Losange innove en simplifiant

Le leader européen des enrouleurs de voile, des mâts et des gréements fait le dos rond face à la crise, mais joue la carte Recherche et Développement.

BASSE-NORMANDIE/nautisme

Gros temps oblige, le groupe Losange, leader européen des enrouleurs de voile, mâts et gréements, est contraint de réduire la voilure. Son chiffre d'affaires a dégringolé de 32 millions d'euros (exercice 2007-2008) à 19 millions en 2008-2009, et l'effectif dans l'Hexagone a dû être ramené de 220 à 160 salariés. « Nous nous adaptons aux nouvelles configurations du marché qui a chuté de 40 % », indique Jean-Michel Desprès, PDG, fondateur et actionnaire principal (à 75 %) du groupe Losange. Ce dernier n'a cependant pas l'intention de revoir sa stratégie, axée sur l'innovation au service de la simplification. Cela va de l'embout de bôme que l'on mettra trois minutes à monter, aux « bouts dehors » ? équipés d'un système antivol ? pour l'utilisation de spis asymétriques. « Nous avons à la fois le pied sur le frein à cause de la crise et sur l'accélérateur au niveau de la R&D, analyse le PDG. Nous voulons être prêts avec de nouveaux produits au moment de la sortie de crise. »

nouvel enrouleur

Au Mets d'Amsterdam, le plus grand salon d'accastillage du monde, qui s'est tenu en novembre, le groupe a présenté un nouveau modèle d'enrouleur ? plat à sangle ? sur lequel planche depuis deux ans la société Facnor, le point de départ du groupe. En créant cette entreprise en 1982 à Saint-Vaast-la-Hougue (Manche), Jean-Michel Desprès n'avait qu'une idée en tête : innover en simplifiant le concept de l'enrouleur de voile qui avait peu évolué depuis le début du siècle. Pari gagné. Désormais à la tête d'un groupe diversifié qui fabrique « tout ce qui se trouve au-dessus du pont d'un voilier, à l'exception des voiles et du winch », implanté aussi à La Rochelle et aux États-Unis, Jean-Michel Desprès martèle qu'il faut continuer de raisonner « à partir de la fonctionnalité et de la feuille blanche ». En sachant qu'il est toujours « très compliqué de faire simple » !

Le groupe Losange (48 % du chiffre d'affaires réalisés à l'export), présent partout où l'on navigue, y compris en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Japon, réalise 14 % de ses ventes totales aux États-Unis, avec sa filiale de Caroline du Nord. Il vise le marché des bateaux de 6 à 30 mètres, en série ou à l'unité, et a séduit les plus grands chantiers mondiaux, dont Bénéteau;néteau-Jeanneau et Dufour en France. Ses mâts en aluminium (61 % du chiffre d'affaires) prennent la direction des chantiers de construction, et ses enrouleurs et autres éléments se répartissent pour moitié entre chantiers et distributeurs spécialisés.

Très impliqué dans « la course », Losange équipe les grands navigateurs, parmi lesquels Michel Desjoyaux ? sur monocoque ? ou encore Pascal Bidegorry et Franck Cammas et leurs trimarans géants. « Nous testons des appareils que nous déclinerons ensuite pour le plaisancier final. Nous développons aussi pour les coureurs des produits spécifiques, qui doivent allier légèreté et robustesse. » Notamment des pièces de structure en titane, en lieu et place de l'inox.

Si le capitaine de Losange sait où il va, il doit cependant man?uvrer avec une faible visibilité économique. La sortie du tunnel serait prévue pour l'été 2010, à moins qu'une crise propre au nautisme ne pointe son nez. Il n'est pas sûr que l'on continue à acheter un voilier comme on achète une caravane ! n

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