Tourisme : dans l'ouest de la France, Slow Village surfe sur le "slow tourisme"

Pour répondre à l’envie de nature des Français et aux attentes écologiques des nouvelles générations, Slow Village a fait du "Slow Tourisme" un concept écoresponsable, connecté à la nature. Avec une promesse; proposer un hébergement expérientiel propice à la déconnexion. Six sites ont été ouverts dans l’Ouest de la France, sur un marché en plein boum.
(Crédits : slow village)

« C'est un concept où la première actrice est la nature », résume David Letellier, à l'origine des six parcs de loisirs Slow Village implantés dans l'Ouest de France depuis sept ans. Le dernier d'entre eux a ouvert sur l'île de Ré en avril dernier. Et comme à Biscarrosse, le premier site à avoir décroché la distinction en octobre dernier, il devrait postuler l'automne prochain à l'Ecolabel Européen décerné par l'Afnor. Une marque de reconnaissance des travaux accomplis ou engagés. D'ici là, Slow Village Loire Vallée en Anjou, Slow Village dans le Nord Finistère, le château des Forges à Angers et Slow Village à Lacanau seront, eux aussi, passés sous les fourches caudines de l'agence de normalisation.

« C'est notre seule feuille de route. Elle nous aide à structurer une démarche écoresponsable et à élaborer un plan d'actions sur plusieurs années », affirme David Letellier, ex-communicant dans le secteur du tourisme, qui a mis à profit ses quinze années d'expérience pour fonder Slow Group en 2015 et répondre à l'envie de nature des Français.

« Le Slow Tourisme, je n'y connaissais rien. Ce qui m'intéresse, c'est de développer un concept aux valeurs environnementales et humaines affirmées, dans des lieux où la densité d'hébergement est faible. La labellisation, remise en cause tous les trois ans, nous aide à respecter nos engagements », explique-t-il.

Selon la définition du Ministère de l'économie, des finances et de la relance, le Slow Tourisme est un « tourisme du temps choisi, garant d'un ressourcement de l'être (pause, déconnexion, lâcher-prise, mais aussi bien-être, temps pour soi, santé), peu émetteur de CO2, respectant l'écosystème du territoire d'accueil et synonyme de patience, de sérénité, d'améliorations des connaissances et des acquis culturels. » Tout un programme.

Des investissements dans la transition écologique

Sur le terrain, la démarche de transition écologique représente des investissements d'un à plusieurs millions d'euros pour mettre les sites de Slow Village en ordre de marche.

Cela passe par des mesures simples à mettre en place comme le remplacement toutes les ampoules par des Leds basse consommation, l'installation de régulateurs de débit sur les robinets, la réduction de 50% des produits à usage unique, la distribution de kits d'accueil éco-responsable avec des produits écolabellisés... Ou des mesures plus lourdes comme le recyclage des huiles et graisses usagés en biocarburant, l'installation de bornes électriques pour les véhicules, une restauration basée à 30% ou 50% sur du bio et du local ou le choix d'un fournisseur d'énergie propre.

« Ce type de contrat représente un surcoût de 10 à 15% mais en final, nous permet de réaliser des économies d'énergies. Tout comme les démarches pédagogiques qui imposent un effort collectif et un lourd investissement humain », observe David Letellier.

Le processus se poursuivra en 2023-2024 avec la mesure de l'empreinte carbone des sites. « Il ne s'agit pas de survaloriser notre démarche mais de viser des objectifs, d'assoir un plan d'actions et d'adopter les solutions les plus adaptées», reconnaît-il. Quitte à abandonner ou reporter un projet de panneaux photovoltaïques dont la pertinence s'est avérée discutable. A Saint-Martin de Ré, Slow Village a investi 2,5 millions d'euros pour rénover un camping vieillissant âgé d'une trentaine d'années et décliné son concept.

