Amer et piquant

La chronique quotidienne de la Tribune inspirée par l'actualité. Aujourd'hui, la zone euro en pleine récession, les retraités vont perdre du pouvoir d'achat et Warren Buffet assaisonne son steack.
Warren Buffett. Copyright Reuters

La facture du dernier trimestre 2012 pour la zone euro s'avère extrêmement amère. Alors que les cotillons étaient de sortie, l'économie du Vieux continent s'enfonçait dans la récession : - 0,6%. C'est d'autant plus dur que les analystes atendaient un - 0,4%. Même la vertueuse Allemagne accuse un recul de 0,6%. La France, qui va connaître des turbulences - les autorités ont déjà indiqué qu'elles ne pourraient pas honorer leur engagement de contenir le déficit public sous le seuil des 3% du PIB -, fait mieux, ou disons moins mauvais : - 0,3%.

Même les pays les plus déterminés à faire la leçon aux pays « dispendieux » du sud accusent le coup : la Finlande (- 0,5%), les Pays-Bas (- 0,2%) et l'Autriche (-0,2%). Plus au sud, la potion du docteur Monti a produit ses effets  : - 0,9%. Quant à la Grèce, la chute se poursuit (-6%) et le bon élève appliqué de Bruxelles qu'a été le Portugal n'est pas récompensé par sa vertu (-1,8%).

Deux thèses

Face à de tels chiffres, deux thèses s'affrontent : la première consiste à dire que la politique d'austérité consistant à réduire les dépenses publiques n'a pour seul effet que d'entraîner tous les pays dans la récession. Elle relèverait davantage de la pensée magique moralisatrice que de la science économique pragmatique. A regarder les chiffres publiés aujourd'hui, on peut le penser.

La deuxième dit que l'austérité est davantage un discours qu'une réalité : les dépenses publiques ne se réduisant pas, c'est davantage le rythme de leur augmentation qui ralentit. En revanche, les divers taxes et impôts pour générer des recettes eux sont à la hausse. Et la contraction du PIB n'est pas nécessairement une réduction de la création de richesses, puisque les dépenses publiques sont comptabilisées positivement dans le PIB. Au final, cette contraction ne serait pas aussi catastrophique que cela.

On se gardera de trancher le débat, entre nécessaire retour à des finances publiques assainies et le choix de la dépense de l'Etat pour relancer la machine économique.

Participer à l'effort général

Conséquence de cette situation dégradée dans la zone euro et en France en particulier, les retraités vont participer à l'effort général. A la demande du Medef, l'évolution du niveau des pensions complémentaires sera désindexée de l'inflation. Cela va rogner leur pouvoir d'achat, et surtout les mécontenter. Les 11 millions de retraités attendent quelle sera au final la revalorisation proposée le 1er avril. Mais leur amertume n'y fera rien. D'autant que cela ne va pas s'améliorer. Le régime général des retraites accuse lui un lourd déficit (10 milliards d'euros prévus en 2017). Le gouvernement de François Hollande pourrait bien se retrouver contraint de remettre à l'ordre du jour.

Steack quotidien

Un qui n'est pas prêt de partir à la retraite, malgré ses honorables 83 ans cette année, c'est l'infatigable Warren Buffett. Son fonds Berkshire Hatahway va racheter les ketchups Heinz qui agrémentent son steak quotidien. Le tout pour la somme rondelette de 28 milliards de dollars (21 milliards d'euros). Une fois n'est pas coutume, la coqueluche des petits porteurs s'est trouvé un partenaire pour réaliser l'opération : le fonds de private equity brésilien 3G Capital, qui sera « en charge des choses », comme il a été précisé par « l'oracle d'Omaha ». L'action Berkshire Hathaway a touché un record de cours à New York en séance.

Des produits au goût excellent

L'investisseur apprécie le goût de l'opération. Buffett a félicité Heinz pour « son potentiel d'une croissance forte et durable fondée sur des standards de haute qualité, une innovation permanente, un management excellent et des produits au goût excellent ». Après un tel éloge, les gens de Heinz vont devenir aussi rouges que leurs produits.

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