Face à l'hémorragie colossale de cash, les compagnies aériennes demandent de nouvelles aides d'État pour passer l'hiver (IATA)

Après la timide reprise cet été, le rebond du Covid-19 et le durcissement des restrictions de voyages ont à nouveau fait chuter le trafic aérien. Malgré les plans de restructuration drastiques, les compagnies aériennes vont brûler près de 80 milliards de cash au deuxième semestre et encore entre 60 et 70 milliards en 2021 selon les prévisions de l'Association internationale du transport aérien (IATA). Pour passer l'hiver, les compagnies demandent à nouveau le soutien des gouvernements, lesquels ont déjà apporté 160 milliards de dollars d'aides depuis le début de la crise.
Fabrice Gliszczynski
Dans l'attente d'un vaccin, une mesure permettrait, selon les compagnies, d'augmenter le niveau d'activité sans pour autant revenir au niveau d'avant crise : les tests Covid dans les aéroports pour tous les passagers au départ avec résultat avant le décollage.
Dans l'attente d'un vaccin, une mesure permettrait, selon les compagnies, d'augmenter le niveau d'activité sans pour autant revenir au niveau d'avant crise : les tests Covid dans les aéroports pour tous les passagers au départ avec résultat avant le décollage. (Crédits : POOL)

Avec le rebond du Covid-19 et les restrictions des voyages, la demande de voyage pique du nez. Commencée en mars dernier, la crise que traversent les compagnies aériennes est toujours aussi violente. Le temps de lire cet article, elles auront collectivement brûlé près d'un million d'euros de cash ! En effet, selon l'Association internationale du transport aérien (IATA), le secteur devrait consommer au deuxième semestre 300.000 dollars par minute en moyenne. Soit 13 milliards par mois ou 77 milliards de dollars sur l'ensemble du semestre entre début juillet et fin décembre. Cette hémorragie s'ajoute aux 51 milliards de dollars de cash consommés entre avril et fin juin, période marquée par le confinement des populations à grande échelle et la  fermeture de la quasi-totalité de l'activité aérienne. Et il faudra ajouter la consommation de cash colossale estimée par l'IATA en 2021 puisque, selon Alexandre de Juniac, le directeur général de l'IATA, "le secteur du transport aérien devrait brûler entre 60 et 70 milliards de dollars l'an prochain pour revenir à une situation de cash positive en 2022".

Peu de faillites jusqu'ici

Malgré la violence de ce choc, les faillites des compagnies aériennes ont été rares. Les soutiens massifs des États ont en effet permis d'éviter la casse.

"À ce jour, les gouvernements du monde entier ont fourni 160 milliards de dollars de soutien", a indiqué ce mardi Brian Pearce, le chef économiste de l'IATA, lors d'une conférence téléphonique. Un chiffre qui inclut les aides directes, "les subventions salariales" comme l'indemnisation du chômage partiel en France, des allègements fiscaux pour les entreprises et des allègements fiscaux spécifiques au transport aérien.

Pour autant, malgré des restructurations drastiques, ces aides s'annoncent insuffisantes.

Les compagnies entrent dans la saison hiver, une période déjà difficile en temps normal, sans avoir pu engranger des réserves de trésorerie pendant la saison estivale, marquée par un redémarrage d'activité aussi timide que de courte durée. Surtout, aujourd'hui, il n'existe pour l'heure aucune perspective d'amélioration à court terme. Le virus se propage rapidement, les frontières restent fermées et les passagers potentiels attendent une amélioration sur le plan sanitaire et plus de visibilité sur leur situation personnelle.

"Comme les gouvernements n'ont pas de calendrier pour la réouverture des frontières sans quarantaine qui plombe les voyages, nous ne pouvons pas compter sur un rebond en fin d'année pour nous apporter un peu d'argent supplémentaire qui permettrait de tenir jusqu'au printemps", déplore Alexandre de Juniac.

Aussi, ce dernier appelle à nouveau les gouvernements à voler au secours des compagnies aériennes pour passer l'hiver. Car toutes les compagnies ne pourront aller lever des liquidités sur le marché des capitaux.

"Nous sommes reconnaissants du soutien qu'ils ont apporté, lequel vise à garantir que le transport aérien reste viable et prêt à reconnecter les économies et à soutenir des millions d'emplois dans le secteur des voyages et du tourisme. Mais la crise est plus profonde et plus longue qu'aucun d'entre nous n'aurait pu l'imaginer. Et les premiers programmes de soutien s'épuisent. Aujourd'hui, nous devons à nouveau tirer la sonnette d'alarme. Si ces programmes de soutien ne sont pas prolongés, les conséquences seront désastreuses (...). Il est temps de demander aux gouvernements de prendre des mesures supplémentaires pour les remplacer ou les prolonger à plus long terme. Le potentiel de faillites et de pertes d'emplois dans les mois à venir est énorme", a-t-il déclaré.

