RosAtom espère profiter de la crise de Fukushima

Le géant russe du nucléaire estime que la catastrophe a mis fin à la guerre des prix et lui permettra de valoriser son expérience en matière de sécurité.
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Depuis la catastrophe, RosAtom multiplie les efforts pour se construire une image d'entreprise responsable. « L'accident de Fukushima a remis les pendules à l'heure », déclare Sergueï Novikov, porte-parole de la corporation d'État russe. « Juste avant, il y avait une accumulation d'appels d'offre venant de pays souhaitant entrer dans le club nucléaire. La guerre commerciale avait fait passer les questions de sûreté au second rang ».

En Russie, un sondage publié le 24 avril par l'institut FOM révèle que 80 % des Russes craignent la répétition d'une catastrophe du type de Tchernobyl et que 85 % pensent que les centrales nucléaires représentent une menace pour la vie et la santé. Qu'à cela ne tienne, le vice-président de RosAtom, Kirill Komarov, assure que « Fukushima ne change pas notre point de vue. Il n'existe pas d'alternative au développement du nucléaire ». L'opérateur aurait beaucoup à perdre d'un « hiver nucléaire » puisqu'il revendique actuellement le plus gros carnet de commande du monde : 10 réacteurs en construction et un quart du marché mondial. D'ici à 2030, il espère tripler ses revenus, à 50 milliards de dollars, a prévenu sa direction en septembre dernier.

Bien que serein, le groupe veut donner le sentiment qu'il est concerné par Fukushima. Il a donc pris l'initiative d'un nouveau standard de sécurité. « Je pense que c'est le moment de développer un standard de sûreté adopté par tous les pays du monde et par toutes les centrales », annonce Kirill Komarov, qui est en charge du développement international. Et le responsable d'envoyer une pique à ses concurrents : « il est probable que Fukushima force des nouveaux acteurs sur le marché mondial comme la Corée du Sud et la Chine à revoir leur approche et à relever leurs prix », suggère le vice-président de RosAtom, qui exclut en revanche de revoir ses propres prix à la hausse, « car nos mesures de sécurité actuelles sont suffisantes ». L'exploitant clame haut et fort que les systèmes de sécurité représentent 40 % du prix unitaire de ses centrales.

Soutien du Kremlin

Interrogé sur ce qui constitue, selon lui, le principal avantage concurrentiel de ses réacteurs, Kirill Kamarov avance l'argument du « tout-en-un, clé en main ». « Nous maîtrisons la chaîne complète du nucléaire, verticalement intégrée : construction de centrale, fourniture du carburant, exploitation, commercialisation de l'électricité et solutions de financement. Et nous parvenons à être moins chers que nos concurrents alors que notre technologie est au même niveau, voire supérieure ».

Très sûre d'elle-même ? elle peut compter sur le soutien indéfectible du Kremlin ? la direction de RosAtom avance des chiffres étourdissants. Kirill Komarov estime à 300 milliards de dollars le marché des centrales d'ici à 2030 « dans lesquelles nous pourrions être prestataire comme investisseurs, soit 28 réacteurs en Russie et plus de 40 à l'international ». RosAtom a beau afficher une assurance sans faille, il devra convaincre les opinions publiques concernées par ses projets. Un périlleux exercice de transparence s'annonce, sans droit à l'erreur.

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