Des cloches de la Manche pour Notre-Dame de Paris

Le fondeur de cloches de Villedieu-les-Poêles (Manche) Cornille-Havard va réaliser et accorder les nouvelles cloches de la cathédrale de la capitale. Et il vient de livrer à Beyrouth (Liban) la plus grosse cloche chrétienne du Moyen-Orient.
Notre-Dame de Paris

La fonderie de cloches Cornille-Havard vient de décrocher le contrat de remplacement des neuf cloches de Notre-Dame de Paris. L'une d'entre elles sera toutefois fabriquée au Pays-Bas, le clergé ayant en effet demandé à Cornille-Havard de confier l'une des cloches à une fonderie non française pour marquer le rayonnement international de Notre-Dame. La bénédiction des nouvelles cloches aura lieu le 2 février 2013, à l'occasion des 850 ans de Notre-Dame de Paris. « C'est une vraie reconnaissance de notre savoir-faire », confie Paul Bergamo, président de l'entreprise familiale (1,4 million d'euros de chiffre d'affaires, 20 % à l'export en moyenne, 18 salariés) installée depuis cent cinquante ans à Villedieu-les-Poêles (Manche), la célèbre « cité du cuivre ».

Outre la fabrication de huit cloches en bronze (78 % de cuivre et 22 % d'étain), Cornille-Havard aura pour mission de reconstruire la sonnerie dite « ancien Régime », dont il ne reste que le bourdon de 1680. « Les cloches actuelles datant du XIXe sont de qualité très médiocre d'un point de vue sonore, métallurgique et épigraphique », assure Paul Bergamo. L'expertise dans l'accordage est un élément de différenciation. Sur la trentaine de fondeurs de cloches qui existe encore dans le monde, une quinzaine seulement serait en mesure de les accorder.

Le savoir-faire de Cornille-Havard s'entend désormais au Liban avec le son « DO 3 » de la cloche de la cathédrale maronite Saint-Georges de Beyrouth. Les essais de la cloche en volée qui ont eu lieu en août 2012 ont donné satisfaction à l'évêché de Beyrouth, précise Paul Bergamo. « C'est la plus grosse cloche chrétienne du Moyen-Orient », observe-t-il. Et un vrai défi métallurgique du fait de son gabarit (2,6 tonnes pour 1,58 mètre de diamètre) car, plus la cloche est massive, plus la finesse du grain est difficile à obtenir. En 2003, Cornille-Havard avait opéré un virage technologique en décidant de couler ses cloches à l'envers, autrement dit « la tête en bas ». Le résultat est un matériau très compact et une « qualité sonore exceptionnelle ».Pour être petite, la PME n'en a pas moins défini une stratégie industrielle visant à « allier la dimension moderne au savoir-faire traditionnel » : ses moules sont toujours fabriqués à partir d'argile et de crottin de cheval... mais elle pratique la modélisation des profils de cloche et le contrôle de son par analyse spectrale. Pour rendre le timbre et la note de la cloche de L'Hermione - la frégate reconstituée de La Fayette -, Cornille-Havard va s'appuyer sur un « son géométrique » rendu possible par la numérisation du « profil » de la cloche à partir de l'encyclopédie Diderot ! Une technologie de haute volée.

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