans. C'est un chiffre dont je suis fier ».

Chaque année, c'est environ 5% de produits nouveaux qui font leur apparition sur le marché de la construction, ce qui est colossal.

La particularité de Saint-Gobain est d'être très proche de ses marchés, qui sont majoritairement locaux. Cela veut dire produire et vendre aux plus près des besoins. D'où une implantation du Groupe dans près de 70 pays.

Saint-Gobain est enfin un fleuron industriel français pluriséculaire, et est à ce titre assez singulier. Pour Pierre-André de Chalendar, la France doit mieux promouvoir son industrie.

« On n'a pas assez fait attention à notre industrie en France. Celle-ci joue pourtant un rôle majeur en terme d'emplois et contribue positivement à la balance commerciale de notre pays. Aujourd'hui pourtant, elle produit 50% de moins que l'industrie allemande. », déplore-t-il.

Pour M. de Chalendar les usines ont un « rôle extrêmement structurant dans le développement des territoires » et permettent la création d'emploi, de services, de PME... Il explique ce retard français par le poids des charges sociales et des impôts de production. Que préconise-t-il tout au long du débat ?

« Il faut que le gouvernement retrouve des marges de manœuvre financières, et pour ça, la seule solution est de baisser les dépenses publiques ».

À voir si 2019 exaucera le vœu de M. de Chalendar.

Comment les entreprises peuvent-elles être à la fois « le problème et la solution » ?

La capacité de Saint-Gobain à innover et se réinventer, c'est aussi à travers le développement durable et le business responsable. Les enjeux principaux du secteur de la construction ont depuis longtemps été identifiés par le PDG de Saint-Gobain, auteur de l'essai intitulé « Notre combat pour le climat. Un monde décarboné et en croissance, c'est possible (2015) ».

« Il est une tendance majeure dans le monde de la construction et de l'habitat : c'est la  prise en compte du développement durable dans la conception et le choix des matériaux. Nos clients n'attendent pas exclusivement de nos produits qualité et esthétique. Ils exigent aussi des matériaux écologiquement responsables. »

Le bâtiment représente 40% de la consommation d'énergie en Europe et 1/3 des émissions de gaz à effet de serre. Pour Saint-Gobain, diminuer son impact carbone est donc essentiel.

« Les entreprises industrielles ont souvent été considérées comme le problème sur le sujet du Climat, or elles sont aussi souvent la solution ».

Pour le PDG, cette défiance est avant tout « franco-française » et celui-ci de rajouter que « l'image de l'entreprise a encore des progrès à faire aux yeux des Français ». Pour changer la donne, M. de Chalendar insiste sur les bienfaits de la transition énergétique en prenant l'exemple du double vitrage :

« l'énergie qu'il a fallu pour fabriquer le double vitrage est remboursée en 3 mois en moyenne ».

Reconnu dans le monde comme l'un des PDG les plus engagés dans le développement durable, Pierre-André de Chalendar a conclu cette soirée dans le grand amphithéâtre de l'ESSEC avec ce vœu : faire passer, dans le monde industriel, la transition énergétique de terra incognita à terre conquise.

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Commentaires 3
à écrit le 12/01/2019 à 9:11
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il n'y a jamais eu de crise en 1973 preuve est que les riches sont devenue.plus riche encore mais simplement une vengeance des polititiens qui ont eu peur des dalaries alors ont a detruit volontairement des industrie et créer le chomage pour redui...

à écrit le 11/01/2019 à 12:56
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ce jour on vient d'appendre la fusion ford wv est il pensable que la fermeture du site girondin soit une exigence des allemands

à écrit le 11/01/2019 à 10:44
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cela revient à dire que c'est à la France de s'engager dans la "race to the bottom"/la course à la médiocrité, et pas aux autres pays de devenir plus équilibrés. est-ce qu'il pense vraiment ce qu'il dit ? est-ce que ce n'est pas de l'affichage ? la...

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