Poclain Hydraulics préserve ses forces vives

Invité des Rendez-Vous LCL- « La Tribune »,

picardie/mécanique

Sans l'implication de ses actionnaires et salariés, Poclain Hydraulics aurait sans doute été contraint de supprimer plus d'une centaine de postes à Verberie (Oise). Au printemps, les prévisions 2009 tablaient sur une baisse de 30 % du chiffre d'affaires (230 millions d'euros en 2008). En fait, elle avoisinera plutôt les 40 %. Pourtant, le spécialiste des systèmes de transmissions hydrauliques, bien connu des constructeurs d'engins de manutention et de travaux publics, a réussi à préserver ses forces vives. À l'heure qu'il est, l'entreprise, créée en 1976 par la famille Bataille, n'a perdu que 39 de ses 514 salariés picards. Elle continue d'innover, lance de nouveaux produits et attaque de nouveaux marchés. Elle sort toujours autant de prototypes. Même en production, elle garde ses compétences et ne sera pas fragilisée lors de la reprise. Pour son PDG Laurent Bataille, l'entreprise doit sa sauvegarde à la structure de son capital détenu à 70 % par la famille et à 12 % par les salariés via un fonds commun de placement, les 18 % restants étant répartis auprès d'investisseurs institutionnels. Il s'en expliquera ce soir à Lille à l'occasion du dîner-débat organisé sur le thème « Quel actionnariat pour une croissance durable ? » dans le cadre des Rendez-Vous LCL-« La Tribune ».

baisses de salaires

« Dans un pacte signé en 2006, les principaux actionnaires se sont engagés à garder leurs actions jusqu'en 2014. Les dividendes versés au holding familial Bacap servent à racheter les actions auprès des petits actionnaires ayant besoin de vendre leurs parts pour des raisons personnelles. Cet engagement permet à l'entreprise de se projeter à long terme », souligne le PDG. Et la crise ne l'a pas remis en cause. Quand les commandes ont commencé à baisser fin 2008, Poclain Hydraulics s'est appuyé sur cette stabilité de capital pour mettre progressivement en place des mesures de sauvegarde capables de maintenir l'entreprise en ordre de marche. Elle a tout d'abord opéré une réduction drastique de ses frais généraux, supprimé les CDD et mis fin au recours à l'intérim. En avril 2009, direction et syndicats signaient un plan basé sur une réduction du temps de travail de 20 % avec baisses de salaires, 37 jours de chômage partiel et un passage à un horaire collectif de 9 heures à 16?h?15 pour tous. Seuls 39 salariés ont préféré partir, en majorité des personnes proches de la retraite. « Aux États-Unis, en République tchèque, en Slovénie et en Inde, où nous employons environ 750 personnes, nous avons réduit temps de production et effectifs. Ces mesures ont permis de baisser de 20 % nos frais de personnel dans le monde », résume Laurent Bataille. Une économie qui ne rééquilibre pas le manque à gagner dû à la baisse du chiffre d'affaires. Pour autant, aucun des actionnaires ne demande à vendre ses parts. Poclain Hydraulics peut encore voir venir. À Verberie, le plan de sauvegarde, qui court jusqu'à fin 2009, sera remis sur la table mi-octobre avec les partenaires sociaux alors que le chiffre d'affaires se stabilise, que les actionnaires restent confiants et que la solidarité entre cadres et ouvriers perdure. n

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