En discutant avec Etihad, Air France-KLM vise Air Berlin

Air Berlin, dont 30 % du capital appartient à Etihad, pourrait travailler avec le groupe français. En outre, la compagnie du Golfe pourrait confier la maintenance de ses avions à Air France Industries.
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« Je n?ai pas le sentiment de me renier », indiquait ce jeudi le PDG d?Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta en évoquant les « discussions informelles » à propos d?un partenariat commercial avec la compagnie d?Abu Dhabi, Etihad Airways, dévoilé récemment par "Le Figaro".

"Les prédateurs"

Jean-Cyril Spinetta avait pourtant été le premier dans le secteur à pointer du doigt les dangers des compagnies du Golfe. C?était à l?automne 2003, lors d'un colloque, le Cannes Airlines Forum. Depuis, dix ans durant, la direction n?a cessé de dénoncer les aides publiques reçues par ces compagnies de leur état-actionnaire, et les distorsions de concurrence que cette situation entraînait. Pas une intervention de la direction sans que le sujet ne soit évoqué. Des jeux de lobbying (en vain) sur le régulateur pour bloquer les autorisations de vols (droits de trafic) à ces « prédateurs » (leur surnom en interne). Des tentatives (en vain également) au niveau de l?AEA, l?association des compagnies européennes pour qu?une plainte soit déposée à Bruxelles.

Psychodrame quand Alitalia a signé avec Etihad

Après avoir martelé pendant des années qu?une alliance avec une compagnie du Golfe n?avait pas de sens, ces discussions avec Etihad surprennent. Jean-Cyril Spinetta a beau dire que son modèle de développement était différent de celui d?Emirates et de Qatar Airways avec une volonté de nouer des partenariats, c?est vite oublier le psychodrame au sein d?Air France intervenu fin 2009-début 2010, quand Alitalia passait en catimini un accord de partage de codes (possibilité de commercialiser les avions d?une compagnie partenaire) avec Etihad.

"Difficulté pour trouver des échanges d'avantages"

Alors pourquoi Air France-KLM explore-t-il ce terrain aujourd?hui ? Car la philosophie d?un accord avec une telle compagnie n?a pas trop changé. Il y a beaucoup plus à perdre qu?à gagner. Aussi outre un accord de partage de codes sur la ligne Paris-Abu Dhabi et quelques destinations assurées par Etihad et non desservies par Air France comme Karachi au Pakistan voire en Afrique de l?est (et inversement en France et en Europe pour Etihad), le groupe français n?a aucun intérêt à aller plus avant dans la coopération.

« La difficulté c?est de trouver un échanges d?avantages », explique Jean-Cyril Spinetta, rappelant que contrairement aux compagnies chinoises, les transporteurs des petits Etats du Golfe n'offraient pas de marché intérieur suffisant pour imaginer une coopération commerciale classique. « Si on essaie d'aller au-delà et d'imaginer un futur commun avec des accords purement commerciaux, c'est beaucoup plus compliqué et donc il faut essayer d'être plus innovants et plus créatifs », a-t-il expliqué, précisant que « l'innovation et la créativité ne peuvent pas aller, à mon sens, jusqu'à une prise de participation à l'intérieur de l'entreprise ».

Air Berlin en ligne de mire?

Aussi, Air France-KLM va rechercher à obtenir des contreparties. Et la direction a quelques idées en tête, assez fracassantes. Elles concernent notamment la possibilité pour Etihad de confier la maintenance de ses avions à Air France Industrie, la filiale d?Air France. Au regard de la flotte et du carnet de commandes de la compagnie du Golfe, le potentiel de chiffre d?affaires est énorme. Surtout, Air France-KLM pourrait signer des accords commerciaux avec Air Berlin, dans laquelle Etihad a pris récemment 30 % du capital, selon un proche du dossier. La compagnie allemande, essentiellement moyen-courrier, pourrait ainsi alimenter les hubs d?Amsterdam ou de Roissy puis utiliser KLM ou Air France pour les passagers voulant se rendre vers l?Amérique du Nord ou du Sud par exemple. Ce serait pour Air France-KLM une belle offensive sur le marché de son rival Lufthansa.

Air France a déjà dragué Air Berlin

Air France-KLM a toujours été intéressé par Air Berlin. Il y a deux ans, le groupe français avait tenté de la convaincre de rejoindre son alliance Skyteam. En vain. La compagnie allemande a choisi Oneworld, le camp de British Airways qu?elle intégrera officiellement vers le 20 mars. Pour combien de temps ? Car si Etihad entre dans Skyteam (l'alliance de compagnies dont font notammment partie Air France-KLM et Delata Airlines), la question du maintien d?Air Berlin dans Oneworld se posera. Au final les discussions portent donc sur plusieurs niveaux de coopération qui peuvent aller d?un simple accord sur la ligne Paris-Abu Dhabi à une entrée d?Etihad dans Skyteam avec un rôle clé donné à Air Berlin. Ou n'aboutir sur rien.

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Commentaires 5
à écrit le 16/03/2012 à 18:42
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Juste une petite note au Rédacteur : Air France Industries n'est pas une filiale d'Air France,il s'agit de la marque commercial de la Direction Général Industriel d'Air France. merci

à écrit le 09/03/2012 à 13:45
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Quelle girouette ce Spinetta. Après PHG, les compagnies du Golfe. Demain, il dira qu'il n'a jamais rien contre les subventions de Ryanair

le 16/03/2012 à 18:44
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Bonjour Spinetta a déja fait ses preuves, on lui fait confiance pour restructurer la compagnie tout en gardant le coté humain et social en parfait état.

à écrit le 09/03/2012 à 7:53
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C'est la seule solution pour AF afin de ne pas sombrer. Air Berlin serait sa compagnie "bas coût". Surtout que le personnel doit être moins gourmand et revendicatif.

le 09/03/2012 à 9:43
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Gilles1 : Encore un avis d'expert !

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