Avec le rebond du Covid-19 et les restrictions des voyages, la demande de voyage pique du nez. Commencée en mars dernier, la crise que traversent les compagnies aériennes est toujours aussi violente. Le temps de lire cet article, elles auront collectivement brûlé près d'un million d'euros de cash ! En effet, selon l'Association internationale du transport aérien (IATA), le secteur devrait consommer au deuxième semestre 300.000 dollars par minute en moyenne. Soit 13 milliards par mois ou 77 milliards de dollars sur l'ensemble du semestre entre début juillet et fin décembre. Cette hémorragie s'ajoute aux 51 milliards de dollars de cash consommés entre avril et fin juin, période marquée par le confinement des populations à grande échelle et la fermeture de la quasi-totalité de l'activité aérienne. Et il faudra ajouter la consommation de cash colossale estimée par l'IATA en 2021 puisque, selon Alexandre de Juniac, le directeur général de l'IATA, "le secteur du transport aérien devrait brûler entre 60 et 70 milliards de dollars l'an prochain pour revenir à une situation de cash positive en 2022".
Peu de faillites jusqu'ici
Malgré la violence de ce choc, les faillites des compagnies aériennes ont été rares. Les soutiens massifs des États ont en effet permis d'éviter la casse.
"À ce jour, les gouvernements du monde entier ont fourni 160 milliards de dollars de soutien", a indiqué ce mardi Brian Pearce, le chef économiste de l'IATA, lors d'une conférence téléphonique. Un chiffre qui inclut les aides directes, "les subventions salariales" comme l'indemnisation du chômage partiel en France, des allègements fiscaux pour les entreprises et des allègements fiscaux spécifiques au transport aérien.
Pour autant, malgré des restructurations drastiques, ces aides s'annoncent insuffisantes.
Les compagnies entrent dans la saison hiver, une période déjà difficile en temps normal, sans avoir pu engranger des réserves de trésorerie pendant la saison estivale, marquée par un redémarrage d'activité aussi timide que de courte durée. Surtout, aujourd'hui, il n'existe pour l'heure aucune perspective d'amélioration à court terme. Le virus se propage rapidement, les frontières restent fermées et les passagers potentiels attendent une amélioration sur le plan sanitaire et plus de visibilité sur leur situation personnelle.
"Comme les gouvernements n'ont pas de calendrier pour la réouverture des frontières sans quarantaine qui plombe les voyages, nous ne pouvons pas compter sur un rebond en fin d'année pour nous apporter un peu d'argent supplémentaire qui permettrait de tenir jusqu'au printemps", déplore Alexandre de Juniac.
Aussi, ce dernier appelle à nouveau les gouvernements à voler au secours des compagnies aériennes pour passer l'hiver. Car toutes les compagnies ne pourront aller lever des liquidités sur le marché des capitaux.
"Nous sommes reconnaissants du soutien qu'ils ont apporté, lequel vise à garantir que le transport aérien reste viable et prêt à reconnecter les économies et à soutenir des millions d'emplois dans le secteur des voyages et du tourisme. Mais la crise est plus profonde et plus longue qu'aucun d'entre nous n'aurait pu l'imaginer. Et les premiers programmes de soutien s'épuisent. Aujourd'hui, nous devons à nouveau tirer la sonnette d'alarme. Si ces programmes de soutien ne sont pas prolongés, les conséquences seront désastreuses (...). Il est temps de demander aux gouvernements de prendre des mesures supplémentaires pour les remplacer ou les prolonger à plus long terme. Le potentiel de faillites et de pertes d'emplois dans les mois à venir est énorme", a-t-il déclaré.
La moitié des compagnies aériennes dans le monde ont moins de 8,5 mois de trésorerie dans leurs caisses.
Forcing pour mettre en place des tests Covid dans les aéroports
Selon lui, 4,8 millions d'emplois sont menacés dans l'ensemble du secteur de l'aviation et 46 millions en tenant compte de tous les emplois liés au transport aérien.
Dans l'attente d'un vaccin, une mesure permettrait, selon les compagnies, d'augmenter le niveau d'activité sans pour autant revenir au niveau d'avant crise : les tests Covid dans les aéroports pour tous les passagers au départ avec résultat avant le décollage. Il s'agit des tests antigéniques qui promettent des résultats plus rapides (30 minutes) que les PCR.
"Nous pensons que cela devrait donner aux gouvernements la confiance nécessaire à la réouverture des frontières. Nous plaidons pour cela auprès des gouvernements, des autorités sanitaires, de l'OMS et par l'intermédiaire de l'OACI [Organisation de l'aviation civile internationale]", a expliqué Alexandre de Juniac.
Encore faut-il mettre tout le monde d'accord sur la définition d'une norme qui s'applique à tous les voyageurs.
En France, une campagne de dépistage du Covid-19 à partir de tests antigéniques a été lancée ce lundi à titre expérimental sur les personnels d'Ehpad en Île-de-France.
Sujets les + commentés