Skyteam cherche à maintenir une dynamique pendant la crise

L'alliance d'Air France-KLM crée une organisation centralisée de Skyteam. Le projet de "joint venture" transatlantique entre Air France-KLM et Delta, qui doit être présenté aux autorités américaines, doit être finalisé avant l'été. Le groupe français espère qu'un feu vert à un projet similaire de British Airways et American et Iberia sera assorti de conditions pour développer la concurrence à Londres-Heatrhrow.

Mieux vaut tard que jamais. Neuf ans après sa création, l?alliance Skyteam, qui regroupe Air France, KLM, Alitalia, Delta, CSA, Korean Air, Aeroflot, China Southern, Aeromexico et, encore pour quelques mois, Continental Airlines, qui va passer à la concurrence (Star Alliance), met en place une organisation centralisée. Baptisé Skyteam Central, cette structure de droit néerlandais basée à Amsterdam sera notamment responsable du marketing, des ventes, des synergies en aéroport, du produit correspondances, du cargo, de la publicité, de la gestion, des finances, de l?administration de l?alliance?

Comptant une vingtaine de personnes, elle sera dirigée par Marie-Joseph Malé, membre du comité exécutif d?Air France. Ainsi Skyteam adopte la même stratégie que les deux alliances rivales, Star Alliance (Lufthansa, Singapore Airlines, United) et Oneword (American, British Airways, Iberia?) qui disposent déjà d?une telle structure, à Francfort pour la première, à Vancouver pour la seconde. Skyteam a également décidé comme ses concurrents de peindre certains avions de ses membres aux couleurs de l?alliance.

"Il faut redynamiser l?alliance, explique le directeur des affaires internationales et des alliances à Air France, Dominique Patry. Lorsque Skyteam a été lancé en 2000, nous avions décidé que les décisions et leur mise en ?uvre se prenaient par les compagnies entre elles. Or, à chaque crise, il apparaît que Skyteam passe au second ou troisième rang des priorités des compagnies membres. Il est donc important d?avoir une organisation centrale pour proposer des initiatives et les mettre en ?uvre".

Si cette organisation répond à un souci d?approfondissement de l?alliance, son élargissement est toujours à l?ordre du jour. Skyteam cherche toujours un partenaire en Inde, en Amérique du Sud, en Asie du sud-est. L?an dernier, l?alliance avait notamment lancé des discussions avec Kingfisher (Inde), Gol (Brésil), qui a racheté Varig, seule possibilité sur le marché brésilien après que TAM ait choisi Star Alliance, ainsi qu'avec Vietnam Airlines et Malaysia Airlines.

 

Skyteam revendique des créneaux horaires à Londres-Heathrow
Alors que le projet de joint-venture transatlantique entre Air France-KLM et Delta devrait être finalisé d?ici à l?été (avec effet rétroactif au 1er avril) pour être présenté au Departement of Transport (DoT) américain, Skyteam dit souhaiter que l?immunité antitrust (préalable à un joint-venture) soit accordé à American Airlines, British Airways (BA) et Iberia qui en ont fait la requête. En espérant néanmoins que ce feu vert soit assorti de conditions à l?aéroport londonien d?Heathrow où le couple BA-American serait en position ultra dominante qui imposeraient un certain nombre de remèdes pour garantir un minimum de concurrence, selon le directeur des affaires internationales et des alliances à Air France alliances, Dominique Patry.

Grosso modo, BA-American détiendrait un peu moins de 50% des créneaux horaires, quand Lufthansa en possèdera environ 18% après le rachat de BMI, beaucoup plus que les 3-à 4% de Skyteam. La question risque de faire grand bruit. American et BA ont déjà renoncé plusieurs fois à cette immunité anti-trust qui leur imposait de céder trop de créneaux à la concurrence. American et BA estiment que la concurrence à Heathrow existe depuis l?ouverture du ciel transatlantique l?an dernier. Sauf que si les droits de trafic ont été étendus, la saturation aéroportuaire de Heathrow n?a pas permis de créer plus de créneaux.

Dans l?aérien, un joint-venture est un accord de partage de coûts et de recettes sur un plan de vols commun sans liens capitalistes. Permettant aux compagnies d?harmoniser leur tarifs, leurs horaires ou encore politique commerciale, il s?agit là du plus haut degré de partenariat dans le secteur. Aux Etats-Unis, des voix s?élèvent au Congrès contre ces immunités anti-trust. Le sénateur Oberstar a notamment lancé une offensive en demandant de refuser toute nouvelle demande d?immunité et de mettre fin à toutes celles déjà en vigueur d?ici à trois ans. Pas sûr que le Congrès suivent dans cette voie. Le débat sur les positions "monopolistiques" continue. Pour Dominique Patry, il vaut mieux, dans l?intérêt du consommateur, trois alliances fortes que 120 compagnies faiblardes.
 

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