A Moscou, le dernier aéroport privé est dans le viseur du Kremlin

Domodedovo, le dernier aéroport moscovite privé doit se trouver un investisseur proche du gouvernement et être intégré aux deux autres aéroports publics. Cet aéroport a su attirer les grands noms du secteur comme British Airways ou Lufthansa.
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Le nouveau ministre des transports Maxime Sokolov a ordonné aux structures de l'aviation civile russe de se préparer un concours sur le choix d'un nouvel investisseur pour l'aéroport de Domodedovo. C'est ce qui ressort d'une lettre révélée par le quotidien Vedomosti. Premier aéroport russe en terme de résultats financiers comme en terme de trafic, Domodedovo subit depuis plusieurs années la pression d'un gouvernement car son actionnaire unique refuse d'obtempérer aux oukases. L'aéroport a besoin d'une nouvelle piste d'atterrissage, mais le gouvernement, (seul propriétaire et seul habilité à en construire des pistes), n'a d'argent que pour une seule piste (achevée en 2018), et l'a attribué au second aéroport moscovite Sheremetievo, qui appartient à 100% à l'Etat et est le hub d'Aeroflot.

Un milliard de manque à gagner

Domodedovo doit d'urgence trouver une solution car l'une de ses deux pistes actuelles doit être fermée d'ici 2016 pour travaux. L'actuel propriétaire « unique » de l'aéroport, un certain Dmitri Kamenshik (qui pourrait être un porte-nom pour d'autres bénéficiaires), aurait offert à l'Etat gratuitement le terrain ainsi qu'une aide financière pour la construction. En vain. L'aéroport calcule que s'il doit fonctionner avec une seule piste, le manque à gagner atteindra un milliard de dollars par an et laissera des millions de passagers sur le carreau, car le trafic augmente très rapidement. L'aéroport a réussi à attirer ces dernières années un grand nombre de compagnies internationales comme Lufthansa, British Airways, JAl, Cathay Pacific, Emirates...

Mais l'Etat a le dernier mot et Domodedovo se trouve au pied du mur. Plusieurs noms d'investisseurs à la fois intéressés par une participation dans l'aéroport et en bons termes avec le gouvernement ont circulé depuis le printemps. Il s'agit de A1, une société d'investissement affiliée au groupe industrialo financier Alfa, de Summa, une société très dynamique active principalement dans le secteur transport/logistique, et de Renova, le holding du milliardaire Viktor Vekselberg. La lettre de Sokolov révèle qu'un autre candidat entre dans la danse : Vitali Vantsev, actionnaire minoritaire du troisième aéroport moscovite, Vnukovo. Il se dirait prêt à financer la construction d'une piste d'atterrissage à Domodedovo, ainsi que des équipements liés à l'acheminement du carburant.

De son côté, Dmitri Kamenshik a toujours répété qu'il n'envisageait pas de céder le contrôle de Domodedovo. A plusieurs reprises, il avait caressé l'idée d'un premier placement en bourse d'une part du capital. Mais la pression exercée par les autorités a mis fin à ce projet. Quel investisseur se risquerait dans un actif en bisbille avec le Kremlin ? Le simple souvenir de l'affaire Ioukos découragerait les plus téméraires. Domodedovo, qui résiste des quatre fers à une intégration forcée dans le consortium aéroportuaire, semble voler droit dans le mur.
 

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Commentaires 3
à écrit le 24/08/2012 à 2:36
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j;ai eu la mémé réaction dubitative, mais pour ce qui concerne les pistes en service, Sheremetyevo a été longtemps handicapé par une seule piste en service pour cause de réfection de la seconde. Depuis un nouveau terminal a été construit ainsi qu'un...

à écrit le 23/08/2012 à 11:58
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Étrange de lire que Domodedovo soit le 1er aéroport russe... plus gros que Sheremetyevo, qui accueille tous les vols d'Aeroflot ! Quelqu'un peu confirmer cela, chiffres à l'appui ?

le 23/08/2012 à 13:28
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Je n'ai pas de chiffres, mais si Domodedovo accueille les principales compagnies étrangères, cela semble possible. J'escompte également que le journaliste a fait son métier et a vérifier ses dires.

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