La moitié des compagnies aériennes dans le monde ont moins de 8,5 mois de trésorerie dans leurs caisses.

Forcing pour mettre en place des tests Covid dans les aéroports

Selon lui, 4,8 millions d'emplois sont menacés dans l'ensemble du secteur de l'aviation et 46 millions en tenant compte de tous les emplois liés au transport aérien.

Dans l'attente d'un vaccin, une mesure permettrait, selon les compagnies, d'augmenter le niveau d'activité sans pour autant revenir au niveau d'avant crise : les tests Covid dans les aéroports pour tous les passagers au départ avec résultat avant le décollage. Il s'agit des tests antigéniques qui promettent des résultats plus rapides (30 minutes) que les PCR.

"Nous pensons que cela devrait donner aux gouvernements la confiance nécessaire à la réouverture des frontières. Nous plaidons pour cela auprès des gouvernements, des autorités sanitaires, de l'OMS et par l'intermédiaire de l'OACI [Organisation de l'aviation civile internationale]", a expliqué Alexandre de Juniac.

Encore faut-il mettre tout le monde d'accord sur la définition d'une norme qui s'applique à tous les voyageurs.

En France, une campagne de dépistage du Covid-19 à partir de tests antigéniques a été lancée ce lundi à titre expérimental sur les personnels d'Ehpad en Île-de-France.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 14
à écrit le 08/10/2020 à 4:49
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Les impots, les votres assureront la balance. En France le politique a toujours agit ainsi. Le citoyen paie les pots casses.

à écrit le 07/10/2020 à 18:55
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Le problème est que le secteur aérien sera en crise pour très longtemps et on ne sait pas quand ce sera fini. Alors ne vaut il mieux moi pas laisser mourir ces compagnies aériennes . De toute façon de nouvelles se créeront lorsque la situation sera ...

à écrit le 07/10/2020 à 16:39
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Le secteur aérien, un puits sans fond, des centaines de milliards engloutis, des compétences gaspillées qui pourraient servir d'autres but, un désastre écologique, et pas seulement à cause du carburant, désormais un vecteur accélérateur de propagatio...

à écrit le 07/10/2020 à 4:57
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"pour passer l'hiver" le ridicule ne tue plus depuis longtemps.

à écrit le 06/10/2020 à 20:11
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va falloir arreter les frais on ne peut pas payer tous ces gens a ne rien faire, surtout quand on voit comment ils se comportent quand ca va bien il est temps de faire le menage

le 07/10/2020 à 12:43
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@Churchill je pense que l'on a pas choisit de ne rien faire on subit la COVID comme tout le monde peut-être plus. Sachez que tous ceux qui disent qu'il faut arrêter les avions, et que ça pollue, ils seront les premiers à venir pleurer pour voyager à...

le 07/10/2020 à 20:33
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Bravo Miki Rien a rajouter

à écrit le 06/10/2020 à 18:55
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Bien sur qu'on brule du cash : A payer des indemnités exorbitantes aux salariés dont on veut se séparer ! ( salaire maintenus ou payés jusqu'à la mise à la retraite !!! ) Dans une entreprise privée, il y aurait des licenciements pour motif écono...

le 06/10/2020 à 19:17
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Je souhaite donc que ça vous arrive !!

à écrit le 06/10/2020 à 18:41
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Donnez nous du pognon, on va voyager et elle toucherons de l'argent pas à rien faire...

à écrit le 06/10/2020 à 18:12
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Qu'ils volent ou pas, les avions sont des gouffres financiers, énergétiques, sociaux, écologiques.

le 07/10/2020 à 16:51
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Les avions, des gouffres sociaux ??? Avec les dizaines de milliards de taxes, impots et cotisations sociales que ca rapporte à l'état chaque année ? Ce sont surtout les plans sociaux en cours dans l'aéronautique, qui vont mettre des dizaines de milli...

à écrit le 06/10/2020 à 18:03
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toujours le même constat quand il n y a pas de demande (voyageurs ) tout plonge voila le résultat d une économie basée sur le tourisme et on n est pas prêt de revoir les pays asiatiques la France est marquée en rouge .

le 07/10/2020 à 5:04
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La situation en Chine est pratiquement a la normale aujourd'hui. Les chinois font actuellement la celebration de multiples evenements. On en voit bcp a Seoul depuis deux semaines. Les cars sont remplis et ils achetent a tour de bras les produit...

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