L’armateur havrais Sogestran lance une barge hydrogène sur la Seine parisienne

Cette barge automotrice sera propulsée à l’hydrogène, une première mondiale. Réservé à la distribution urbaine, le démonstrateur desservira Paris intra-muros.
Présenté comme un ponton autopropulsé par ses concepteurs, le Zulu 6 circulera sur la Seine à partir de la fin de l'année.
Présenté comme un ponton autopropulsé par ses concepteurs, le Zulu 6 circulera sur la Seine à partir de la fin de l'année. (Crédits : DR)

Après les voitures et les camions, voici venir la péniche zéro émission. Leader français du transport fluvial avec 160 bateaux en plein propriété, l'armateur havrais Sogestran s'apprête à mettre à l'eau ce qui sera la première barge urbaine au monde propulsée à l'hydrogène. Développé avec le soutien de l'Europe dans le cadre du projet Flagship* (vaisseau amiral dans la langue de Molière), cet automoteur du nom de Zulu 6 sera armé par la CFT, filiale du groupe normand.

 A bord, exit le diesel. Le Zulu 6 embarquera un générateur électrique et une pile à combustible alimentée par de l'H2 « vert » stocké dans un conteneur amovible placé à l'arrière du bateau. Lequel conteneur sera transporté une fois par semaine jusqu'à une station de recharge : un pis aller en l'absence d'infrastructures ad hoc sur les quais de Seine. « C'est un projet compliqué parce que nous sommes dans une phase exploratoire. Les ports ne sont pas équipés et les solutions de motorisation n'existent pas sur étagère », explique Steve Labeylie, directeur des relations institutionnelles de Sogestran.

L'armateur havrais voit surtout dans ce démonstrateur en vraie grandeur une occasion d'acculturer ses navigants à la technologie H2, dans l'hypothèse où elle deviendrait un standard. « L'hydrogène étant un produit hautement explosif, il s'agit d'apprendre à anticiper les risques comme nous l'avons fait pour le diesel autrefois. C 'est aussi une autre manière de piloter avec une motorisation plus réactive », détaille Victor Laravoire, chef de projet.

Un pari pour Paris

Longue de cinquante mètres et large de huit mètres, la barge pourra charger jusqu'à 200 tonnes de marchandises « du colis à la palette ». Dotée d'une autonomie plus réduite que ses jumelles au diesel, elle effectuera quotidiennement une boucle de 50 kilomètres entre les ports de Gennevilliers et de Bonneuil-sur-Marne et le centre de la capitale, à compter de la fin 2021. « C'est la sensibilité environnementale de Paris qui nous a incité à choisir cet axe », précise Steve Labeylie.

Le groupe normand espère, grâce à cette initiative, convaincre de nouveaux chargeurs d'emprunter la voie d'eau au détriment de la route. Dans sa ligne de mire, les expressistes, la grande distribution et les spécialistes du colis et de la messagerie encore largement « accros » au bitume. « Ce type de projet très innovant peut faire office d'étincelle parce qu'il attire les projecteurs », veut croire Victor Laravoire. Quant aux tarifs, ils devraient très légèrement supérieurs à ceux des barges classiques. « On arrivera à gommer une grande partie du surcoût inhérent à l'utilisation de l'hydrogène grâce aux aides de l'Europe et de VNF », assure Steve Labeylie.

Quant à savoir si ce mode de transport zéro émission se démocratisera, même les responsables de Sogestran ne se risquent pas à l'affirmer à ce stade. Dans le secteur fluvial comme dans d'autres, il s'écoulera sans doute pas mal d'eau sous les ponts de la Seine avant que l'hydrogène ne parvienne à concurrencer le diesel.

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*Doté de 5 millions d'euros, le projet associe notamment des armateurs, un équipementier maritime et un fournisseur de pile à combustible. Il doit déboucher sur une seconde expérimentation en Norvège avec un navire de passagers.

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Commentaires 5
à écrit le 14/05/2021 à 9:50
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Voilà qui va légitimer un transport par voie fluviale les moteurs diesels puant encore plus sur l'eau que sur la route, espérons que ça aille vite

à écrit le 14/05/2021 à 5:27
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Pourquoi Zulu ? Les minorites vont encore se singulariser.

à écrit le 13/05/2021 à 18:25
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Dangereux l’hydrogéne mais ça ne choque personne.

à écrit le 13/05/2021 à 13:53
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Il est encourageant de constater que ça frémit de tte part pour promouvoir le vecteur énergétique H2 ( vert ou decarbone, comme il se doit) et tt particulièrement en France... Ce qui augure des lendemains qui chantent pour le futur. L'optimisme béat,...

le 14/05/2021 à 5:28
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@ Fred. Beat est de circonstance, continuez.

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