Slow box Slow village

Avec sa Slow Box, de 5 m², Slow Village fournit une kitchenette, l'eau et l'électricité pour se connecter à la nature... avec un minimum de confort.

Une diversité d'hébergements pour une mixité de population

Slow Village développe ainsi plusieurs types d'hébergements, selon les sites et leur typologie. Pourvus qu'ils soient propices à la déconnexion.

« On a voulu revoir tous les fondamentaux de l'hébergement et imaginer des formules qui correspondent à nos valeurs écoresponsables. Des lieux où l'on aimerait passer nos vacances avec nos enfants. C'est un peu l'anti-village club », admet David Letellier.

Il est ainsi possible de choisir le confort d'un château, une Tiny house avec une ou deux pièces pour se réveiller face à la mer, une cabane (de 1 à 3 pièces), un mobil home (en cours d'adaptation...), un lodge ou un emplacement nu sous la forme d'un bivouac, équipé d'une simple Slow Box offrant sur 5 m² une kitchenette intégrée, avec l'eau et l'électricité. Le minimum vital pour l'urbain en mal de verdure.

« Aujourd'hui, l'évolution du marché se libère des carcans, des typologies d'actifs, des classifications classiques... Il y a beaucoup de porosité entre l'hôtellerie de plein air, l'hôtellerie classique et le village-vacances... Peu importe la formule, ce que l'on veut, c'est offrir un hébergement expérientiel. Quand un urbain séjourne dans une cabane au fond des bois, c'est déjà une sacrée expérience. Et des innovations amènent de la mixité dans une population jusque-là concentrée sur les seuls adeptes du camping», souligne le dirigeant, conscient des enjeux planétaires et de la nécessaire évolution des business model sur un marché en plein boum.

 Les campings : un potentiel de création de valeur

«On intègre les considérations écoresponsables demandées par les nouvelles générations, mais nous sommes aussi portés par la réalité et sommes avant tout des entrepreneurs », rappelle le dirigeant de Slow Group (220 personnes), qui a structuré le groupe angevin autour de quatre activités : Slow Village qui génère 70% de son chiffres d'affaires (10 millions en 2021 et objectif de 13 millions d'euros en 2022), Immocamp, une agence immobilière spécialisée dans la vente de campings, Slow Invest, qui porte des opérations de Parcs Résidentiels de Loisirs (PRL) à cession de parcelles, autrement dit, la division de parcelles de campings louées ou revendues à des particuliers, et enfin Ideal Tiny, fabricant de Tiny Houses créé en 2020 au Bignon, au Sud de Nantes. En moins de deux ans, l'entreprise est passée de deux à 50 salariés et produit une centaine de Tiny House par an, dont 30% pour Slow Village.

«Nous sommes dans une logique d'économie circulaire », justifie David Letellier, au regard d'un marché de plus en plus disputé où collectivités et municipalités cherchent à redonner un second souffle à leurs terrains de camping vieillissants.

 « Nos diverses activités ont un double objectif. Outre l'apport de ressources pour le groupe, elles nous permettent d'avoir un œil sur le marché et de connaître les besoins en fonds propres. Aujourd'hui, les campings offrent une valorisation extrêmement élevée. Les fonds d'investissements, les Family Office, les sociétés de capital risques et même le monde des Ehpad s'y intéressent. Mais, la zone de jeu est extrêmement limitée. Et l'on voit des campings vendus dix fois leur chiffre d'affaires. En 2021, les plus grosses ventes ont atteint 50 à 60 millions d'euros. Les campings sont devenus de vrais potentiels de créations de valeurs», mentionne David Letellier, dont les deux dernières acquisitions, à Lacanau et l'île de Ré ont été accélérées grâce aux interventions de BPIFrance via son fonds France Investissement Tourisme 2 et de BNP Paribas Développement, tous deux, entrés au capital de Slow Village, de façon minoritaire, pour accélérer le développement de cette forme de tourisme. Le Slow Business n'est pas pour demain...

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