Les taxis sont vent debout contre Uber : "la situation va déraper"

Par Jean-Yves Paillé et Mounia Van de Casteele  |   |  670  mots
La préfecture de Paris évoque le nombre de 364 délits "pour exercice illégal de l'activité de taxi", qui comptabilise les chauffeurs UberPop, mais également ceux inscrits sur les applications mobiles telles que Heetch et Djump.
Les fédérations se retrouveront mercredi pour définir des actions contre Uberpop, au lendemain d'un rassemblement d'une centaine de taxis parisiens dans la capitale, pour dénoncer la concurrence des chauffeurs privés non professionnels.

L'heure de la riposte a sonné. Toutes les fédérations professionnelles de taxis feront front commun et se réuniront mercredi 17 juin pour organiser la lutte contre Uber. C'est en tout cas ce qu'a annoncé Jean-Michel Rebours, de la Fédération nationale des artisans taxis (Fnat), lundi 15 juin.

Mise en garde

Si l'ordre du jour n'a pas été détaillé, l'objectif sera de définir les actions possibles pour lutter contre "la concurrence déloyale" du géant américain et le "transport au noir", a-t-il expliqué. Et de prévenir, en déplorant l'attentisme des pouvoirs publics:

"La situation va déraper. Et l'Etat ne pourra pas dire qu'il n'a pas été prévenu".

Pour rappel, les chauffeurs de taxis dénoncent la concurrence des voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) depuis des mois, surtout celles qui pratiquent la réservation immédiate ou la facturation horokilométrique, à l'instar d'Uber. Un point sur lequel le Conseil constitutionnel vient d'ailleurs de trancher, en faveur des VTC. De quoi déplaire aux taxis, déjà suffisamment en colère depuis le lancement en France d'UberPop - une offre, qui permet à des particuliers de proposer leurs services à prix cassés, ce dont se plaignent certes les taxis, mais aussi les chauffeurs professionnels exerçant pour le compte d'Uber!

Climat tendu

Et pour mettre un peu plus d'huile sur le feu, Uber a récemment annoncé le lancement de ce service à Marseille, Nantes et Strasbourg. Ce qui porte désormais à neuf le nombre de villes où des chauffeurs particuliers exercent, et où les contrôles se multiplient, puisque cette activité est interdite par la loi Thévenoud depuis le 1er janvier dernier. Une loi que conteste Uber sur plusieurs points, et qui l'a d'ailleurs conduit a porter plainte contre la France auprès de la Commission européenne. Celle-ci est en train d'étudier le dossier. Et aurait même déjà envoyé une lettre d'avertissement à Paris.

En attendant, près de 400 procédures auraient ainsi été engagées, selon des chiffres avancés par le gouvernement, tandis que la préfecture de Paris évoque le nombre de 364 délits "pour exercice illégal de l'activité de taxi", qui comptabilise les chauffeurs UberPop certes, mais également ceux inscrits sur les applications mobiles telles que Heetch et Djump. Sauf que, grande victoire pour Uber, un chauffeur UberPop a été relaxé la semaine dernière par le tribunal correctionnel de Paris. Celui-ci a en effet estimé que

"Le transport onéreux d'une personne est insuffisant à caractériser le délit d'exploitant de taxi sans autorisation de stationnement, qui suppose que soit caractérisé un stationnement ou une circulation sur la voie publique en quête de clientèle".

Bref, il n'en fallait pas davantage pour que les taxis décident de passer à la vitesse supérieure, dans un contexte déjà relativement tendu, notamment par l'histoire des forfaits qui seront bientôt imposés aux taxis pour les trajets aéroports, alors que ceux-ci n'en veulent pas. Au point de mettre en garde le gouvernement.

Aussi est-il peu étonnant qu'une centaine de taxis parisiens aient participé mardi 16 juin à des rassemblements de protestation au départ des aéroports parisiens avant de converger vers la capitale.

"On demande à l'Etat que les lois soient appliquées pour les VTC (voitures de transport avec chauffeur), notamment sur le retour à la base et la géolocalisation", a expliqué à l'AFP Mahecor Diouf, secrétaire général de SUD-Taxis:

"On voit souvent (les VTC) dans les aéroports sans réservation: on ne peut plus l'accepter."

Sur ces deux points, les Sages de la rue Montpensier rejoignent les taxis. Reste à voir si la Cour d'Appel suivra.

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>>> Thibaud Simphal, directeur général d'Uber France, était l'invité du Club Entreprise La Tribune-Chambre de commerce de Paris Île-de-France vendredi 13 février. Retrouvez la vidéo intégrale de l'événement sur latribune.fr, rubrique Live Media.

Flash interview de Thibaud Simphal / Propos recueillis par Laurent Lequien