Taxation des multinationales : ce que la France va gagner (et perdre) avec les deux piliers proposés par l'OCDE

Les négociations en cours sont structurées en deux piliers : le Pilier 1 porte sur la répartition des droits d'imposition entre pays de production et pays de consommation; le Pilier 2, sur le seuil minimal d'imposition valable pour tous les pays. Pierre Moscovici calcule que les propositions de l'OCDE seront globalement favorables à notre pays, mais il fustige l'administration Trump qui veut rendre le pilier 1 facultatif pour mieux mettre les géants américains du numérique à l'abri de la réforme fiscale.
Les dispositions actuellement négociées à l'OCDE sont, globalement, dans l'intérêt de notre pays sur la base des informations actuellement disponibles, a déclaré devant la commission des finances de l'Assemblée nationale Pierre Moscovici (ici à Bruxelles, le 7 nov. 2019), qui préside le CPO de par ses fonctions de premier président de la Cour des comptes.
"Les dispositions actuellement négociées à l'OCDE sont, globalement, dans l'intérêt de notre pays" sur la base des informations actuellement disponibles, a déclaré devant la commission des finances de l'Assemblée nationale Pierre Moscovici (ici à Bruxelles, le 7 nov. 2019), qui préside le CPO de par ses fonctions de premier président de la Cour des comptes. (Crédits : Reuters)

La refonte de la fiscalité des entreprises envisagée au sein de l'OCDE dans un contexte mondialisé et numérisé est financièrement favorable à la France, selon un rapport publié ce mercredi par le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), émanation de la Cour des Comptes.

Des négociations structurées en deux piliers

Les négociations en cours portent d'une part sur la répartition des droits d'imposition entre pays de production et pays de consommation (Pilier 1), et d'autre part sur un seuil minimal d'imposition pour tous les pays (Pilier 2).

Le projet d'accord, qui n'a pas abouti pour la fin 2020, concerne tous les secteurs, mais se pose avec une acuité particulière pour les multinationales du numérique qui paient des impôts très faibles sur des marchés importants pour eux mais où leur présence physique est réduite.

"Les dispositions actuellement négociées à l'OCDE sont, globalement, dans l'intérêt de notre pays" sur la base des informations actuellement disponibles, a déclaré devant la commission des finances de l'Assemblée nationale Pierre Moscovici, qui préside le CPO de par ses fonctions de premier président de la Cour des comptes.

Selon le rapport, les propositions pour taxer plus les entreprises dans les pays consommateurs (pilier 1) auraient un effet très légèrement négatif pour la France, de l'ordre de 0,4 million d'euros, tandis que l'adoption d'un seuil d'imposition minimum (pilier 2) de 12,5% rapporterait 7 milliards.

Comment Trump veut mettre ses GAFA à l'abri

M. Moscovici a expliqué qu'en voulant rendre facultatif le pilier 1, l'administration Trump vidait l'accord de son sens en permettant une exclusion des géants américains du numérique.

Ces derniers paient selon lui "entre trois fois et dix fois moins d'impôts" en France que des entreprises équivalentes, ce qui pose "un problème d'équité" et aussi "de rendement, étant donné la place qu'elles ont prises dans l'économie".

L'enjeu? "Notre modèle social et la lutte contre les inégalités"

Plus fondamentalement, si les États ne parviennent pas "à retrouver une capacité à taxer les profits des entreprises, alors le financement de notre modèle social reposera de plus en plus sur les ménages et la lutte contre les inégalités n'en sera que plus difficile", estime le président du CPO, Pierre Moscovici.

Mais il souligne aussi que la marge de manœuvre est étroite pour maintenir la compétitivité des entreprises et prône notamment le maintien d'une trajectoire de baisse de l'impôt sur les sociétés (IS) jusqu'à 25%.

Si les négociations échouent dans le cadre de l'OCDE, le CPO souhaite enfin "la création d'une taxe sur les services numériques" au niveau européen, qui avait déjà buté sur la nécessité d'être adoptée à l'unanimité, ou à défaut le maintien d'une taxe nationale.

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Commentaires 2
à écrit le 15/10/2020 à 11:10
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On ne peut pas reprocher aux autres leur agissement pour trouver une excuse! Mais l'UE et ses composantes se font un plaisir d'invoquer "la concurrence libre et non faussé" pour ne rien faire qui serait préjudiciable a la consommation!

à écrit le 15/10/2020 à 9:34
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"Ces derniers paient selon lui "entre trois fois et dix fois moins d'impôts" en France que des entreprises équivalentes" LOL ! Ah parce qu'on aurait des entreprises "équivalentes" aux GAFA nous !? :D Bien en mythomanie, empire prévu pour ...

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